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J'regarde autour de moi, je me revois dans cette chambre, les murs sont déformés, il pleut dehors et la pluie fouette la vitre de ma fenêtre. Je suis en pleure contre le mur, j'ai du mal à respirer. Mon corps me brûle, je me sens trop sale, j'sens des mains qui me touchent, des frissons d'horreur parcourent mon dos. J'entend des rires, des gémissements d'hommes et mes sanglots redoublent. Soudain un grand silence, plus aucune douleur, plus de pluie. Je relève la tête, et je vois une silhouette devant la porte. Mon père... Debout, le dos droit, un grand sourire scotché aux lèvres.

J'me reveille en sueur, la gorge sèche. Je me redresse vite sur mon lit et regarde autour de moi. Les autres dorment tous profondément. Je réalise alors que c'était qu'un cauchemar et je baisse ma garde. Je me frotte le visage, remet vite fait mon voile et me lève. Je sors silencieusement du dortoir et marche jusqu'à un banc improvisé. Je m'assois et regarde le ciel.
Mes cauchemars sont de plus en plus fréquents et violents. J'revois les horreurs de mon passé comme si on voulait m'empêcher d'oublier mon malheur. Je respire difficilement et me met à pleurer.
Jme demande souvent comment aurait été ma vie dans ma Syrie en paix et sans guerre, dans une famille pas corrompu, et sans vices, où la trahison est une chose impardonnable. Jme demande si mes parents m'ont aimé un jour.

...: "Tout va bien?"

Je me retourne directement et tombe sur Aliyah, sans voile, le visage peiné.

Moi: "Oui el hamdoulilah. Pourquoi t'es là?"
Je sèche mes larmes. Elle hausse les épaules et s'assoit à côté de moi sans un mot.
Aliyah: "Je t'ai entendu sortir et tu faisais du bruit pendant ton sommeil..."
C'est vraiment adorable, elle s'est inquiétée.

Moi: " Je m'appelle Thalia."

Depuis ce jour, Aliyah et moi on est inséparable. Il n'y a plus de Thalia sans d'Aliyah.
Aliyah est magnifique mash'Allah, elle porte le voile, elle a des grands yeux marrons et un visage fin, elle est toute fine, tellement qu'on a l'impression qu'on pourrait la briser en une poignée de main. Je sais aussi que les apparences sont trompeuses, elle est très forte à l'intérieur. Elle sourit devant nous et souffre en silence... Elle a sûrement plus souffert que moi. Dire que je me plains, et que je me lamente, j'ai honte.
Elle m'a raconté son histoire un soir...

"J'étais heureuse avec ma famille, on est était des gens simples..."
Elle a lâché une larme.
"Mon père était imam. Il refusait de se radicaliser... De participer au jijad, tout ça. Alors un jour, un vendredi en plus le jour saint, un jour de paix, le jour de Dieu, ils nous attendaient devant la maison armés jusqu'aux dents. Mon père paniquait, il essayait de les raisonner... Mais comment raisonner des bêtes sauvages... Ils l'ont abbatu comme un chien, en lui tirant dessus quatre fois, oui j'ai compté. Ma mère a hurlé, elle pleurait à en mourir. Ils l'ont violé un par un, puis l'ont tué. Je me rappelle encore de ses hurlements, son visage déformé par la douleur réapparait dans mes cauchemars... Mon petit frère Khalil... Ah Khalil..."
Elle a lâché un sourire triste.
"je le tenais par la main, il regardait la scène les yeux grand ouvert, en silence. Ils me l'ont arraché des mains, ils l'ont embarqué. Ils me tenaient, je pouvais rien faire... Il avait que 6ans... Même pas encore l'âge de la prière qu'il connaîtra les horreurs dont on a tant essayé de l'éloigner."
Elle s'est plié sur elle-même pour pleurer. Je l'ai serré dans mes bras.
"Ensuite, ils m'ont violé à mon tours... Ils ont ensuite essayé de m'embarquer, mais j'ai couru pour m'enfuir. Ils ont tiré mais sans succès. J'ai atteint le barrage militaire, et me voilà."
Elle s'est redressé, a séché ses larmes, et a repris son expression de d'habitude. J'envie tellement sa force, elle a tout tout perdu..

Ce jour-là, on était à la cantine du camps, quand on a entendu des tirs, et des explosions. Toutes les femmes ont commencé à paniquer, ça rappelait à certaine les bombardements dans leurs villes ou leur village. Aliyah et moi on est sorties directement pour voir. Tous les militaires étaient sortis et balancaient des grenades. On remarquait des silhouettes qui couraient et se cachaient. Aliyah m'a tiré par le bras pour qu'on se cache, mais j'ai entendu un cri fort et paniqué de petite fille. J'ai directement arraché mon bras de l'etreinte d'Aliyah et j'ai couru vers la provenance du cri.. Je vois un homme, pas un militaire. Un jihadiste sûrement. Il avait assomé une petite fille et la portait pour l'enlever. J'ai attrapé une pierre et je la lui ai balancé. Malheureusement il ne s'est pas assomé... Il s'est tourné vers moi, a lâché la petite fille, a attrapé son arme, l'a dirigée vers moi... A tiré...

J'ai fermé les yeux, prête à rejoindre le Tout Puissant, loin de mes souffrances et de mon passé, loin de ma peine et de la tristesse.

La mort est ma délivrance...






Thalia: Trahie Par Mon Père J'en Ai Perdu Mes Repères Место, где живут истории. Откройте их для себя