Chapitre 19 : Nostalgie

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« Comment ça a pu arriver ?»

En me posant cette question, je ne savais pas vraiment si je parlais de la bataille de nourriture ou de « l'incident » dont Karma venait d'être victime.

Après m'être dégager, il s'était précipité dans la salle de bain pour prendre une douche pendant que je commençais le nettoyage de la cuisine. D'un côté, faire le ménage m'aidais à me changer les idées après ce qui restera pour longtemps, le moment le plus gênant de notre vies.

J'étais tout de même troublée par la « réaction » de Karma puisque ce n'était pas la première fois que je me retrouvai dans ce genre position, mais sans pour autant que cette situation ne se produise.

C'est dans ce genre de moment qu'on prenait conscience qu'en deux ans, beaucoup de choses avaient changés, malgré les apparences. Nous étions encore un peu enfant lorsque nous nous sommes quittés, maintenant nous étions adolescents.

J'avais déjà remarqué le changement physique de Karma : il était plus grand et les traits de son visage s'était affinés, quand à moi, mère nature m'avait gratifié de quelques centimètres ainsi que d'une poitrine plus développée. Avec l'entraînement, j'avais aussi acquis un corps plus svelte et une meilleure souplesse.

Je n'avais jamais réfléchis à l'impact qu'aurait l'adolescence sur notre relation. Après tout, dans quelques années, nous deviendrons de jeunes adultes et commencerons à vivre en tant que tel, avec de nouvelles envies et de nouveaux besoins.

Je regardai en direction de l'endroit où nous nous trouvions il y a encore une dizaine de minute alors qu'une question émergeait dans mon esprit : si je ne les évènements de Tokyo ne s'étaient pas produit et que j'étais resté tout ce temps à ses côtés, comment aurais-je réagis à la situation ? Après tout, Karma avait montré que malgré ses aires insolents et intouchables, il restait aussi sensible que n'importe quel garçon de son age

Une drôle de sensation m'envahit alors que j'essayai de faire remonter de vieux sentiments pour répondre à ma question. C'est à ce moment que la voix de Karma m'interpella :

-Tu peux aller te laver..

Je relavai les yeux vers lui alors qu'il sortait de la salle de bain, ses cheveux carmin encore humide et au moment où nos regards se croisèrent, il détourna le sien avant de se diriger vers le plan de travail.

-Je vais finir le nettoyage et commander une pizza, je pense que ça vaut mieux...

J'acquiesçai d'un hochement de tête en me dirigeant vers la salle de bain alors que l'atmosphère s'était nettement alourdit. Avant d'arriver dans le couloir, je me retournai :

-Je peux t'emprunter une chemise ?

-J'ai mis le nécessaire dans la salle de bain, entendis-je depuis la cuisine.

-Merci...

Je pénétrai alors dans la salle de bain et verrouillai la porte, avant de mettre mes vêtements dans la corbeille à linge. Une fois dans la douche, je laissai l'eau courir le long de mon corps, me débarrassant enfin de la couche de farine et de blanc d'œuf qui me recouvrai partiellement.

Une fois sortie, je me séchai et attachai mes cheveux humides en queue haute pour ne pas mouiller la chemise de Karma. J'enfilai le vêtement et, tout en boutonnant le haut du col, me regardai dans le miroir. La nostalgie s'empara de nouveau de mon esprit alors que constatai que ses chemises étaient devenues un peu trop large, sauf au niveau de la poitrine. Je retrouvai mon vieux réflexe et laissai les deux premiers boutons ouverts.

Je poussai un soupir d'aise en humant le vêtement de Karma qui portait toujours l'odeur de son adoucissant. C'est d'ailleurs moi qui l'avais poussé à en prendre car je n'aimais pas l'odeur de la lessive, j'avais même choisis le parfums, le même que celui-ci.

Je finissais de m'habiller et sorti de la pièce, me dirigeant vers Karma qui était assis sur le canapé. Je pris place à ces côtés et il me regarda avec un petit sourire.

-Ça fait bizarre de te revoir dans cette tenue...

-Je me suis dit exactement la même chose.

-Au fait, ce qui c'est passé, ça ...

-... reste entre nous, finis-je à sa place. T'en fait pas.

Finalement, nous avions passé la soirée devant la télé en mangeant de la pizza. Et arrivé au moment de se coucher, je me tournai vers lui avant de pénétrer dans ma chambre.

-Je suppose que tu ne me donneras pas la raison de ton comportement ?

-Je sais pas, est-ce qu'on a mangé du bouillon de bœuf ce soir ?

-C'est bon, j'ai compris. A charge de revanche alors.

-Avec plaisir !

Je lui lançais un dernier sourire alors que nous nous souhaitions bonne nuit et referma la porte de la chambre, me retrouvant seule. Je ne pu m'empêcher de repenser à l'incident.

M'avait-il vraiment désiré ou était-ce juste son corps qui s'était exprimé, sans la moindre volonté derrière ?

Je repensai au rendez-vous qu'il avait écourté pour venir me voir. D'après ce que j'avais entendu, malgré son entrée dans la classe E, Karma était toujours très populaire auprès des filles. Ses airs à la fois gentleman et bad boy en faisait sûrement rêver plus d'une au sein de l'établissement. Mais elles étaient toutes trop naïve.

Karma était la définition même du mot insupportable et, mise à part son physique, je ne vois vraiment pas comment de ces filles pourraient le supporter plus de quelques jours. Certes, ce serait nier les faits que de dire que Karma n'avait pas une belle gueule, mais à l'instar de celle-ci, il n'éprouvait aucun besoin de romantisme ou d'affection. C'était en tout cas le constat que j'avais fait à l'époque.

Après tout, ça ne m'étonnerai pas qu'entre temps, il soit sorti avec des filles voir même qu'il soit tombé amoureux de l'un d'entre elle. Peut être est-il, à ce moment même, en train de regarder sa photo en regrettant la rupture.

Je m'approchai de la commode et saisis la photo de Karma que j'avais retrouvé un peu plus tôt. Je fixai son sourire, sans pouvoir m'empêcher de l'imaginer le confier à une autre. Mon ventre se nouât sous cette scène qui, étrangement, me donnait envie de frapper contre un mur.

Au bout de quelques instants, je finis par me reprendre et rangeai la photo. Il ne manquerait plus que je sois jalouse maintenant ...

Jalouse ? Moi ? Alors que je rêvais de lui refaire le portrait ? Impossible. Vraiment impossible. S'il voulais sortir avec toutes les filles de ce bahut, ça le regardai puisqu'aucune d'elle n'aurait assez de cran pour le supporter.

C'est sous ces dernières pensées que je décidais d'aller me coucher, me laissant bercer par l'odeur enivrante de nostalgie qui recouvrait les draps grâce à ce fameux adoucissant.

Hatred Paradox   -ASSASSINATION CLASSROOM -Hikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin