XII - Révélations

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Douzième épisode
« Révélations »


« Rick, je crois sérieusement qu'il y a un problème.

Passant sa main dans sa barbe naissante, le chef de groupe plissait le front en repensant à ce qu'Abraham venait de lui raconter. Son fils ? Violent ? Ça n'était jamais arrivé. Pas comme ça... Pas gratuitement ni envers une fille désarmée. Daryl, qui tirait distraitement sur la ganse de son arbalète qu'il portait en bandoulière, observait les traits sérieux de son frère d'armes. Après une réflexion qui sembla durer des heures, l'homme à la chevelure bouclée finit par demander à l'arbalétrier :

- Tu le penses aussi ?

Haussant les épaules, un peu mal à l'aise de se prononcer, Daryl vit tous ses tocs nerveux refaire surface en moins de deux.

- La fille... Elle avait la trouille, vieux... Avoua-t-il finalement en détournant les yeux nerveusement.

Rick prit une inspiration et hocha la tête doucement.

- Ok... Je vais essayer de lui parler. Je... Je vais régler ça.

Daryl hocha la tête par mutisme alors qu'Abraham, quant à lui, regardait le chef avec une certaine incertitude. Malgré tout, il finit par approuver les dires de son interlocuteur.

- Je te laisse gérer alors...

Ajoute le grand homme en s'éloignant.

- Merci de m'avoir prévenu, lança alors Rick à l'attention des deux hommes avant qu'Abraham ne soit trop loin.

À la suite d'un simple hochement de tête, le roux reprit sa route, bientôt imitée de Daryl.

Se mordillant la lèvre, Rick repensait à tout ça. Il ne savait pas trop comment réagir. D'un côté, il croyait que cette fille pouvait être dangereuse, et maintenant ? Que Carl ait été agressif envers elle ? Il ne savait pas vraiment ce qui avait fait exploser son fils, mais, aux dires des deux hommes de son groupe qui y avait assisté, ça avait été violent. Pourtant, le même matin, ils semblaient en bons termes... Est-ce que ça avait à voir avec ce qu'il lui avait dit ?

Il prit une grande inspiration et entreprit de partir à la recherche du gamin.

×××

Le crayon gratte le papier que je regarde distraitement. Noircissant la feuille, mon cerveau revoit sans cesse les traits déformés par la colère de Carl. Ses yeux, envahis de rage, se matérialisent sous mes doigts.

Je fronce les sourcils alors que la frustration m'enivre. Je me sens tellement stupide. Je m'en veux d'être restée pétrifiée là comme une idiote, la bouche ouverte. Il s'agissait de Carl, bon sens. Un ado qui était seulement un peu furieux. Si je n'arrive pas à lui tenir tête à lui comment, diable, vais-je un jour arriver à regarder un homme de mon âge dans les yeux pour lui renvoyer sa haine ?

Je soupire.

Il était vraiment très furieux. Ses cris me lacèrent encore les tympans. Je recule d'un pas pour évaluer mon œuvre dans son ensemble. Je secoue la tête puis m'en rapproche pour corriger les imperfections. Alors que je lève la mine, j'entends quelqu'un toquer contre la porte ouverte. Mon chevalet m'en séparant, je ne vois pas qui se tient dans le cadre alors que je lance :

- Ouais ?
- Je cherche Aaron.

Mon cœur rate soudain un battement et mes doigts se crispent sur mon crayon alors qu'un frisson s'empare de tout mon corps. Cette voix, je suis persuadée de savoir à qui elle appartient. Alors que je me décale vers la droite pour le voir, je me dis que j'aurais aimé avoir tort cette fois.

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