Chapitre 16

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À cet instant, Dean aurait souhaité ne rien savoir sur Michaël et ses grands projets. De cette façon, il aurait facilement pu prendre le même air foncièrement étonné qu'arboraient Katherine et Bobby. Maintenant, cependant, même s'il feignait l'ignorance, il savait que c'était peine perdu. On ne pouvait pas éviter l'inévitable, après tout.

-Est-ce que c'est vrai, Dean ?

Le ton monstrueusement calme de Bobby donna froid dans le dos au chasseur. Ça n'aurait pas dû l'étonner, pourtant. C'était même plutôt étrange que des enfants dont il ignorait l'existence ne se soient pas manifestés plus tôt pour l'aider à développer son sens de la paternité.

-Tu dois comprendre qu'il y a un certain contexte, Bobby.

Le chasseur osa un timide coup d'œil vers Katherine, qui fixait obstinément ses chaussures. Si lui n'avait jamais trouvé les bons mots et le moment idéal pour avouer la vérité à la fillette, ce Chuck Shurley n'y était pas allé de main morte, sans songer à préserver les sentiments de la gamine. C'est peut-être ce qui lui dût ce regard meurtrier de la part du jeune homme.

D'un coup de tête en direction de Bobby, Dean parvint à lui faire passer un message que son vieil ami sembla comprendre à la perfection. Il entraîna Chuck dans une autre pièce, maugréant ce qui ressemblait à : "Les Winchester...tous les mêmes !"

Une fois seul avec la gamine, le chasseur s'agenouilla devant elle, posant paternellement ses mains sur les chétives épaules de la jeune fille.

-Je le savais, tu sais.

Surpris, Dean recula. Quoi ? La petite ne semblait néanmoins pas blaguer, braquant ses yeux d'un sérieux apeurant dans ceux de son géniteur.

-Le notaire me l'a dit après les funérailles de mes parents. Ils m'ont écrit une lettre. Ils n'ont jamais osé me l'avouer, tu sais. Qu'ils étaient pas vraiment mes parents. Et puis, il y a eu ce bonhomme blanc dans mes rêves, qui m'a dit que j'allais bientôt rencontrer mon vrai père. Et t'es arrivé. J'en suis venue à la conclusion que c'était toi.

Katherine avait reportée son attention sur le sol, lâchant d'une traite ce qu'elle avait à dire, comme si elle redoutait que Dean ne l'interrompe d'une quelconque manière ou ne veuille pas l'écouter. Le chasseur se releva alors, se passant les mains sur le visage. Tout était vrai, il ne pouvait plus le nier. Cette gamine qui se tenait devant lui, avec qui il avait passé tant de temps...son sang coulait dans ses veines. Pas celui de Michel, non, lui qui n'était qu'une créature sans masse réelle. Le sien.

-J'aurais seulement aimé que ce soit toi qui me l'avoue, Dean.

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Sam se sentait lentement partir. Ses forces le délaissaient, la fatigue envahissait tous ses muscles et l'espoir lui tournait le dos. Pourtant, il espérait seulement que la vie le quitte au plus vite.

La plus grande torture était de ne pas penser à toute cette nourriture qui avait été posée avec soin sur la luxueuse table qui lui faisait face, de ne pas songer à l'odeur de ses mets préférés qui emplissait ses narines à chacune de ses respirations.

Le jeune homme avait bien essayé de se tailler les veines. Tout pour ne pas se soumettre aux ordres de ses ailés sans cervelle....Tout pour ne pas déclencher la fin du monde. Mais dès que ses blessures laissaient apparaître ne serait-ce qu'une seule goûte de sang, elles se refermaient automatiquement. Les anges ne semblaient manifestement pas vouloir le voir mourir.

Il ne lui restait donc qu'une seule chance : se laisser mourir de faim. Mais, une fois encore, ces stupides envoyés célestes faisaient tout pour mettre sa volonté à l'épreuve. Comment pouvait-on résister à un cheeseburger quand notre estomac criait famine ?

Les sens du chasseur étaient engourdis. Tout ce qu'il entendait ne lui parvenait qu'en bruits sourds, sa vue était parsemée d'une multitude de points noirs et tous mouvements le faisaient atrocement souffrir. Ça y était. Il y était presque.

Sam n'eut même pas la force de lever les yeux lorsque la voix de Zachariah, indistinct bourdonnement, emplit la pièce. Il l'entendit à peine prononcer ce qui lui semblait n'être que des élucubrations, mais qui devait ressembler à quelque chose comme : "Amusez-vous bien", avant de disparaître. Il ne sentit que la douleur, par la suite, lorsque quelqu'un l'empoigna par les épaules pour le secouer violemment.

"Sam ! Ne ferme pas les yeux, Sam !"

Trop tard. Dans un dernier soupir, le jeune homme ferma les yeux, goûtant enfin au plaisir et au soulagement de ne plus rien ressentir.

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Ave ! Comment avez-vous trouvé ce chapitre ? Si vous voulez mon avis, je pense que c'est mon pire jusqu'à présent, que ce soit dans la longueur ou le contenu. Mais bon ! Il en faut bien !

Mais vous, qu'en pensez-vous ? De la réaction de Katherine et de Bobby ? De la scène avec Sam ?

Il se pourrait que je ne puisse pas publier une autre partie avant août, comme je pars en Suisse pendant deux semaines et que je ne sais toujours pas si j'aurai le réseau. Mais, promis, je tâcherai de m'avancer le plus possible par écrit et reviendrai en force après mes vacances !

Mille milliard de mercis,

Joe.



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