Partie 57

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Charlie

Une infirmière entre dans ma chambre avec un fauteuil roulant. Elle m'aide à m'installer dessus, accroche la poche de ma perfusion. Tom arrive quelques secondes après. Nous allons voir notre bébé. Je vais enfin voir mon petit bonhomme.

Nous avançons jusqu'à l'ascenseur. Attendons que les portes s'ouvrent et nous engouffrons dedans. 3ème étage. Une double porte s'ouvre, nous laissant entrer dans le service. Il faut se désinfecter les mains, mettre une tenue stérile. Tom me conduit à la chambre de notre bébé. Je pose ma main sur la sienne, lui faisant signe de s'arrêter. J'ai besoin d'un peu de temps avant d'y aller. Quand je suis prête, il avance lentement. Je regarde autour de moi. Des sons. Des bips. Des appareils plus sophistiqués les uns que les autres. Et un caisson. J'essaye de me lever, Tom me soutient et je le vois. Enfin. Cette minuscule chose est mon bébé. Je pose ma main sur la paroi. Pour lui montrer que je suis là. 

"Il est si petit" je murmure

"Mais après bébé il deviendra aussi beau et fort que son papa" il me dit en posant sa tête près de la mienne.

"Est ce que je peux toucher sa main?"

L'infirmière acquiesce et m'explique comment faire. Je nettoie à nouveau mes mains et je passe ma main à travers cette espèce de truc en caoutchouc. Je n'ose pas le toucher. J'avance mes doigts doucement et enfin je sens sa peau sous la mienne. Premier contact. Des larmes coulent de mes joues. Je caresse du bout des doigts sa petite main et il tente de l'agripper. Je souris légèrement.

"Salut mon coeur. C'est ta maman. Papa est là aussi. On t'aime si tu savais" je dis d'une voix basse. Je fais signe à Tom que je dois me rasseoir, cette cicatrice est trop douloureuse encore pour que je tienne debout longtemps. On reste longtemps près de lui. Posant des questions aux infirmières. Au médecin. Des questions souvent idiotes. Mais qui peuvent être importantes pour nous.

Tom

Quand lundi matin est arrivé, je suis allé à la caserne.Je devais rencontrer le commandant pour lui faire part de ma décision de renoncer aux missions. En passant par la salle de debriefing, j'aperçois les gars de mon unité. J'hésite à aller les voir. Mais un d'eux m'aperçoit en premier. Et me fait signe de venir les rejoindre. 

"Alors capitaine, votre retour s'est bien passé?"

Je le regarde fixement. D'habitude je démarre au quart de tour mais là, rien. 

"Capitaine, ça va?"

"Non ça va pas justement" je réponds en baissant la tête

J'entends des murmures, des interrogations.

"Bon écoutez les gars, autant que vous soyez au courant maintenant avant que des rumeurs commencent à courir partout et surtout déforment la vérité. Il s'est passé quelque chose de très grave ce week end qui me touche personnellement. Ma femme a accouché en urgence en pleine nuit d'un petit garçon qui est actuellement en soins intensifs en néo à l'hôpital"

"Oh merde capitaine. Est ce qu'on peut faire quelque chose pour vous? et votre femme comment elle va?"

"Elle se remet doucement, elle devrait rentrer en fin de semaine. Je vais pas être très présent dans les jours qui viennent, donc je préférais vous prévenir moi même. Je passe voir le commandant pour lui expliquer la situation et ensuite je retourne à l'hôpital"

"Capitaine vous savez qu'on est là si vous avez besoin de quoi que ce soit"

"Ouais merci les gars"

Je serre les mains qui sont devant moi, écoute et les remercie pour leurs sympathies et part voir le commandant. Je lui explique tout. Mon fils. Ma femme. Mon souhait d'arrêter les missions. Que cette décision avait été prise bien avant ce week end. Le commandant est un homme d'une grande moralité. Quelqu'un à qui ont peut se confier facilement. Qui nous écoute. Nous conseille sans nous juger. Il comprend parfaitement mon point de vue. Mon souhait. Et m'accorde enfin ce que je lui demande. Je repars de la caserne avec un poids en moins. Et le temps qui m'est accordé, je vais le mettre à profit pour veiller sur ma femme et mon fils. 

6 mois. Sa a duré 6 putains de longs mois. 3 mois pour qu'il finisse son développement comme s'il était dans le ventre de ma femme. Et encore 3 mois avant qu'on nous dise officiellement qu'il pouvait rentrer avec nous. Mais ça je ne le savais pas.

J'étais à la caserne, plongé dans mes papiers jusqu'au cou quand quelqu'un frappe à la porte de mon bureau.

"Entrez" je dis

"Capitaine, vous pouvez venir s'il vous plait?"

"Venir? ou donc?"

"Avec moi capitaine"

"On est attaqués par des petits hommes verts?"

"Euh non pas vraiment"

"Bon si ce n'est pas une urgence vitale, je reste le cul collé sur cette chaise"

"Mais tu as fini d'emmerder tout le monde, c'est dingue ça. Quand on te dit de venir, tu viens" dis une voix que je reconnais entre mille.

"Tiens donc que fais tu ici?" je demande en regardant l'amour de ma vie

"Je suis passée dire bonjour à mon cher mari, enfin mari non parce que tu ne t'es toujours pas décidé à me passer la bague au doigt. Donc maintenant que je suis là, j'aimerai bien que tu bouges ton cul de cette chaise"

Je me lève et la rejoins. J'entends des murmures dans la pièce d'à coté. 

"Qu'est ce que vous fabriquez tous la dedans?" je dis en entrant. J'aperçois un landau.

"On fait les nounous capitaine"

"Les nounous? Non mais merde vous avez pas du boulot non? C'est à qui ce bébé d'abord?" je demande en regardant tout le monde.

J'entends des rires. Je hausse un sourcil.

"C'est drôle ce que je viens de dire?"

"Oui très drôle! Et pourrais tu arrêter de parler fort, tu vas faire peur à ton fils" elle me dit

"Mon...."

"Oui ton fils!!!"

"Oh merde bah sa alors" je dis en m'approchant du landau et en voyant mon poussin allongé, son petit bonnet sur la tête, les yeux grands ouverts.

"Eh salut poussin, tu es venu voir ton papa? bon t'inquiètes pas pour les guignols à côté, je vais m'en occuper après" je dis en le prenant dans mes bras. Les gars, voici mon petit garçon Milan"

Les gars nous félicitent. Milan les observent de ses yeux bleus. Fait quelques mimiques. Je m'approche de Charlie :

"Je comprends pas bébé" en lui montrant le petit

"Quand j'y suis allée hier, les médecins m'ont annoncé qu'il pouvait rentrer. Et j'ai voulu te faire une surprise."

"C'est une très bonne surprise" je dis en posant mes lèvres sur le haut de son crâne."

"Milan voulait venir voir son papa alors je l'ai emmené. c'est un peu la course depuis ce matin, j'ai pas eu le temps de préparer à manger en plus."

"Je peux prendre un truc à emporter en sortant si tu veux"

"Oui ça serait bien et sa m'arrange à vrai dire"

"Bon allez file, je te rejoins à la maison alors" je dis en reposant Milan dans son landau. 

Je retourne dans mon bureau, m'assoit, met mes mains derrière ma tête et pose mes pieds sur le bureau. Putain à partir de maintenant on est vraiment trois. La famille au complet. Je souris tout seul en repensant à tout ce qui s'est passé dans nos vies. Les épreuves qu'on a traversés ensemble. Et notre petit Milan. L'amour que je porte à ma femme est indescriptible. Je l'aime à n'en plus finir. Je lui prouve tous les jours. Par des attentions. Des gestes. Des paroles. Et quand je lui fais crier mon nom lors de nos ébats qui sont toujours aussi passionnés. Et mon fils. Mon petit bonhomme. Que je promets de protéger tout au long de ma vie. Il est ma fierté. Un mélange d'elle et de moi. Je lui fais des promesses et je compte les tenir. Je me lève, quitte mon bureau et me dirige vers ma famille. Ouais une nouvelle vie à trois commence. A partir de maintenant.



FIN

Loin de moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant