Chapitre XLV- Rencontres clandestines

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Traversant les couloirs de l'aile Royale en faisait claquer ses talons sur les sols de marbre coloré, Helena priait pour ne croiser personne. Elle regrettait déjà de devoir loger dans la même aile que les Royaux, mais si elle venait à en croiser un... Si elle jamais elle apercevait Ambre... Pourquoi les appartements de l'Ange Noire ne pouvaient-ils pas se trouver dans l'aile réservée aux Elus et aux Corbeaux ? Pourquoi est-ce que les hauts ressortissants de l'armée devaient se trouver à quelques mètres à peine des anges les plus puissants de tout Skylar ?

Lorsqu'elle arriva sur le chemin de marbre noir reliant les dortoirs des Elus et Corbeaux à l'arène, Killian l'attendait déjà. Dès qu'il aperçut son amie, le jeune soldat se précipita vers elle, mais s'arrêta à mi-chemin, incertain de la réaction d'Helena. Le considérait-elle à nouveau comme son ami ? Ou comme quelque chose de plus ? Ou quelque chose de moins ? Il n'eut pas le temps de vraiment se poser la question, car la jeune fille fonça dans ses bras, à la recherche de confort.

Helena n'était pas dupe. Elle se doutait que si Killian avait des sentiments pour elle lorsqu'il avait quitté le monde humain, alors il devait encore en avoir, mais elle préférait ne pas y penser, pour se contenter d'espérer. Espérer retrouver une partie de son âme humaine, une fraction de cette vie minable qu'elle avait abandonnée et qui, pourtant, lui manquait terriblement, entre les bras de la seule personne qui était capable de lui rendre cette vie.

Les bras de Killian se refermèrent automatiquement sur elle, comme s'ils avaient à nouveau dix ans et qu'ils venaient de gagner le concours de sciences de leur école.

-Comment vas-tu, Hel' ? murmura-t-il dans les cheveux de la jeune fille.

-J'ai connu mieux, avoua-t-elle immédiatement. Je me suis brisé la quasi-totalité de la main l'autre jour, je suis censée faire croire que je suis la fiancée de l'Ange de Destinée pour le prochain mois, et je dois te combattre dans une semaine, en espérant que tu ne me tueras pas.

Killian eut l'impression que son cœur et son cerveau implosaient à la mention de cette relation avec le prince, aussi préféra-t-il ne pas poser de question, sachant que la réponse ne lui plairait pas.

-Tu sais que j'en serais incapable ! s'insurgea-t-il, fixant son regard gris dans celui, vert, d'Helena.

-A toi, je te fais confiance. Mais pas à la reine. Elle est tout à fait capable de t'ensorceler le matin de l'Epreuve pour faire de toi une véritable machine à tuer.

-Dans ce cas, tu me neutraliseras. Je t'ai vu te battre avec Jessy l'autre jour. Je suis persuadé que si tu laissais plus de liberté à tes pouvoirs, tu me mettrais au tapis en l'espace de quelques secondes à peine !

-Sauf que je n'ai pas envie de te « mettre au tapis » ! s'écria Helena, pas loin de la crise de nerf. Pourquoi suis-je obligée de faire tout ça ? Offrir ma vie à Gabriel, me plier aux souhaits d'Ethan, oublier mon frère, découvrir que ma mère était une traîtresse et une menteuse... Je ne sais même pas ce que je suis ! Entre mon aura, mes pouvoirs trop puissants, le passé de Sysy qui m'attire les menaces d'Ambre et la Cour, dont je dois me préoccuper sans cesse... Je ne sais plus comment continuer à mener cette vie.

Killian saisit la Corneille par les épaules et la secoua vigoureusement. Il n'était absolument pas disposé à voir sa Hel' s'étioler devant ses yeux. Il l'avait abandonnée une fois, et il ne referait plus jamais cette erreur.

-Ecoutes-moi, Hel' ! Ce que tu es en train de mener, c'est une partie d'échec Royale. Il faut juste que tu donnes tout ce que tu as pendant encore une petite semaine et après, tu auras la belle vie. Tu seras sans aucun doute anoblie, tu vivras parmi les Courtisans et tu récupèreras Jessy. Tiens bon.

Les RoyauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant