RECONFORT

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-Callie...

Merde!

Je me fige et ne relève pas la tête.

Il n'est pas parti, il a juste fermé la porte et il est là. Sa voix est rauque et à peine audible, il se racle la gorge, mais je garde ma tête contre mes genoux, je ne bouge pas, j'ai honte, je ne veux pas qu'il me voit, je ne pas qu'il voit en moi.

-Je t'en prie Callie ne te renferme pas... laisse-moi t'aider...ne me repousse pas.

Je sens qu'il est sincère, il veut m'aider. Mais personne ne peut m'aider, c'est trop tard.

Arrête Callie ! Fais lui confiance !

Je relève lentement la tête et je le vois. Il est là, debout devant moi ses bras sont resserrés contre son visage et ses mains croisées derrière la tête, son regard dirigé au sol. Il doit sentir que je le regarde et vient planter directement ses yeux dans les miens, j'y vois une véritable souffrance et de la colère, alors que les miens ne reflètent plus rien. Sa mâchoire tressaute, il franchit rapidement l'espace qui nous sépare, se laisse tomber au sol et me serre de toutes ses forces dans ses bras. Le courant électrique qui passe entre nous est violent, et en même temps il m'apporte aussitôt apaisement et sécurité.

Je veux savoir, alors je pose ma question.

-Que...Qu'est-ce que... tu as entendu ?

Il resserre son étreinte et dépose un baiser sur mes cheveux.

-Tout... Je crois que... Je crois que j'ai tout entendu bébé...

Mon Dieu non! Non non non!

J'essaie de me reculer mais il me serre plus fort, j'ai envie de crier mais rien ne sort, alors je le frappe, je frappe ses bras de mes mains et il me laisse me défouler, il reste là, il attend que j'arrête, et au bout d'un moment effectivement je m'arrête, je suis à bout de force. Révéler mon histoire et savoir qu'Alex a tout entendu a puisé toute mon énergie. Je reste là, dans ses bras qui me bercent maintenant, et je laisse mes pensées s'envoler. Je me sens bien, je me sens mieux.

Foutu Alex !

Nous n'avons pas parlé, nous sommes restés au sol un bon moment, ensuite il m'a porté dans ses bras pour nous assoir sur une chaise, il ne m'a pas lâchée. J'ai dû m'assoupir car c'est la voix de l'infirmière qui nous expliquait que les heures de visite étaient terminées, qui m'a réveillée. Elle nous a dit que le médecin serait présent demain au cas où nous aurions des questions, Alex lui a répondu que nous serions présents, je n'arrive toujours pas à parler alors j'acquiesce en hochant la tête.

J'embrasse Vina sur le front et je lui sers la main, j'espère seulement qu'elle m'a entendue.

Le trajet du retour fût silencieux, Alex regarde droit devant lui et moi je regarde défiler la route, la tête contre la vitre. Arrivés dans l'ascenseur je m'attends à ce qu'il me dépose chez moi mais non, il appuie sur le deuxième étage, je suppose que j'ai mes affaires à récupérer. Ça me fait penser que je ne sais toujours pas comment je suis arrivée chez lui, alors je décide de prendre sur moi et de rompre le silence.

-Comment se fait-il que je me sois réveillée chez toi ?

Mais je parle tellement bas qu'il ne m'entend pas.

-Quoi ?

-Chez toi...pourquoi...pourquoi je me suis réveillée chez toi ?

-La police a appelé le dernier numéro composé sur le téléphone de Vina et c'était celui de l'appartement, le soir où elle nous a invités à dîner chez vous, et j'étais à l'appart alors c'est moi qui suis venu te chercher, je t'ai ramené, mais vu ton état de choc il était hors de question que je te laisse seule chez toi, alors je t'ai installée dans ma chambre et j'ai pris le canapé.

Je hoche la tête pour lui faire comprendre que j'ai compris et je lui emboîte le pas quand il sort de l'ascenseur. Je me dirige directement dans sa chambre et j'essaie de récupérer mes vêtements pour pouvoir rentrer chez moi. Je commence à tout rassembler sur le lit.

-Qu'est-ce que tu fais ?

Je sursaute en entendant sa voix, je ne l'avais pas entendu arriver derrière moi. Il est appuyé à l'embrasure de la porte, les bras croisés sur la poitrine et visiblement ses yeux semblent attendre une réponse à sa question.

-Je...je vais rentrer, j'ai...je comprends que tu préfères que je rentre, je...y a pas de soucis.

Il fronce les sourcils, s'approche de moi et pose ses deux mains sur mes épaules.

-Callie, bébé, tu peux rester ici autant de temps que tu le voudras.

Je m'apprête à répondre mais il me fait signe qu'il n'a pas terminé.

-Je préfère te savoir ici plutôt que seule chez toi, et je ne sais pas ce qui t'a fait penser que je préfèrerais que tu partes, mais tu te trompes, je ne veux pas que tu partes... je voudrais même que tu ne partes plus jamais.

Il fait volte-face et sort de la chambre en fermant la porte, me laissant seule avec mes réflexions, me laissant seule avec l'impression que moi aussi je n'ai pas envie de partir.

Quoi ? Mais qu'est-ce qui t'arrive ?

Je n'en sais rien, t'es contente !!!

Irréversible (Sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant