MA HONTE

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Je prends une grande inspiration et je ferme très fort mes yeux.

Tu peux le faire ! Il faut que quelqu'un sache ! Il faut que Vina sache !

J'essuie rapidement mes larmes d'une main et j'agrippe de nouveau la sienne.

-Après ça je suis rentrée en courant dans la maison, j'ai grimpé jusqu'à l'étage, et je me suis cachée dans mon lit. J'ai pleuré, j'ai beaucoup pleuré, pour mon frère surtout. Comment il a pu ne rien dire, ne pas se confier ? Nos parents l'aurait aidé c'est sûr. Je ne comprenais pas, j'étais sous le choc, je tremblais et mes larmes ne s'arrêtaient pas de couler. Puis je me suis assoupie, je n'avais plus d'énergie, j'étais complètement perdue. J'ai fait un cauchemar où je revoyais en boucle la scène à laquelle j'avais assisté et puis je me suis mise à suffoquer, je n'arrivais plus à respirer. J'ai ouvert brutalement les yeux et je me suis rendu compte qu'une main était sur ma bouche et qu'un poids lourd pesait sur moi alors que j'étais sur le ventre.

Je revis la scène comme si c'était hier, je me souviens de tout, je raconte tout, je n'oublie rien. Je me rappelle de son odeur, il sentait le whisky, la transpiration et le foin, signe d'une journée entière à la grange, je me souviens de ses mots quand il a parlé à mon oreille « tu as aimé ce que tu as vu Lillie ? », je me rappelle que pendant qu'une de ses mains bloquait fermement ma bouche, l'autre a commencé à me caresser par-dessus mes vêtements. On était en été et je m'étais réfugiée dans mon lit habillée, je ne portais donc qu'un simple débardeur et une jupe courte, et il continuait toujours de me parler pendant que ses mains s'activaient. « Tu sais pourquoi c'est moi qu'il a choisi Lillie ? » sa main est partout sur moi, sur mes seins, sur mes fesses, sur ma culotte... je me débats mais il est beaucoup trop fort pour moi, je pleure mais il s'en fiche, je l'entend même ricaner dans mon dos pendant qu'il relève ma jupe, « pourquoi il n'arrive pas à se contrôler Lillie ? » j'ai du mal à respirer et je sens qu'il arrache violemment ma culotte, « parce qu'il ne peut pas t'avoir toi Lillie, parce qu'avec une petite fille ce serait trop facile, mais à chaque fois qu'il me touche il prononce ton nom, comme si c'était toi qu'il baisait ! » je sens qu'il passe ses jambes entre les miennes pour me forcer à les écarter et je ne peux rien faire, je crie mais avec sa main sur ma bouche aucun son de sort, « je vais te montrer ce qu'on ressent Lillie, je vais te montrer ce que tu devrais subir si tu étais à ma place, je vais te montrer ce que tu manques puisque c'est à toi qu'il pense » je tourne légèrement ma tête pour l'implorer de mes yeux, je le supplie mais il me sourit, « tu vas aimer ça Lillie, tu vas me supplier de continuer encore et encore » il introduit deux doigts en moi et commence brutalement à faire des va-et-vient, je hurle, je veux que ça s'arrête, il ne peut pas faire ça, c'est mon frère ! « Je vais te baiser Lillie ! Je vais te montrer ce qu'il aimerait te faire, je vais te montrer comme il me le montre à moi » j'entends qu'il baisse sa braguette et descend son pantalon en pressant directement son érection contre mes fesses, « tu sens ça Lillie ? Ça t'excite ? » Il maintient mes jambes écartées avec ses jambes et sa main passe sous mon bassin pour remonter mes fesses, je continue de me débattre mais je perds mes forces, j'ai de plus en plus de mal à le repousser, il m'étrangle. Je sens son sexe qui appuie sur le mien et il s'enfonce d'un seul coup au fond de moi, j'ai le souffle coupé, les yeux écarquillés, je n'ai même pas réussi à crier, je suis en larmes et mon cœur est en miettes, « putain Lillie t'es si serrée que je vais jouir en cinq minutes » je ne réponds plus, je ne le regarde plus, mes yeux sont fermés, je me sens impuissante, vide et sans âme. « T'aimes ça Lillie ? T'aimes sentir ma queue en toi ? Ou tu préfèrerais que ce soit tonton toi aussi ? » Il bouge de plus en plus vite en moi, c'est comme si on m'arrachait le cœur, j'ai envie de mourir, je suis brisée de l'intérieur. Il passe sa langue poisseuse dans mon cou, « putain je vais jouir Lillie ! » et dans un grognement ignoble il jouit en moi et il s'affale sur moi, de tout son poids. Je ne pleure plus, je n'ai plus de larmes, je n'ai même plus de sentiments, je ne ressens rien.

-Je me souviens être restée assise dans le coin de mon lit tout le reste de la nuit, sans dormir à fixer la porte. Après s'être retiré de moi il s'est levé, m'a embrassé sur la joue et m'a souhaité de faire de beaux rêves. Et il m'a chuchoté que si je disais quoi que soit, à qui que ce soit, il m'enverrai mon tonton chéri la nuit prochaine.

J'arrête là mon récit et j'essaie de reprendre le contrôle de ma respiration. Bizarrement je me sens mieux de l'avoir dit, que tout ça sorte enfin de moi, j'ai le sentiment que le poids de mon secret est un peu moins lourd.

-Je suis tellement désolée Vi...si je t'avais parlé avant peut-être que tout ça ne te serait jamais arrivé, tu comprends maintenant pourquoi j'ai banni les hommes de ma vie, j'ai jamais pu, j'ai jamais voulu qu'un homme s'approche de moi, et c'est ce qui m'a conduit vers toi, et si je suis heureuse aujourd'hui c'est grâce à toi, je t'en prie chérie il faut que tu t'en sorte, je n'y arriverai pas sans toi... je suis tellement désolée...je suis sûre que c'est mon frère qui t'a agressée, j'en suis persuadée et je m'en voudrais toute ma vie...je t'en prie Vi, il faut que tu reviennes.

Mes mots finissent dans un sanglot, mais cette fois ce n'est pas pour moi que je pleure mais pour elle, elle ne mérite tellement pas ça !

Mon Dieu aidez-moi !

Un bruit retient mon attention et mon regard se dirige vivement vers la porte.

Alex est là, ses deux cafés dans les mains, il ne bouge pas et c'est en levant mon regard vers le sien que je m'aperçois qu'une larme a coulé sur sa joue. C'est là que je comprends qu'il m'a entendu.

Non !

Il a tout entendu, il connait mon secret, et ma honte.

Non non non !

Je me lève brusquement de ma chaise et je recule jusqu'à ce que mon dos touche le mur.

Je le vois ouvrir et fermer la bouche, il y a tellement de peine et de colère dans ses yeux que je n'arrive pas à soutenir son regard. Je ferme les yeux et c'est le bruit de la porte qui se ferme qui me fait comprendre qu'il est parti.

Il est parti ! Je le dégoûte ! Il est parti !

Je me laisse glisser au sol et pose ma tête sur mes genoux. Je pleure en silence, de toute façon je ne retrouverais jamais mon âme, elle est partie elle aussi...

Irréversible (Sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant