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Les yeux toujours fermés, j'entends rien, pas un bruit. J'avais peur d'ouvrir les yeux et de me retrouver ailleurs qu'au Paradis.

Le silence ne fait plus qu'un avec moi.

Après plusieurs minutes de paix intérieure, j'ai ouvert un oeil, puis le deuxième, et je me retrouve au camp militaire, la nuit, toujours ce silence qui m'enivre. Devant moi, je vois le visage d'Aliyah déformé par la terreur, elle pleure, elle me parle, elle crit, mais je n'entend rien, je la fixe sans rien dire. Elle me secoue, elle essaie de me faire réagir, mais c'est comme si mon corps était présent mais mon esprit ailleurs.

Soudain je reçois une gifle phénoménale et les sons, les bruits, les coups de feux et les cris me reviennent comme un éclair. Je cligne des yeux, et je regarde autour de moi affolée. Aliyah me regarde soulagée, et me sers dans ses bras. Je sens son dos se secouer à cause des sanglots. C'est elle qui m'a frappé alors... .

Aliyah: "Ca va aller? Me refais plus jamais ça !"

J'hoche la tête. El Hamdoulilah je fais bien, Dieu est grand... .

Je sens alors de l'agitation autour de nous, je fronce les sourcils et regarde en dessous de moi. Le corps inerte d'un jeune homme militaire, les yeux mi-clos, la bouche entrouverte, et une grosse tâche de sang au ventre repose à mes pieds. Je pousse un cri, j'allais lui sauter dessus pour essayé de le soigner, mais le médecin m'a devancé, il a déchiré l'uniforme pour avoir accès directement à la blessure et je suis choquée de voir qu'il perd beaucoup de sang. Ya Rabbi qu'il s'en sorte... . Je me met à pleurer, en réalisant petit à petit, qu'il s'est pris la balle qui m'était destinée. Je me passe ma main sur mon front, je sens mes forces m'abandonner et j'ai l'impression que mon cerveau pèse une tonne... Et tout devint noir.

Je me réveille dans un lit en dehors des dortoirs. Je me frotte la nuque, et regarde autour de moi... Je suis seule. Je repose ma tête et fixe le plafond. Comment j'ai pu en arriver là ? Je suis partie de fille de fermier à réfugiée cherchant à échapper à des fous furieux armés jusqu'aux dents. Je ferme les yeux... J'ai toujours l'espoir que je vais me réveiller et réaliser peu après que j'ai tout rêvé , tout inventé. Seulement c'est la réalité et il faut que je le rentre dans ma tête. Je me lève difficilement, replace habilement mon voile et pars à la recherche d'un médecin.

Je trouve une infirmière un peu plus loin.

Moi: "Excuse moi, je cherche le militaire qui s'est pris une balle au ventre hier...
Je réalise qu'il ne devait pas être le seul à s'être pris une balle hier.
... Il se l'est pris à ma place..."
Elle a semblé directement me reconnaître et m'a accompagné jusqu'à une chambre. J'ai baissé la tête, c'est quand même l'infirmerie des hommes.

J'ouvre la porte et je trouve un jeune homme endormi. Il est plutôt beau, il a une barbe de 3 jours, des cheveux bouclés assez courts, une mâchoire carrée... Je le détaille du regard pendant quelqueq secondes. Un bip résonne dans la petite pièce et ça ne fait qu'augmenter mon stress. Je me dirige vers lui, et je m'asseois sur la siège près de lui. Directement il ouvre les yeux et tourne son regard sombre sur moi. On s'est fixé pendant au moins 20 secondes, et j'ai baissé la tête.

Moi: "Je voulais te demander... Pourquoi tu t'es interposé? J'aurais du me prendre cette balle à ta place..."
Il m'a souris.
Lui: "Je saurais pas te répondre, j'ai agis sans réfléchir."
Moi: "... Et bien merci beaucoup, el Hamdoulilah tu t'en es sorti sans séquelles... "
Lui: "Saha..."
Il m'a fixé en froncant les sourcils.

Je me suis levée et je suis partie, n'oublions pas que je ne devrais même pas lui parler seule... .


Assises sur notre fameux banc, Aliyah et moi parlions de tout et de rien. Elle osait pas aborder le sujet de la fameuse nuit et tant mieux. Je préfère oublier. El hamdoulilah le jeune homme s'est rétablit, la balle n'a touché aucun organe. La petite fille? Elle est souvent avec nous, elle est très mignonne que Dieu la préserve, elle mérite pas de vivre dans un environnement comme ça. Elle s'appelle Sanaa, tout juste neuf ans, elle a déjà perdu ses parents dans une fusillade.

Un coup de coude d'Aliyah me sors de mes pensées.

Aliyah: "Regarde qui est en train de te fixer!"
Je lève la tête et je vois le jeune homme qui m'a sauvé. D'ailleurs je connais toujours pas son prénom. Quand il a vu que je l'avais cramé il a vite détourné le regard.

Je me demande comment il s'appelle..

Thalia: Trahie Par Mon Père J'en Ai Perdu Mes Repères Where stories live. Discover now