14.

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— Dépressif ? Me demande Oli.

Nous sommes chez nous. Les vacances de Pâques viennent de commencer. Je suis assez loin de Kalter-Angel pour mettre au point un plan pour l'aider.

— Oli, m'oblige pas à répéter. Il a tenté de se tuer tellement de fois et il est si triste.

— Drogue et alcool. Auto mutilation. C'est un cas dur à affronter.

— Non ! Tu crois ?

— Ne sois pas sarcastique Ethan mais avoue que là c'est presque peine perdue. Le gars il est pas au fond du gouffre, il a réussi à creuser plus profond.

Si doux, si adorable. Abruti qu'il est.

— Bon réellement Ethan. Il est comme un gosse. Va toujours dans son sens mais ne paraît pas trop étrange. Essaye de ressembler à un papa poule.

— Mais c'est dégueulasse !

— Quoi ?

— Je bande en voyant son corps et je dois jouer le papa. C'est dégueulasse. Inceste.

Il me regarde blasé. Je crois sincèrement qu'il s'en balance.

— Tu veux aider ton pote ou bien ? Alors on s'en fou que ton corps de puceau réagisse okay ! Ce qu'il faut c'est justement agir tête de con !

Qu'est-ce que je disais : adorable.

— Déjà tu sais où le trouver c'est un point positif, mais maintenant il faudrait que tu en saches plus encore. Fait le sortir, invite-le, donne lui le meilleur mois de sa vie.

— D'accord. Je lui offre tout, je le laisse se tailler les veines et se droguer. C'est un plan de merde ton truc...

— Non. Il va voir que tu t'intéresses à lui et que ce qu'il fait tu t'en fous. Au début il s'en battra les couilles aussi mais après il sera frustré que tu ne lui gueules pas dessus et il va commencer à se dire que ça sert à rien de faire ça.

— C'est bien ce que je dis Oli.. C'est une idée de merde. Tout ce dont il a besoin c'est que des professionnels l'entourent comme avec toi.

— Moi ils m'ont pas lâché et maman avait encore la force de m'apporter de l'aide à travers les autres et tu étais là. Il est seul et d'après tes dires, ses parents s'en foutent et sa sœur est rentrée au pays.

Je le sais déjà !  Il faut trouver quelque chose de fort.

— Et si.. Et si j'allais avec lui chez la psy ?

Oli secoue la tête.

— Impossible elle t'enverra te faire foutre et lui aussi.

Ouais c'est vrai.

— Et si tu restais simplement toi-même ? sois juste plus fort. Ne va pas non plus jusqu'au harcèlement mais donne lui de petites attentions puis progressivement des plus grosses jusqu'à ce qu'il te fasse réellement confiance.

Oui c'est vrai que ça paraît plus simple comme ça. Je remercie mon frère par un câlin et me couche sur son lit. Il vient immédiatement se coucher contre moi, sa tête sur mon torse. Il caresse doucement mon ventre sous mon T-Shirt. Ça a toujours été ainsi entre nous. On est si fusionnels qu'une fois un ami à moi a cru que l'on était jumeau. Il faut dire qu'Oli est aussi grand que moi et que notre ressemblance est frappante. On est toujours là l'un pour l'autre.

— Ça va aller Ethan. Je suis sûr que ce gars t'adore. Mais en même temps qui ne t'adore pas ?

— Kalter visiblement.

— Il changera d'avis. Un jour quand ça ira mieux tu l'inviteras à manger à la maison. J'aimerais le rencontrer.

— Bientôt j'espère.


***


J'ouvre les yeux en sursautant car mon portable sonne. Je décroche rapidement. Si je reçois un appel à cette heure-ci cela doit être grave.

« — Ethan Skyles ?

— Oui ?

— Ici l'hôpital St Paul. Nous avons une terrible nouvelle. Pourriez vous être là rapidement ?

— Le plus vite que nous le pouvons. Que se passe-t-il ?

— Il vaut mieux vous le dire en face M.Skyles.

— Très bien. Bous arrivons. »

Oli que j'ai réveillé en me relevant me regarde effrayé. Je ne suis pas effrayé.. Juste totalement paniqué car je ne comprends pas pourquoi on nous appelle à cette heure-ci. Surtout l'hôpital.

— Tu crois que c'est Kalter ?

— Non. Je pense que c'est maman Oli.

Les larmes roulent sur ses joues.


***


Arrivés à destination, Oli et moi partons immédiatement vers l'accueil.

— Messieurs Skyles !

Un médecin qui venait tout juste d'arriver nous fait signe de le suivre.

— Que se passe-t-il ?

— Il ne reste que quelques instants à votre mère. La maladie l'a rongé de l'intérieur. Son cerveau ne fonctionne plus. Elle est en état de mort cérébrale. Vous pouvez aller la voir si vous le souhaitez.

Je choppe Oli par la main et cours voir ma mère. J'ai besoin d'elle. Je peux pas la laisser partir. Oli retire violemment sa main de la mienne et me regarde.

— Pourquoi aller lui dire adieu ? Elle est déjà morte !

Toutes les personnes présentes dans le hall nous regardent.

— Ethan ! Réagit merde !

Et là c'est la fin. Je hurle, m'arrache les cheveux. Mes larmes ne s'arrêtent plus. Je veux ma mère !

Les médecins tentent de me calmer mais c'est impossible de me maintenir. Je me débat de trop.
Oli choppe alors mon visage et me force à le regarder dans les yeux. Quelque chose pique mon bras tandis que mon frère embrasse mon front. Je tente de rester éveillé mais je sais que c'est peine perdue quand je pense voir Kalter derrière mon frère. Je souris grandement avant de sombrer.


OLI:

Demain tout ira mieux. Demain sera un nouveau jour.
Ils ont débranché ma mère il y a déjà deux heures mais je dois attendre ici que mon frère se réveille. Il m'a fait si peur. On aurait dit un fou et le pire c'est que juste avant de dormir il a sourit. Quand je me suis retourné je m'attendais à voir ma mère, souriante, nous dire que ce n'était qu'une blague mais ce n'était qu'un gars mystérieux et dans le style mauvais garçon avec tous ses piecings et tatouages. Il se tenait le poignet. Toute sa personne émane la tristesse et la haine. Étrangement au fond de moi je savais qui il était mais je n'ai rien fait. Ethan a besoin d'autre chose que de s'occuper de ce jeune garçon pour le moment. Il doit s'occuper de lui-même. Et je pense que ce Kalter doit avoir compris ce qu'il se passait.

Nous sommes orphelins maintenant. Comme si nous étions maudits.

J'ai l'impression de prendre du retard alors qu'en fait non, sinon ça commence doucement à se mettre en place mais très doucement :)

HARD TO LIVE (tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant