Breaking Bad

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- Réponds à ma question. Est-ce que c'est lui qui te suggère de tuer le Joker, insistai-je.

- Oui et alors, hurla-t-elle. Si je ne l'écoute pas, on ne s'en sortira jamais!

Je relâchai un peu ma prise, mais je gardai toujours mes mains sur ses frêles épaules. J'inspirai calmement avant de lui demander, même de la supplier de ne pas écouter Joe.

- Si tu l'écoutes, tu vas te faire tuer, appuyai-je. Je t'en prie, Lucy... Ne va surtout pas le chercher...

- Il est hors de question je le laisse te détruire! Et puis si je le tue, on sera toutes les deux tranquilles, et tu pourras revenir à Brooklyn! On redeviendra une famille!

Je baissai les yeux... Ces mots me faisaient mal... mais peu importe ma douleur, je voulais le meilleur pour ma fille, et en ce moment, le meilleur pour elle, c'était sa sécurité. Je me fichais de la douleur, je me fichais des coups et des menaces. Je ris au nez de ce que m'apportait cette vie fichue de "copine du Joker". J'entendis ma fille renifler et la sentis tressaillir. Je regardai son visage où se dessina la ligne de ses larmes. Je posai ma main sur sa joue et effaçai les larmes qui coulaient.

- Je suis désolée, ma puce.

Elle me regarda de ses yeux bleus clairs, quelques instants avant de me sauter au cou, manquant de me faire tomber en arrière. Elle pleura à chaudes larmes entre ma clavicule et la base de mon cou.

- J'en ai marre de tout ça, maman.

Sa détresse me fit mal au cœur... et cela me fit presque regretté de l'avoir gardé jusqu'au bout de ces neuf mois de grossesse... Je me pensai égoïste, même si Harleen intervenait dans mon crâne pour me dire le contraire... Elle ne voulait pas que je culpabilise. Mais comment ne pas éprouver de culpabilité quand on empêchait sa fille de vivre pleinement sa vie? Je n'étais pas une mère... je n'étais qu'une génitrice... Je caressai la tignasse de ma fille et me balançai lentement d'avant en arrière, la berçant par la même occasion.

- Je suis tellement désolée, soufflai-je en la serrant contre moi.

- Je veux juste qu'on soit heureuse... toutes les deux, sanglota-t-elle.

- Je sais, mon bébé, je sais...

J'embrassai sa crinière blonde et y posai ma tête dessus. Je continuai à la bercer jusqu'à ce qu'elle se calme.

Lucy Quinzel

Sa main suivit les longueurs de mes cheveux. Son cou me fit sentir une odeur de barbe-à-papa. Ses balancements légers, d'avant en arrière, apaisèrent mon chagrin, bien que les larmes coulaient encore. Cette situation me fit mal... Mais ce qui me fit encore plus mal, c'était de mentir à ma mère. Sans dire un mot, j'avais accepté de ne pas tuer le Joker... juste pour tromper les apparences.

- Quelle comédienne tu fais, s'exclama Joe. Félicitation!

Comédie? Oui et non. Mes larmes étaient sincères, la situation me faisait mal, et toujours projeter de tuer le Joker alors que j'avais dit à ma mère que je n'irais pas jusque là me déchirait le cœur. Je lui mentais, encore une fois. J'avais vécu dans le mensonge et les cachotteries, et me voilà en train de faire la même chose que les autres... à Jayden... Margot... Harley... Finalement, mes cachotteries étaient légitimes.

Mes larmes se calmèrent peu à peu, ma respiration redevint normale. Ma mère se recula un peu sans me lâcher. Elle dégagea les quelques cheveux qui étaient collés à mon visage. Elle me donna un paquet de mouchoir pour me dégager le nez. Je me mouchai pendant qu'elle continua à décoller les quelques mèches blondes de ma face probablement rougie par les larmes. Elle me conseilla de me reposer. Je hochai la tête sans la regarder. Elle me demanda de promettre de ne rien tenter avec le Joker. Promesse que je ne pouvais faire... Promesse que je ne pouvais trahir... Je levai mon regard vers elle et hochai la tête. Elle me fit un sourire, mais ce sourire cachait de la tristesse et de l'inquiétude. Je me remis au lit tandis qu'elle se levait. Je me glissai sous les couvertures et souhaitai une bonne nuit à ma mère. Elle embrassa mon front et me souhaita de faire de beaux rêves, avant de prendre le cadre et de quitter la chambre.

