Chapitre 20

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-Tu as perdu ta grâce ? Mais comment est-ce qu'un ange peut perdre sa grâce ?

Sam, appuyé contre le dossier de sa chaise, ses mains tiraillant sans scrupule ses pauvres cheveux, commençait sérieusement à perdre le mince espoir qui lui restait d'un jour sortir de cette stupide pièce dans laquelle on le séquestrait depuis déjà trop longtemps. S'il avait pu se tenir sur ses jambes, le chasseur aurait détruit tous les meubles de la chambre. Meubles qui auraient magiquement repris forme une fois son excès de rage passé. De quoi le rendre encore plus fou qu'il ne l'était déjà.

-Il y a plusieurs possibilités. Si un ange tombe du ciel, que ce soit volontairement ou non, sa grâce s'échoue avec lui. Il est aussi possible de l'extirper d'un corps, mais...

-Mais on s'en fout ! Tu sais depuis combien de temps je suis ici ? Assez pour me faire mourir de faim ! Je ne sais même pas où nous sommes, alors comment veux-tu que je sorte ? Rajoutons à ça que je n'ai aucun moyen de contacter Dean ou de me défendre contre tes frères et sœurs.

-Nous sommes à Van Huys, en Californie. Dans un entrepôt désaffecté, pour être plus exact.

Un entrepôt désaffecté ? Vraiment ? Parce que tout ce que Sam pouvait voir dans la pièce richement décorée prouvait exactement le contraire. Les somptueuses broderies et les peintures complexes ne définissaient pas vraiment les établissements abandonnés que le jeune homme connaissait jusqu'alors.

-Comment...comment c'est possible ?

-Cette salle est en quelque sorte un passage direct vers le Ciel. Une sorte de Paradis sur terre, en fait. Elle change constamment de position, mais il est possible de l'atteindre de votre monde. C'est bien l'un des seuls, à ma connaissance.

-S'il est possible d'entrer dans la pièce, pourquoi est-ce qu'il n'y a même pas ne serait-ce qu'une trappe visible de l'intérieur ?

-Parce qu'ils contrôlent tout. Les anges. Zachariah.

Castiel continuait son interminable marche à travers la chambre, donnant un peu plus à chaque seconde l'envie de vomir à Sam. Après un moment, l'ancien envoyé céleste se planta devant le chasseur, fronçant les sourcils devant la blancheur extrême que prenait le teint de son compagnon de cellule. Il lui tendit finalement un verre rempli à ras bord d'un liquide qui ressemblait furieusement à de l'eau. Dans cet endroit, néanmoins, le garçon ne pouvait être sûr de rien. Il accepta malgré tout sans rechigner la boisson que lui offrait Castiel, quoique cela fut contraire à ses habitudes.

-Mais s'il n'y avait plus d'anges pour contrôler les portes de la salle, tenta de comprendre le jeune homme en buvant goulûment ce qu'il y avait dans son verre, est-ce qu'on pourra sortir ?

-Je n'en sais rien. Tout est très confus autour de moi, présentement. Le monde se présente sous un autre angle, maintenant que je suis humain. Si vibrant, si coloré, mais si romantique. Votre monde manque visiblement de pragmatisme.

-Ça ne sert à rien, de tout façon, continuait Sam, sourd aux paroles de son nouvel ami. Comment pourrions-nous nous débarrasser d'un ange ?

Le jeune homme se sentait soudain totalement revigoré, preuve évidente que le breuvage qu'on lui avait refilé n'était pas de l'eau. Castiel avait cessé de faire les cent pas, tournant vers le chasseur des yeux exorbités par l'espérance.

-Je sais comment faire.

Sam se leva de son siège, lui-même étonné de son entrain, lui qui était sur le point de mourir de faim quelques heures plus tôt. Il se sentait pourtant prêt, en cet instant, à botter le cul de tous les anges qui entraveraient sa route.

-Comment ?

-J'ai besoin de sang.

L'ex ange s'empara d'un couteau sur la table et se dirigea vers le mur le plus proche en se taillant la paume de sa main gauche. Alors, sous le regard interrogateur de Sam, Castiel dessina, à l'aide de son sang, un drôle de signe que le chasseur n'avait jusqu'alors jamais vu.

-Zachariah se dit futé, mais il a tout de même enfermé avec sa plus puissante arme pour contrer l'apocalypse l'un des seuls anges connaissant les secrets de ces puissants symboles.

-Pour contrer l'apocalypse, tu dis ? Mais qu'est-ce qu'on t'a dit à mon sujet ?

Castiel retrouva sa place sur la chaise où Sam l'avait trouvé en s'éveillant, les yeux fixés au sol.

-Pas grand chose, je dois l'avouer. Je n'étais qu'un soldat et Zachariah, en tant que supérieur, n'a jamais été du genre à dévoiler ses plans à de simples messagers. Je suis allé chercher Dean en Enfer sans poser de questions, mais c'est lorsque l'on m'a demandé de le trahir, de s'en prendre à son enfant, que j'ai commencé à m'interroger. Ce n'est pas ce que Dieu aurait voulu. Mais j'ai compris trop tard que ce n'était plus lui qui donnait les ordres depuis très longtemps.

-Tu veux dire que Dieu aurait...déserté le Paradis ?

-Ou bien on l'a forcé à s'exiler. Plus rien ne m'étonne, désormais, chez mes frères et sœurs.

L'ancien envoyé céleste avait tout d'un petit garçon, avec sa façon de pencher la tête quand il se questionnait intérieurement ou la manière dont il se triturait innocemment les doigts lorsqu'il tombait dans la lune.

-Pourquoi sortir Dean des Enfer si c'est de toi que Zachariah à besoin ? demanda finalement l'homme, les yeux toujours braqués au sol. Ça ne fait aucun sens.

-Ce qui ne fait aucun sens, c'est que ce connard t'ait enfermé avec moi si tu es capable de nous faire sortir d'ici.

-Je...

Alors que Castiel était sur le point de donner son avis sur la question, le corps dodu de Zachariah fit son apparition aux côtés des deux jeunes hommes, son éternel air jovial (du genre qui donnait froid dans le dos) accroché au visage.

-J'ai bien peur que Dean ne tienne pas autant à vous deux qu'il ne le laisse croire, très chers, sourit-il. Je me suis pourtant montré clément avec toi, Castiel, moi qui croyais qu'il t'aimait bien. Pourtant, rien à faire, il n'accepte pas de me remettre sa stupide petite fille en échange de ta vie.

-Je ne ferai pas la même erreur avec la tienne, Zachariah.

Sans prévenir, Castiel se précipita vers le signe qu'il avait tracé un peu plus tôt. Il n'eut qu'à passer la main sur le dessin pour que celui-ci irradie de l'intérieur, puis une lumière aveuglante envahit la pièce. Sam perdit la vue pendant ce qui lui sembla être une éternité, lui qui ne pouvait supporter de se sentir défavorisé dans un environnement hostile. Quand il rouvrit les yeux, néanmoins (et à sa plus grande surprise), Zachariah avait disparu et une porte d'une blanc immaculé avait fait son apparition dans le décors.

-C'était pas si difficile, finalement. C'était même un peu trop facile.

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Ave ! Comment avez-vous trouvé ce chapitre entièrement consacré à Sam ? Appréciez-vous que je mette son point de vue ? Voudriez-vous en avoir plus ou, au contraire, que l'histoire soit totalement consacrée à Dean ? De quel autre personnage aimeriez-vous avoir la vision ? Dites-moi ce que vous en pensez :P

Mille milliards de mercis,

Joe.

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