Chapitre 15 : K-10

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Dix minutes après mon arrivé au parc, je trépignais déjà sur place. J'avais donné rendez-vous à Okuda pour qu'elle me donne ses résultats sur la composition du traitement de Kimochi, puisqu'étant sur écoute, il était trop risqué de parler de ça au téléphone.

Je jetais un œil sur mes deux molosses, assis sur le banc d'à côté, à environ 10m de là. Je les avais convaincu de s'éloigner car cette discutions devait être "strictement féminine" et connaissant mon comportement très coopératif depuis le début de la mission, ils avaient acceptés. De toute façon, ils semblaient beaucoup plus intéressés par les jolies jeunes femmes présentent dans le parc que par une discutions entre deux collégiennes.

Après quelques instants, je vis finalement Okuda s'avancer et s'assoir à mes côtés.

-Désolé, est-ce que je t'ai fais attendre ? demanda-elle à moitié essoufflé.

-Ne t'en fait pas, l'important c'est que tu sois venu. Encore merci d'ailleurs...

-Ce n'est rien, dit-elle avec sourire avant de me rendre une partie de l'échantillon.

Je saisis la petite éprouvette et la glissa discrètement dans mon sac.

-Hana... Je peux te poser une question à propos de ce produit ?

-Bien sure...

-Est-ce qu'il t'est destiné ? Enfin ... tu le prends régulièrement ?... comme un médicament ?

Je relevai la tête et la fixai pendant quelques secondes. Il est vrai que je ne lui avais pas donné de détails sur le contexte de sa mission puisque je devais garder le plus d'informations secrètes.

-Plus ou moins... Pourquoi cette question ?

Elle planta alors son regard dans le mien avec le plus grand sérieux, tandis que mon angoisse commençait à monter. Si cette histoire lui tenait à cœur, c'était surement parce qu'elle avait découvert quelque chose de gros. Elle détourna finalement le regard vers le sol et commença les explications :

-Tu vois, j'ai d'abord eu beaucoup de mal à trouver la composition puisque je pensais qu'elle m'était inconnue. Et puis, je me suis souvenu d'un produit similaire dans un livre. J'ai finalement pu l'identifier comme une molécule appelée K-10, utilisé dans les médicaments psycho-actifs...

Je l'écoutais avec attention alors que mon rythme cardiaque s'accélérait. En effet, je savais que les médicaments psycho-actifs agissaient sur le fonctionnement neuronal, puisque mon père en était très frillant.

-... J'ai aussi remarqué que cette molécule avait été modifiée pour en intensifier les effets.

-Et ... quels sont ces effets? Posais-je avec un nœud dans le ventre.

-Cette molécule accélère la production de dopamine et agis sur le lobe frontal. Elle est utilisé comme stabilisant dans les antidépresseurs et contre les troubles bipolaires ou encore schizophrène....

Dépression ? Bipolarité ? Schizophrénie ? Je n'avais aucune de ses pathologies et pourtant, je recevais un traitement intense contre ces troubles. Etais-je finalement juste un sujet de test ?

-Prise sans justification ou en trop grande quantité, elle peut provoquer une dépersonnalisation totale et irréversible, continua Okuda en relevant la tête.

-Tu veux dire que ça efface la personnalité ?

Elle acquiesça d'un hochement de tête alors que je tentais de maitriser mes émotions. Pourquoi ce type voulait-il me faire ça ? Comment avais-je fait pour ne pas ressentir d'effet plus tôt ? Je n'avais pas l'impression d'avoir changé depuis le début de la prise, à moins que je ne m'en sois pas rendu compte. Je relavai finalement la tête vers Okuda.

-Merci beaucoup, j'ai une dette envers toi, lâchais-je en essayant de cacher mon mal être.

-Hana, est-ce que ça va ? Lança-t-elle avec un regard inquiet.

-Je-je dois y aller, on se voit lundi. Encore merci pour ton aide ! ... lançais-je en me levant.

Je pris alors la direction de la sortie du parc, sans tenir compte de mon escorte et saisis mon portable. Il fallait que j'en aie le cœur net. Il fallait que je sache si j'avais changé ou non, et pour ça, je n'avais qu'une personne vers qui me tourner. La seule personne que j'avais côtoyée avant mon arrestation. Même si je n'étais pas enthousiaste à l'idée de le voir, je tapai son numéro.

Deux sonneries retentirent avant qu'il ne daigne décrocher :

-Akabane à l'appareil...

-C'est Hana . Il faut qu'on parle, où es-tu ? dis-je d'un ton un peu trop paniqué à mon gout.

-Hana ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

-Contentes toi de répondre à ma question.

-Je suis en rendez-vous là...

-Et il est important ton rendez-vous ?

-Bah, elle est jolie quand même... , lâcha-t-il avec un petit rire.

Je restai figée pendant quelques instants. Depuis quand Karma s'intéressait-il aux filles de cette façon ? Je passai finalement sur ce détail, le plus important était de le convaincre de venir. Il n'y avait pas des centaines de solutions pour convaincre une tronche de tomate comme lui. Ce que Karma aimait, c'était se montrer indispensable, qui a ce qu'on le supplie.

Alors que je m'apprêtai à lui jouer les violons, je l'entendis soupirer à l'autre bout de la ligne.

-Dit à Ritsu de m'envoyer tes coordonnées, j'arrive tout de suite.

Après avoir lâché ces mots, il raccrocha. Finalement, il s'était montré bien plus coopératif que je ne l'aurais imaginé. Je sondai la rue du regard et y remarquai un café, je décidai de m'y installer, dans un coin en fond de salle. Après avoir demandé à Ritsu de prévenir Karma, je commandai une boisson fraîche en attendant son arrivé.

« ... elle peut provoquer une dépersonnalisation totale et irréversible... »

Je repensai à ce qu'Okuda m'avait appris. Le but de Kimochi était donc de faire de moi un « zombie » sans personnalité, sans doute pour me manipuler à sa guise. Mais pourquoi ? Je n'avais pas les compétences pour être un bon soldat et même si je m'étais entrainée pendant plus d'un an, je n'atteignais pas le niveau d'un agent d'élite. A moins qu'il n'ai d'autre plan pour moi : comme se servir de ma mémoire pour nuire à quelqu'un ou quelque chose.

Je n'étais donc qu'un outil... Une chose dont on peut se servir à sa guise... Un disque dur externe sur pattes...

J'étais déjà tombée dans le piège de Karma, à qui j'avais fait confiance, et maintenant je risquai de devenir une simple esclave. Finalement, j'étais sure que personne d'autre ne m'avais jamais vu autrement.

C'est là que je me rendis compte que j'étais sur le point de pleurer, mais il ne fallait pas. Karma pouvait arriver d'une minute à l'autre et il était hors de question que je lui fasse ce plaisir, celui de lui faire comprendre qu'il avait réussi à détruire ma vie.

Je pris quelques profondes inspirations et vis finalement Karma franchir la porte du bar, à moitié essoufflé...

Hatred Paradox   -ASSASSINATION CLASSROOM -Where stories live. Discover now