- Alors? Quel est le plan? demanda Joe juste après la fermeture de la porte.

- Pour l'instant, je dors, murmurai-je. J'ai besoin de me reposer. Bonne nuit, Joe.

- Cauchemarde bien.

Harley Quinn

Peu après avoir quitté la chambre, je libérai mes larmes. J'étouffai mes petits gémissements dus à l'intensité de ma souffrance. Je n'étais pas dans mon assiette ce soir, mais il fallait que je retrouve le sourire pour mon poussin... La nuit sera longue... Je soupirai à l'idée de cette effroyable nuit aux côtés de mon Monsieur J. J'avais encore un peu de temps pour moi. Je m'assis dans le canapé en déposant mon téléphone sur la table basse. Je ne bougeai plus du canapé jusqu'à l'heure du départ.

Quelque chose me chatouilla le nez. J'ouvris un œil, et puis l'autre. Ce n'était pas le petit jour. Je regardai l'heure sur mon téléphone, posé sur la table basse. J'étais suffisamment en retard pour que mon Monsieur J se soit rendu compte que je n'étais pas là et qu'il envoie donc ses hommes me chercher. Je me précipitai dans la salle de bain pour me faire une beauté et arranger mes cheveux. Une fois prête, je pris la porte et filai au Silver Laugh. J'avais esquissé mon sourire que tout Gotham connaissait.

J'ouvris la porte de notre suite. Il était assis, sur le bord de notre lit. Il regardait fixement le sol, perdu dans ses pensées. Il était encore habillé, la chemise complètement déboutonnée et en pantalon noir. Il faisait tourner son flingue dans ses mains. J'annonçai que j'étais rentrée. Il leva doucement la tête. Il me regarda avec ses grands yeux, où je pouvais voir le mal qu'il voulait me faire.

- Où étais-tu, grinça-t-il entre ses dents.

- Euh... Eh bien... Je... bégayai-je.

- Où étais-tu, aboyai-t-il avec colère.

- Chez Tony, répondis-je soudainement. J'étais chez Tony.

Il se leva brusquement et bomba son torse blanc. Il me demanda de répéter, en s'approchant doucement et dangereusement de moi. Je répétai, très calme, ma réponse. Je savais que cette dernière était mauvaise. Monsieur J avait coupé tout lien avec ce Tony. Ce dernier trouvait le Joker trop cinglé, et il ne voulait plus lui refiler ses hommes. Je reculai instinctivement quand il s'approcha de moi. J'étais coincée entre la porte fermée et lui, ses mains de part et d'autres de ma tête.

- Et qu'est-ce que tu faisais chez Tony, grogna-t-il en penchant sa tête vers la gauche.

- Une... une visite de courtoisie, prétextai-je.

Mon poussin frappa violemment le mur de la porte, un vacarme retentit dans mon oreille droite. Il grogna de plus en plus, sa réponse s'accéléra.

- Une visite de courtoisie ne dure pas tout le reste d'une nuit, grommela-t-il. Qu'est-ce que t'es allée faire là-bas?

- Je... ahem... Je voulais tenter de le convaincre de se joindre à nouveau à toi, mentis-je.

BLAM! Encore un coup, mais cette fois, de la main gauche. Il approcha son visage du mien, je sentis encore plus son souffle. Il murmura qu'il n'aimait pas du tout qu'on lui mente. J'insistai en lui disant que c'était la vérité. Après m'avoir regardé longuement, il plissa les yeux, se méfiant de mon insistance.

- Ne va plus jamais chez Tony, grogna-t-il.

Je hochai lentement la tête face à la voix menaçante de mon poussin. Il sourit et me libèra lentement de l'emprise de ses mains sur le mur, de chaque côté de ma tête. Je soupirai de soulagement lorsqu'il eut le dos tourné.

The Joke's On LucyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant