Hysteria

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Qu'est-ce que tu as fais Joe? Les collègues de Roland me menèrent à ma cellule. Je pus voir Lucy, animée par sa crise d'hystérie, le visage ensanglantée. L'un des gardes prit sa radio et demanda un médecin ainsi que le docteur Jordan Carter. Ce dernier était aussi le psychiatre de ma fille. Je m'agitai avec force, mais je n'arrivai pas à me débarrasser de la poigne des gardes. Je m'époumonai à leur demander de me lâcher, à exiger qu'on me laisse voir Lucy. Elle avait besoin de moi, mais je n'allai pas me laisser faire. Je me pris un puissant coup de taser. Très bien... Je fis semblant d'être assez sonnée... même si ce fut le cas. Mais mon poussin m'en avait fait voir pas mal avec l'électrisation. Par surprise, j'assommai l'un d'eux avec un coup de coude dans le menton. L'autre, voulant m'attraper, se prit un coup de pied dans l'entre-jambe. À genou, le garde se prit un coup du mien et fut assommé. Je me précipitai vers ma fille en poussant le collègue de Roland. Je voulais constater les dégâts.

Je soulevai les cheveux de ma fille et regarda ses blessures. Mais Roland dépose la tête de ma fille et se relève pour m'arrêter. Il demanda à son confrère d'amener une camisole pour moi. Je suppliai Roland me laisser avec elle.

- C'est juste une gamine, pas ton Joker, grogna-t-il en essayant de m'immobiliser.

- C'est ma fille, si tu ne l'avais pas remarqué, imbécile, lui crachai-je. Je sais que tu as une fille qui a son âge, lui dis-je. Même si tu n'es pas psy ici, essaye de me comprendre.

Il soupira après avoir compris. Il me relâcha et me laissa être avec Lucy, le temps qu'on vienne la chercher et s'occuper d'elle à l'infirmerie. Je m'agenouillai et posai sa tête sur mes cuisses. Ses pleurs hystériques commençaient à se calmer quand je lui caressai les cheveux ensanglantés.

- Je... je n'en peux plus, maman, souffla-t-elle à peine. Il ne me laissera jamais.

Je continuai à caresser ses cheveux... J'étais désemparée face aux tourments de ma fille. J'essayai de contenir mes larmes. Je me contentai de lui dire de se taire, de respirer bien à fond. Je continuai à lui dire de se calmer, de l'encourager à bien respirer calmement.

- Je veux qu'il se taise, pleura-t-elle épuisée. Maman...

- Je sais, trésor, chuchotai-je.

Les bruits de porte venant du fond de couloir parvinrent jusqu'à nos oreilles. C'était un médecin que je ne connaissais pas et le docteur Carter. Une fois devant ma fille, ils demandèrent à m'éloigner d'elle. Les gardes et Roland obéirent aux ordres. On mit ma camisole, comme prévu. Je demandai à mon psychiatre de prendre soin d'elle. Il plissa les yeux et déclara que nous parlerons d'elle à la prochaine séance. Maintenant, le secret n'était plus pour personne ici. Je retournai sagement dans ma cellule, la camisole sur mes épaules. J'attendis dans l'inquiétude le retour de ma fille.

Les heures passaient, je ne savais pas ce qui se passait. Que faisaient-ils à ma petite Lucy? Pourquoi c'était si long? Je tournai en rond dans ma cellule. Je n'étais pas sereine. Cette camisole était inutile tant je serrai mes bras sur mes côtes.

Lucy Quinzel

- Lucy, m'appela mon psychiatre. Je veux juste savoir ce qui s'est passé?

Je gardai le silence. Je ne voulais rien dire. J'étais complètement enfermée... Prise au piège par les mots et les rires de Joe. Il jouissait de sa victoire. Depuis toujours il avait voulu me rendre folle. J'ai tenu presque toute ma courte vie... Je ne regardai même pas le docteur Carter. Je me contentai de fixer le côté de la table, sans dire quoi que ce soit. J'avais l'impression d'avoir perdu ma voix en l'épuisant dans mon hystérie. Cela devait faire deux heures que j'étais là. Ma mère devait être morte d'inquiétude.

- Lucy? Tu m'entends, demanda mon psy.

Je l'entendais très bien. Sa voix résonnait dans ma tête, tout comme celle de Joe. Je ne répondis pas. Je ne voulais pas que Joe réagisse à chacune de mes réponses. Le docteur Carter me disait que si je ne répondais pas, je recevrais des électrochocs. Joe rit dans ma tête. Je secouai la tête. Il voulait me faire du mal, comme toujours. J'entrouvris la bouche pour prendre ma respiration.

- Si vous m'électrisez, murmurai-je en levant légèrement la tête. Il aura ce qu'il veut...

- Qui ça, Lucy, insista le psy.

- Joe...

- L'homme dans ta tête, me demanda-t-il.

Je lui jetai un regard noir et tentai de garder une respiration calme. Je sentis l'air passer dans mes narines, à chaque inspiration et expiration. J'avais l'impression qu'il prenait plaisir à remuer le couteau dans la plaie. Je secouai la tête pour me retirer cette pensée. L'asile d'Arkham aidait les gens, ils ne les torturaient pas plus.

- Lucy, m'appela-t-il encore.

Harley Quinn

Je culpabilisai dans ma cellule, je pleurai toutes les larmes de mon corps. Je regrettai le jour où je lui avais accordé la chance de vivre... Je ne voulais pas qu'elle subisse tout ça... Je m'en voulais terriblement... Harleen était de retour dans mon esprit. Elle me dit que je ne pouvais pas prévoir ce qui arriverait. Je lui hurlai que j'aurais dû anticiper, mais je ne l'avais pas fait parce que j'ai été stupide et naïve.

- Harley... Tu n'es pas fautive de ce qui arrive à ta fille.

- J'aurais dû me rappeler des théories sur la schizophrénie, pestai-je contre moi-même.

- Ce ne sont que des théories, Harley! Rien n'a été prouvé. Tu ne pouvais pas savoir, répéta-t-elle.

- La ferme Harleen!

Elle se tut puis soupira. Je me calmai, abattue par ce qui se passait. Je m'affalai dans ce matelas peu confortable, mais assez pour un clochard...

- Je voudrais tellement la libérer de tout ça, murmurai-je dans un sanglot.

- Laisse faire le docteur Carter, me conseilla Harleen. Il trouvera un moyen de l'aider.

- Comme tu as réussi à aider le Joker, lui renvoyai-je. 

Elle ne répondit pas à mon rappel. Encore une fois, je lui avais fermer son clapet. Je soupirai, complètement désespérée et inquiète pour le sort de ma fille. J'entendis les portes au fond du couloir puis des pas ses rapprocher. Ma fille était de retour. Il n'y avait qu'elle et moi ici. Les gardes qui l'accompagnaient commentèrent son état. J'entendais tout, et elle aussi, sûrement. Je leur ordonnais d'arrêter de dire quoi que ce soit sur ma fille. Ils n'avaient rien à dire sur elle. Je les vis ouvrir la porte de la cellule en face. Lucy ne m'avait pas adressé un seul regard. Je ne puis voir que ses cheveux longs colorés par le rouge de son sang. Elle avança lentement pour entrer dans sa cellule, la camisole sur ses épaules. Roland ferma la porte et ordonna à deux de ses hommes de rester devant la cellule de ma fille. Ils obéirent. Lorsque mon garde favori se tourna vers moi pour prendre la direction des portes de ce couloir, je vis une mine triste. Une tristesse que je connaissais bien. J'avais déjà tiré mon visage de cette même manière lorsque je fus obligée de faire lobotomiser un patient.

- PSST! Roland, appelai-je juste avant qu'il parte.

Il soupira et fit demi-tour pour arriver devant ma cellule. Il ne s'approcha pas trop de moi, par sécurité et me demanda ce que je voulais. Je collai mon visage dans les barreaux de la lucarne de la porte blindée. Je levai et baissai brièvement mes sourcils pour qu'il me donne des informations. Il regarda le sol et hésita plusieurs fois à me parler. Son regard me fuyait, et pourtant, il voulait me regarder dans les yeux.

- Je connais cette tête, Roland, lui rappelai-je. Dis-moi ce qui se passe, insistai-je.

- Je... je suis désolé, Harley, s'excusait-il. Lucy va devoir se faire électriser si elle continue comme ça. Entre les agressions et le refus de parler après chacune de ses crises. Et si ça ne suffit pas, ce sera la lobotomie.

The Joke's On LucyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant