Chapitre 10 : Emprise

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A ma grande surprise, Karma rejoignit sa place sans un mot et chargea son arme, sans doute en vue d'une prochaine attaque à l'arrivé de notre professeur.

Après la mini fusillade pré-cours (rituelle mais toujours inefficace), Koro-sensei nous invita à faire des binômes pour le cours de chimie.

Je n'eu pas le temps de relever la tête que cette tronche de tomate s'était immiscé à mes côtés.

-Je peux savoir qui a entretenu l'espoir que tu puisses te mettre ici ?

-Moi, se contenta-t-il de répondre avec un sourire.

-Je préfère encore retomber dans les pommes que de subir ça. Et puis, si ça peut te permettre de te reprendre une raclée... tranchai-je, un sourire aux lèvres.

Il releva le regard et son sourire s'effaça momentanément.

-Qui était ce type ?

Je relevai la tête à mon tour, et notre échange de regard dura d'interminable secondes. C'est là qu'une idée me vint à l'esprit. Je saisi la fiole de produit de Kimochi, et portai mon regard vers l'avant de la salle, ignorant complètement la tronche de poivron rouge plantée à côté de moi.

Une fois ma cible en vu, je me dirigeai vers le groupe de Manami Okuda et d'Hinano Kurahashi et fis un signe à la brune pour la prendre à part. D'après mes informations Okuda était une génie en chimie, de ce fait, il y avait peut-être une chance pour qu'elle trouve les composants de mon traitement.

-T-Tu me demandes de trouver ce qu'il y a là dedans ? chuchota-t-elle.

-Je veux juste que tu y jette un œil. Tu penses avoir le temps ?

-Oui, je peux toujours essayer. Mais, ce n'est pas un produit toxique ?

-Aucun risque.

Je décidai de ne pas développer pour éviter qu'elle ne porte de soupçon sur ma situation. Malgré le contexte un peu flou, elle accepta d'y jeter un œil et préleva un échantillon dans une petite éprouvette. Je récupérai le reste du liquide au cas où Kimochi reviendrait le soir même.

-N'en parle à personne s'il te plait, je risquerai gros...

-D'accord, j'y jetterais un œil ce soir et je te tiens au courant, conclue-t-elle avec un petit sourire.

Après l'avoir remercié, je rejoignis ma place et constatai que Karma avait préparé tout le matériel pendant mon absence.

-Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans « je préférerai retomber dans les pommes » ?

Il poussa un soupire et, sans un mot, approcha son visage du mien, avant de chuchoter :

-On doit parler toi et moi, seuls. Soit à la piscine de la classe E à 16h, après le cours de Karasuma. Si tu ne viens pas, je dirais toute la vérité à la police.

-Tu deviendras alors tout aussi coupable que moi, murmurai-je d'une voix mielleuse en soutenant son regard, alors que nos visages n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.

-Et ta peine sera doublée.

Son ton était glacial, démontrant le sérieux de ses propos. Seul un rictus franchit la barrière de mes lèvres : j'étais une nouvelle fois coincée. S'il disait tout à la police, mes charges s'alourdiraient alors que les siennes resteraient modérées. J'aurais dû me douter que Karma avait préservé ce don : celui de pouvoir obtenir l'emprise sur quelqu'un, même après 2 ans de séparation.

-Crevure... crachai-je avant de me concentrer sur l'exercice de chimie que Koro-sensei nous avait donnés.

-Une dernière chose : tu ne pourras pas me mentir.

Il s'arrêta sur ses mots en préparant les produits pour l'exercice. De là, un froid glacial s'installa et nous avions arrêté de communiquer.

Pendant le reste du cours, Karma sembla perdu dans ses pensées, mais je n'y prêtais plus attention. Un mal de crane intense avait pris en otage le peu de matière grise que je pouvais mettre dans ce cours et j'étais contrainte de coopéré avec un type que je rêvais d'encastrer dans un mur.

D'un autre côté, il été clair que je ne pouvais pas lui faire un rapport sur ma situation actuelle puisque ma vie été en jeu. Il était évident que j'allais devoir monter une histoire de toute pièce et cela jouait en ma faveur puisque le mensonge été ma spécialité.

***

La journée passa à une vitesse beaucoup trop démesurée à mon gout. Après m'être changé suite au cours de Karasuma, je me mis en route pour le lieu de rendez-vous, toujours avec ce fichu mal de tête.

Je pénétrai dans la forêt et arrivai, au bout de quelques minutes, à la piscine qu'avait aménagée Koro-sensei dans un sentier. L'eau cristalline reflétait le soleil perçant à travers les arbres et l'endroit dégageait une atmosphère douce et détendue. Je m'avançais et vis Karma, adossé à un arbre, le regard perdue se baladant sur la surface de l'eau.

Alors que je m'avançai vers lui, il releva la tête et se redressa.

-Merci d'être venue.

-Oh, j'ai pas eu l'impression d'avoir le choix pourtant, lançai-je en appuyant bien sur les derniers mots.

-J'suis pas là pour remuer le couteau dans la plaie, je veux juste clarifier les choses sur ce qu'il s'est passée à Tokyo y'a 2 ans.

Mon cœur se serra et ma douleur s'intensifia de plus belle. Qu'y avait-il à ajouter ? Pourquoi ne pouvait-il pas juste assumer sa lâcheté ? Il était sans doute trop fière pour ça et voulait me rejeter la faute.

Il s'asseya alors contre un gros tronc et m'invita à faire de même. Fatigué et déterminé à en finir, j'acceptai et pris place à ses côtés.

Quand nous fûmes enfin installé, Karma sortie un jeu de carte et commença à le mélanger. Je sus tout de suite ce qu'il avait en tête :

A l'époque, quand on s'ennuyait dans l'appartement de Karma, on avait l'habitude de jouer au poker. Le gage du perdant été de répondre obligatoirement à une question du gagnant. Cela permettait, à la fois de mieux nous connaitre, mais surtout de mettre l'autre dans l'embarras. Ce jeu servait, entre autre, à parfaire nos techniques de déstabilisation par la parole, dont Karma (éternel décomplexé) était toujours incontestablement le maître.

-Tu compte me faire tourner en bourrique avec ce jeu débile ?

-Je te laisse surtout une chance d'inverser les rôles, releva-t-il avec un petit sourire en distribuant les cartes.

Une fois nos cinq cartes respectives en main, il reprit la parole :

-Le perdant de chaque manche devra répondre à n'importe laquelle des questions du gagnant, aussi gênante ou blessante soit-elle, avec une totale sincérité.  Ça te semble juste ? lança-t-il avec le regard provocateur dont il avait le secret.

Cette phrase, c'était la même que celle qu'il répétait avant chaque partie, de quoi faire remonter pas mal de souvenir. Mais le plus important était que j'allais enfin avoir les réponses que j'attendais depuis cette fameuse nuit, par poker interposé.


Hatred Paradox   -ASSASSINATION CLASSROOM -Where stories live. Discover now