Chapitre Dix-Neuf - « C'est à cause de moi »

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Charlie se réveille brutalement, il a du mal à respirer, il s'assied dans son lit et tente de retrouver une respiration normale. Il allume sa lampe de chevet et observe tout ce qui se trouve autour de lui. Il a l'impression d'être dans une autre dimension, ce qu'il a vu pendant qu'il dormait, ce n'est pas normal. Non, ce n'est pas lui, lui il a un cœur de pierre, il ne ressent plus rien, mis à part de la tristesse.

Anna n'arrive pas à dormir, tout ce que ses parents lui ont dit ne fait que résonner dans sa tête. Comment peut-on ne blâmer personne pour ce qu'il s'est passé ? Il y a forcément un coupable, même si ses parents lui ont dit le contraire, elle va aller le retrouver et le frapper de toutes ses forces. C'est de sa faute, il n'avait peut-être pas le choix, mais c'est bien trop facile de dire cela, il a ôté la vie à un adolescent plein de vie.

Charlie se rallonge, il éteint la lampe de chevet et regarde fixement le plafond. Ses yeux s'adaptent doucement à l'obscurité et bientôt il n'y a plus que la lumière de l'extérieur qui passe à travers les volets et qui suffit à Charlie pour voir les fissures sur le plafond originalement blanc mais devenu gris avec le temps.

Le jeune homme se demande bien ce qu'il va faire de sa vie, s'il va foncer ou bien s'il va rester là, seul dans son studio à attendre la rentrée. Il se demande si les mots qu'il va employer seront les bons, il se demande aussi s'il doit préparer quelques phrases à l'avance ou s'il doit improviser. Et puis, il se dit que finalement, la vie c'est un peu comme du théâtre d'improvisation. Alors, il verra bien demain.

Anna réfléchit, elle essaye de s'imaginer celui qui a tué son frère. Ou celle. Et si ses parents avaient mal entendu et c'était une jeune femme semblable à Anna ? Cette dernière se tourne encore et encore dans son lit et se dit qu'elle serait incapable de tuer l'assassin de son frère. Parce que si ça se trouve, cette personne c'était un de ses camarades de classe, un voisin ou encore quelqu'un qui vient se servir à la boutique tous les jours.

Alors, Anna se rendort, quelque peu apaisée. Elle n'a plus cette amertume en elle qui lui fait serrer les poings si fort qu'elle a l'impression que sa peau va se déchirer. Le jour se lève plus vite que la jeune femme ne l'avait prévu et bientôt son réveil sonne. Anna a l'impression de sortir d'un rêve, un rêve dans lequel on lui a dit comment son frère est mort et puis le brouillard qui emplit son esprit se dissipe, elle se rend compte que c'est bel et bien la réalité.

* * *

La nuit n'allait pas tarder à tomber et la fraîcheur arrivait enfin. Charlie avait alors ouvert toutes les fenêtres du studio pour laisser entrer l'air, il avait besoin de respirer, dans tous les sens du terme. Et puis, quelqu'un avait toqué à la porte. Le jeune homme s'était étonné, car à cette époque de l'année, la plupart des étudiants étaient retournés chez eux et Charlie ne connaissait personne d'autre ici que des camarades de sa promotion.

Charlie s'était méfié, parce qu'il pensait que c'était sa mère qui était encore venue lui rendre visite. Après tout, il avait refusé de revenir en Angleterre pour l'été, elle devait sûrement se faire du souci. La personne derrière la porte avait insisté et Charlie avait cru entendre une voix masculine. Alors, il s'était précipité vers l'entrée et avait ouvert la porte à la volée.

Joe se tenait devant lui, souriant, comme à son habitude. Il avait l'air détendu, même après une longue journée de travail. Lorsque Charlie avait vu ce visage si apaisé, tous les remords qu'il avait étaient remontés jusqu'à son cerveau, le jeune homme n'avait pas envie de rendre des comptes aujourd'hui, il n'avait pas envie de donner des explications. Alors, il s'était montré très froid, encore plus froid qu'avec Anna.

- Salut Charlie, je pense qu'il faut discute tous les deux. Je peux entrer ?, avait demandé Joe en souriant

- Non, avait répondu Charlie sur un ton sec

CharlieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant