Partie 47

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Une semaine

Une semaine qu'il est parti. Une semaine que je tourne en rond dans cette maison devenue trop grande pour moi toute seule. Une semaine que je compte les heures sur cette pendule. Une semaine que je survis. Je n'ai pas tenue ma promesse de continuer à vivre comme il me l'avait demandé. 

Il me manque, terriblement. Le jour de son départ, j'étais rentrée avec Julie et David chez eux. On avait beaucoup discutés, ris aussi et il avait fallu que je rentre. J'avais eu du mal à passer la porte d'entrée. Puis j'étais entrée. Le silence m'avait frappé. Pas de "salut bébé" qui m'accueille. Mes yeux s'étaient remplis de larmes, je m'étais assise sur le canapé, avais attrapé un coussin et l'avait serré contre moi en pleurant. J'avais allumé mon ordinateur, ouvert ma messagerie et lui avait écrit un mail. Je n'avais aucune idée de quand il pourrait le lire, mais au moins il aurait quelques lignes de ma part.

De : moi

A : Tom

Objet : Mon capitaine sexy

Salut mon coeur,

Je ne sais pas où tu es à l'heure où je t'ai écrit, tu n'es probablement pas encore arrivé, ni installé. Il ne s'est écoulé que quelques heures depuis ton départ, les plus difficiles de toute ma vie je crois. J'avais déjà vu cette douleur avec Julie quand David partait, mais jamais je n'aurais imaginé la vivre moi même un jour. Et ça fait sacrément mal. J'ai juste l'impression que tu vas surgir d'un instant à l'autre d'une des pièces de la maison et que tu vas dire comme tu le fais tout le temps "salut bébé". Que c'est juste une putain de mauvaise blague que tu me fais. Tu n'es pas parti. Tu te planques et tu vas débouler comme d'habitude en riant de ta connerie. Et tu sauras te faire pardonner comme à chaque fois! Putain bébé tu me manques. Vraiment. Reviens moi vite. Je t'aime à la folie. Charlie (ta femme qui pense à toi)

J'appuie sur la touche "envoi" et regarde fixement l'écran durant quelques minutes. J'espère quoi? Qu'il va répondre déjà? Non tu rêves. Je soupire, me lève et monte dans notre chambre. Je marque un arrêt sur le palier, regarde la pièce, le lit est un champ de bataille. Fruit de nos ébats. Je nous imagine encore dans ces draps. A dormir n'importe comment. A nos réveils nocturnes. Nos gémissements de plaisir. Nos baisers. Je touche mes lèvres, me rappelant des siennes. Je n'ai pas le courage de refaire le lit, ni le courage de dormir dedans. Je prends une couverture dans le placard et redescend en bas. Je m'installe sur le canapé, et m'allonge, non sans avoir regardé encore une fois ma messagerie. Aucun message reçu. J'espérais quoi? Qu'il me réponde déjà? 

Nuit agitée. Courtes plages de sommeils. Réveils. Pourtant je suis fatiguée, j'ai envie de dormir, j'ai besoin de dormir. Je me lève. Ma tête tourne. Je me rassois et attend un peu. Sa passe. Je vais dans la cuisine, me prépare un petit déjeuner. Sors deux tasses. En range une. L'habitude. Je déjeune en écoutant la radio, une station musicale. Je zappe délibérément les stations d'info. J'ai peur d'entendre ce que je redoute. Je monte prendre ma douche, m'habiller, redescends. Plie la couverture, arrange un peu les coussins. Allume mon ordi. Je reste en suspens devant l'icône de ma messagerie. Clique. Clique pas. Non clique pas. Je vais dans le bureau, m'installe et commence la lecture d'un nouveau manuscrit. Travailler me permettra de penser à autre chose. Les heures passent rapidement. Il est plus de midi lorsque je lève les yeux. Je mange un truc vite fait, je n'ai pas très faim. Je me prépare un café, allume la télé et m'assoit sur le canapé. Comme on le faisait tous les deux avant qu'il ne reparte à la caserne. Je regarde la télé sans la voir. Mes mains me démangent. Il faut que je regarde cette messagerie. J'allume mon ordi, clique sur l'icône, et le voit. Enfin.

De : Tom

A : Moi

Objet : Ton capitaine sexy qui baise comme un dieu?

Salut mon amour, merci merci merci pour ton premier mail. Effectivement quand tu me l'a envoyé, nous étions encore dans les airs. Nous sommes arrivés il y a quelques heures maintenant, et il fait une chaleur de fou. Je ne peux pas te donner précisément l'endroit où je suis, par mesure de sécurité je pense que tu peux le comprendre. Ma puce, toi aussi tu me manques bien plus que je ne l'aurais imaginé. Ce fut un déchirement pour moi de te laisser sur le tarmac, j'aurai tellement voulu rester avec toi dans mes bras. Mais ce n'est pas une blague ma puce, je ne suis pas caché dans un coin. Putain bébé faut que tu tiennes le coup. Pour notre bébé. Pour nous. Au fait, j'ai trouvé tout un tas de petites choses dans ma malle. Dois je te rappeler à quel point je t'aime ? merci pour l'album de nos photos, même si tous ces souvenirs sont dans ma tête, les voir devant mes yeux est un moment vraiment plus qu'agréable. Merci pour ton parfum aussi, il suffit que j'ouvre le bouchon et que je respire l'odeur qui s'en dégage pour t'imaginer près de moi. Te connaissant je suis sur qu'il doit y avoir d'autres trésors cachés parmi mes affaires. J'ai hâte de les trouver si c'est le cas. Voilà mon bébé, il va être l'heure pour moi d'aller dormir un peu. Les choses sérieuses vont commencer à partir de demain. Ecris moi, encore et encore, dis moi que tu m'aimes, parle moi de toi, de notre bébé, de ce que tu veux, de ce qui te passe par la tête, même si c'est sans intérêt, mais écris moi. Autant de fois que tu le souhaites. Tu me manques tellement ma puce. Je t'aime et j'ai hâte que tu deviennes ma femme, même si dans mon coeur tu l'es déjà. Ma femme, quelle fierté pour moi de dire ça. Je t'embrasse bébé, prends soin de toi. Je t'aime à très vite. Tom ton capitaine sexy

10 fois. Je l'ai relu 10 fois. M'imprégnant de chaque mot, chaque phrase, comme si j'entendais sa voix qui me les disait. Il va bien. Je pose ma tête sur le dossier du canapé. Ferme les yeux un instant. Voit son image dans mes pensées. J'éteins l'ordi, et retourne dans le bureau. Je reprends le manuscrit et continue ma lecture. 

L'après midi se termine tranquillement. Je monte dans notre chambre, regarde une fois encore ce champ de bataille, et prend mon courage à deux mains. J'enlève les draps, en prends des propres, et refait le lit. Ce soir, je dormirai dans cette pièce. Seule. Et j'ai peur d'avoir froid. Sans la chaleur de son corps contre le mien. 

Une semaine. Sept longues journées et autant de nuits. Des nouvelles. Brèves. Ou plus longues. Des mots venant de notre coeur. De notre âme. Mais l'absence est là. Et je n'arrive pas à tenir le choc du manque de lui.

Loin de moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant