Sauvés de la Perdition

Chapitre 1

Pour la première fois de sa vie, Dean ne voyait pas la fin du chemin. La route était longue...trop longue. Même avec Sam à ses côtés, il se surprenait à espérer que ça finisse. Que tout cela finisse. Il ne demandait qu'à trouver la paix, loin de toutes les horreurs qu'apportait la vie, loin de l'homme, des démons...et de l'Enfer.

Non. Il ne devait surtout pas y penser. Il était un chasseur reconnu, un héros, et n'avait pas le droit de flancher, de montrer ses faiblesses. Il devait penser à Sammy, lui qui en avait terriblement bavé depuis la mort de Jessica, sa fiancée. Il se devait aussi de le protéger, comme il l'avait toujours fait. Après tout, n'était-ce pas le travail du grand frère de veiller sur son cadet ?

Sam ne devait pas savoir. Il ne devait pas soupçonner à quel point il était détruit, à quel point l'air qu'il respirait lui paraissait impure, voire toxique, depuis qu'il s'était creusé un chemin hors de sa tombe de fortune, ce matin de septembre.

"Une seconde chance", lui avait-on dit. Mais une seconde chance pour quoi ? La guerre et la famine tuaient des milliers et des millions de personnes par année et les anges, les serviteurs de Dieu, la définition même de la bonté et de la sagesse, au lieu de maintenir la paix dans le monde, de sauver des milliards d'âmes charitables, perdaient leur temps à le sortir, lui, de l'Enfer. Et Sam qui priait ces idiots tous les jours !

Mais, quoique tout cela lui paraisse complètement incohérent, il était bien là, en chair et en os, au volant de son Impala 67, les fenêtres baissées et la musique à fond. Peut-être souhaitait-il être ailleurs, mais il n'allait tout de même pas s'en plaindre. Il y avait pire que le monde des vivants, non ? Dans tous les cas, s'était mieux que L'Enfer.

- À quoi tu penses ?

Dean tourna vivement la tête vers son frère, qui l'observait avec inquiétude. Sans qu'il ne s'en rende compte, Sam avait baissé le son de la radio, qui se muait désormais à un murmure. L'aîné s'efforça de sourire, reportant son attention sur la route.

-Tu te souviens de la jolie fille qu'on a croisé ce matin, devant le motel ? Je regrette de ne pas lui avoir demandé son numéro.

Sam secoua la tête, un sourire au coin des lèvres.

-Tu ne changeras jamais.

-J'espère bien ! Ce ne serait pas le bonheur absolu de rester jeune et beau pour le restant de mes jours ?

Sur ces mots, le chasseur monta le volume de la musique, laissant Led Zeppelin envahir ses oreilles. Sam ne répliqua pas, détournant le regard vers le paysage qui disparaissait à mesure que le véhicule avançait.

Dean était content de le retrouver, de le voir redevenir le Sam qu'il était avant sa mort, avant que lui ne signe le pacte avec le démon des croisements. La vie semblait lentement reprendre son cours, malgré cet ange, Castiel, qui le suivait comme son ombre, divaguant sur les projets divins qu'il se devrait, un jour, d'accomplir. Mais qu'est-ce qu'il lui voulait ? Qu'avait-il de plus que les autres pour attirer ainsi l'attention du Paradis ?

-Tu sais que je ne te crois pas une seule seconde, hein ?

Sam s'était une fois de plus tourné vers son frère, qu'il observait avec suspicion.

-Et tu sais que je ne suis pas du type "confidence en voiture". Je n'ai pas envie de parler, Sam. Je suis encore déchiré en pensant à la jolie fille de ce matin, alors je t'en prie, respecte mon deuil.

Sam fronça les sourcils, puis leva les yeux au ciel. Dean sourit face aux grimaces de son frère, mais il savait parfaitement, au fond de lui, qu'il ne parviendrait pas à le duper. Sam était curieux et intelligent, et Dean ne doutait pas qu'il chercherait à savoir, coûte que coûte, ce que cachait son aîné. Mais lui ne flancherait pas. Son cadet avait déjà trop perdu, il ne pouvait décemment pas lui enlever le peu d'innocence qui lui restait.

-Où est-ce que tu as dit qu'on allait, déjà ? s'enquit-il sans quitter la route des yeux.

-Dans le Maine. Un homme s'est tranché la gorge devant tous ses proches lors d'un repas en famille. Je crois que ça mérite qu'on aille jeter un coup d'oeil.

-Dans le Maine ? On pourrait pas aller quelque part où il fait soleil, pour une fois ? Pourquoi pas sortir du pays ? On devrait aller chasser dans les Caraïbes, avec les plages, les filles en bikini...

-Tu pourrais peut-être me trouver une excuse encore plus bidon que la température pour quitter ton job, Dean.

Le jeune homme souffla. Sam avait toujours eu le don de trouver des répliques du tonnerre alors que lui s'enfonçait dès qu'on lui lançait une remarque.

-Tu t'arrêteras au prochain motel, manda Sam. On prendra la soirée pour trouver des informations et se reposer.

-J'espère qu'il y aura de quoi manger dans le coin. Je meurs de faim !

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Dean en était venu à détester toutes les chambres d'hôtels, sous n'importe quelle forme. Il ne pouvait plus sentir les rideaux et les tapis puants, les draps piquants et les matelas inconfortables. Les couleurs fades qui parsemaient les murs et les édredons fleuris lui donnaient envie de se crever les yeux.

Sam venait tout juste de partir à la recherche d'une machine distributrice. Lui, contrairement à ce qu'il avait pu dire plus tôt, avait l'estomac noué. Il était en perpétuel combat contre lui-même depuis sa fuite de l'Enfer. Une guerre contre sa panique, ses peurs et ses appréhensions. Contre le dégoût qui le submergeait lorsqu'il se regardait dans le miroir.

-Dean.

Le jeune homme, appuyé contre le lavabo de la minuscule salle de bain, se releva d'un coup, portant la main à l'une des poches de son jean, où il transportait toujours un couteau en argent. Il suspendit son geste juste à temps, réalisant que l'intrus n'avait rien d'un démon.

-Merde, Cas ! J'aurais pu te tuer !

C'est en relevant la tête vers le nouvel arrivé que le chasseur comprit l'ironie de ses paroles. "C'est un ange, pauvre idiot. Comment pourrais-tu le tuer ?"

-Veillez sur elle, Dean, dit l'envoyé céleste de son éternel ton neutre, sa marque de commerce. Ne les laissez pas s'en prendre à elle.

Sans que Dean ne s'y attende, Castiel posa sa main sur le front de son protégé et, alors que ce dernier tentait de se dégager, formula ce qui semblait n'être que des élucubrations aux yeux de Dean. La main de l'ange lâcha doucement la tête du jeune homme et il disparut.

Le chasseur tâcha de retrouver ses esprits. Qu'est-ce que Castiel avait encore fait ? Il avait pris l'habitude des apparitions soudaines de l'ange, mais ses manières lui échappaient toujours.  Il sortit de la salle de bain pour rejoindre son lit, sur lequel il s'assit lourdement. Quelque chose de nouveau battait en lui, il le sentait. Il ne savait pas quoi (et n'était pas certain de vouloir savoir), mais sa perception des choses semblait avoir changée.

Il sursauta lorsque le porte de la chambre s'ouvrit sur Sam, une canette de soda à la main.

-Tu n'est pas allé chercher le dîner ?

Ignorant la remarque de son frère, le jeune homme se releva, puis fixa son regard dans celui de son cadet.

-Je sais où nous devons aller.

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Salut à vous ! J'espère que ce chapitre vous a plu et vous a donné envie de voir la suite. C'est ma toute première fiction à vie et je n'ai aucune idée comment ça marche, alors je vous demanderais seulement, si vous le désirez, de me dire ce que vous pensez de cet aperçu (le chapitre, l'histoire en général, mon style d'écriture) et peut-être ce que vous espérez pour la suite.

Sur ce, je vous souhaite une excellente journée (le ciel bleu, les oiseaux qui chantent, la paix dans le monde) et j'espère sincèrement que vous ne vous ferez pas enlever par des extra-terrestres au courant de la semaine.

Joe.