Dead Land

X - Turbulences

Dixième épisode
« Turbulences »

Je passe les grilles avec un air d'enterrement. Je ne suis pas de bonne humeur. Alors quand j'entends la voix d'Aaron qui se répercute dans la rue, je ne vois pas ça comme une bonne nouvelle.

« Kenna !

Je relève seulement les yeux, la tête toujours rivée vers le sol. Je l'observe au travers de mes cheveux qui me bloque presque toute la vue. Qu'est-ce qu'il me veut ? Il s'arrête tout près et considère mes vêtements gorgés du sang des Marcheurs. La panique marque son regard. On dirait mon père quand je lui ai présenté mon premier petit ami.

- Qu'est-ce qui s'est passé ?! me demande-t-il.

Je grogne :

- À ton avis ?

Devant mon air jovial apparent, Rick décide de prendre les devants de la conversation. Sa voix, grave et visiblement un peu frustrée, entame des explications :

- Je l'ai trouvée dans la forêt, dit-il, elle était sur le point de se faire tuer.

Aaron écarquille les yeux et je les maudis tous intérieurement. Qu'est-ce qu'ils en ont à faire de ma survie, merde ? Et lui ? Il ne pouvait pas se taire ? Il omet bien de dire que c'est de sa faute si j'ai fui vers le danger comme une imbécile. Je vois Aaron ouvrir la bouche pour dire quelque chose et, en soupirant, je passe mon chemin. J'ai autre chose à faire.

Manque de chance, il me suit.

- Kenna, attends !

Je me retourne pour le voir me courir après.

- Qu'est-ce qui t'as pris de sortir dehors toute seule ?

Je lève les yeux au ciel, réprimant toute explosion mortelle à l'intérieur de moi-même.

- J'ai survécu toute seule trois mois, Aaron. Va savoir comment, mais je l'ai fait. Ce n'est pas parce que je dors ici, parmi vous, que mes aptitudes ou mon envie de sortir baisseront.

Il prend une inspiration. Je peux voir les rouages de son cerveau s'activer.

- Mais t'as failli y rester !
- Et ouais. C'est le jeu.

Je tourne les talons.

- Ce n'est pas un jeu Kenna ! »

Je soupire et le laisse en plan. Non, mais il croit quoi ? Que je ne suis pas au courant ? Quel con.

×××

Je suis de retour chez moi. Croyez-le ou non, mais je suis parvenue à passer une heure tranquille avant que mon chaperon ne ramène sa fraise. Il est là, devant la porte à me regarder avec un large sourire. Je lève les yeux au ciel et me pousse de la porte sans même lui adresser la parole. Il entre à ma suite et referme derrière lui. Il ne tarde d'ailleurs pas à m'annoncer la raison de sa visite. Il se tortille les doigts, nerveux, pendant que je m'assieds sur le l'appuie-bras du canapé.

« Ce soir, c'est la soirée de bienvenue du groupe de Rick.
- Sans moi.

Il laisse un petit sourire dessiner ses lèvres devant ma réponse si nette.