III - Soif de sang

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Troisième épisode

« Soif de sang »


J'ai décidé de les suivre. Je sais, c'est con. Dangereux. Suicidaire. Mais... Bon d'accord, il n'y a pas de « mais », c'était vraiment tout sauf une bonne idée, je l'admets. Pourtant je l'ai fait.

Pour une raison que j'ignore totalement, ils ont semblé ne plus être sur mes traces quand je les ai retrouvés. Comme s'ils s'étaient lassés ou bien qu'ils avaient trouvé quelque chose de plus intéressant. Oh, bien sûr, s'ils me tombaient dessus, ils se feraient une joie de me faire la peau, mais étrangement ils n'ont plus du tout l'air de forcer cette rencontre inopinée. J'ai d'abord cru que ça pouvait avoir un lien avec l'autre gars : le nouveau qui a l'air d'avoir du mal à s'intégrer même dans une bande non intègre comme la leur, mais je ne suis pas certaine de ce que j'avance. D'accord, il a l'air bizarre, mais je ne crois pas qu'il soit la cause du changement de trajectoire brutal du groupe. Et comme essayer de leur échapper était mon seul réel bût depuis qu'ils nous étaient tombés dessus la première fois, soit il y a plus d'un mois, je n'ai rien trouvé de mieux à faire que de les suivre.

Joe a l'air de bien s'entendre avec le nouveau, même si ça n'a pas tout à fait l'air réciproque. Avec le temps, j'ai cru comprendre qu'ils étaient sur la piste de quelqu'un d'autre. C'est rageant. Frustrant. Ils se sont tout bonnement lassés de moi. Après tout ce qu'ils m'ont fait, ils me laissent en plan. Je les hais encore plus. Ils le regretteront amèrement le jour où je les tuerai.

Actuellement, ils se sont posés pour la nuit. À une distance respectable d'eux, j'ai établi mon campement de fortune. Je suis trop près pour allumer un feu. Alors, assise recroquevillée, j'ai froid. Vita se balade un peu partout. Je crains qu'elle aille trop loin et qu'ils la voient. Elle est forte, mais elle n'a besoin que d'une flèche pour tomber et ne jamais se relever. Elle et la seule qu'il me reste. Sans elle, je suis complètement seule. À force de réfléchir, mes yeux se perdent dans le vide. Qu'est-ce que je ferais sans elle ? En pensant à sa jolie gueule, je la cherche des yeux. Mon cœur se serre. Elle n'est plus dans mon champ de vision. Je me lève d'un bond. Je dois la retrouver au plus vite. J'attrape la première arme qui me tombe sous la main. C'est ce fichu couteau de cuisine, mais tant pis : je n'ai pas de temps à perdre. Je me faufile discrètement entre les arbres quand je vois Vita, j'ouvre la bouche pour l'interpeller avant de stopper net. Un frisson me glace le sang, mon souffle se meurt.

×××

Il était seulement parti pisser. Après s'être éloigné de ce groupe très peu fréquentable pour aller faire sa petite affaire, un bruit près de lui avait fait remonter sa braguette en vitesse. Il avait saisi son arme avant de la mettre en joue et de viser. Il n'avait pas tiré. Ses yeux aux sourcils froncés marqués par l'incrédulité continuaient d'observer l'animal devant lui qui le regardait. Sa langue pendouillait et ses yeux couleur amande le regardaient avec affection.

Un chien.

Qu'est-ce qu'un chien foutait là ? L'homme jeta un regard circulaire tout autour de lui. La bête ne semblait pas méchante. Comme si elle était toujours habituée à la présence humaine. Pourtant, pour avoir croisé des chiens lui-même auparavant, Daryl savait très bien qu'ils avaient tendance à se regrouper en meute et chasser n'importe quoi. Même les humains. Il était presque certain que cet animal avait un maître. Et il aurait parié cher qu'il ne se trouvait pas très loin. Alors que l'homme renvoyait ses yeux bleus dans ceux de l'animal, il baissa son arme. Le chien n'allait pas lui faire de mal. C'était écrit dans ses prunelles et contrairement aux êtres humains, les chiens n'étaient pas fourbes. Leurs regards ne mentaient jamais. Des souvenirs lui revinrent petit à petit pour l'empoisonner sournoisement. Il avait perdu beaucoup à cause d'un simple chien, mais il n'allait pas le tuer pour ça. Ce n'était pas la faute de celui-là.

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