Chapitre 2-1

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*Chapitre réécrit et corrigé*


           

Nous nous écroulâmes dans le couloir, et durant quelques secondes, je ne pus qu'inspirer dans un sifflement rauque, l'air dont mes poumons avaient si cruellement besoin. La tête me tournait et une multitude de points jaunes et brillants dansaient dans mon champ de vision, me signalant que je n'étais pas passée loin de l'évanouissement. J'attendis encore quelques secondes qui me parurent des heures, persuadée de voir la porte s'ouvrir d'une minute à l'autre et m'empressai de me relever dès que ma tête bourdonnante et mes jambes tremblantes me le permirent.

— Viens Elana on ne peut pas rester là, la pressai-je dans un chuchotement anxieux, tout en la prenant par la main pour l'aider à se relever.

Elle me regarda d'un air hébété, sans réagir. Se contentant de rester là, la respiration saccadée, une main pressée contre sa poitrine, comme si elle ne m'avait pas entendu. Je tirai plus fort et de manière répétée sur sa main dans un geste désespéré pour l'inciter à me suivre.

— Allez dépêche-toi ! tentai-je une dernière fois, la voix de plus en plus pressante et les yeux fixés sur le battant, comme si cela pouvait l'empêcher de s'ouvrir.

Elle sembla brusquement reprendre ses esprits et me fixant de ses yeux paniqués, se leva enfin. Cela n'avait pas dû durer plus d'une minute, mais dans l'état de stress et d'incompréhension totale dans lequel je me trouvais, cela m'avait semblé durer des heures. J'arrachai mon regard de cette fichue porte et le cœur au bord des lèvres je me mis à courir, le plus silencieusement que je le pouvais, en l'entraînant derrière moi.

— Hayden...arrête...je...haleta Elana d'une voix lasse, tandis qu'elle trébuchait pour la troisième fois.

— Encore un petit effort, on y est presque ! L'encourageai-je dans un chuchotement, tout en ralentissant un peu l'allure mais sans m'arrêter pour autant.

— Presque où...mais qu'est-ce-qui passe ? se mit-elle à gémir d'une voix de plus en plus faible avant de s'arrêter brusquement, me stoppant dans mon élan et manquant de peu de me faire tomber.

—Je ne sais pas, mais nous devons trouver de l'aide...

— J'arriv...pl...je...bredouilla Elana d'une voix presque inintelligible et les yeux clos, en commençant à glisser lentement le long du mur.

— Non Elana, ne t'endors pas, lui dis-je en me précipitant vers elle pour la soutenir et l'aider à se redresser avant qu'elle n'atteigne le sol.

Mais j'arrivai trop tard et ne réussis qu'à me retrouver par terre, coincée par son corps inerte. Merde ! Le peu de somnifère qu'elle avait inhalé dans le dortoir était déjà en train de faire effet. Mais endormie ou pas, je ne pouvais pas la laisser là. Je me dégageai tant bien que mal et me redressai avant de la saisir par les épaules et me mettre à la secouer du plus fort que je pouvais pour la réveiller. Elle ouvrit les yeux une fraction de seconde mais sans réussir à focaliser son regard sur quoi que ce soit, avant de les refermer. J'allais réitérer ma tentative, quand des bruits de semelles frappant le béton raisonnèrent dans le silence du couloir. Ils étaient encore faibles, mais gagnaient en netteté à chaque seconde qui passaient, signifiant que les porteurs des dites chaussures se rapprochaient.

Merde, merde, merde ! Si nous ne bougions pas, ils risquaient de nous tomber dessus d'une seconde à l'autre. Je jetai un coup d'œil autour de moi, essayant de déterminer les différentes options qui s'offraient à nous...le moins que l'on puisse dire est qu'elles étaient plutôt limitées ! Le couloir où nous nous trouvions n'offrait de toute évidence aucune possibilité de cachette, j'évitai donc de perdre du temps et saisissant Elana à bras le corps la traînai rapidement et avec une force que je ne m'étais jamais soupçonnée vers l'extrémité du couloir où je dus négocier le virage en douceur pour ne pas qu'elle se cogne contre les murs. Les derniers mètres me semblèrent s'étirer à l'infini, la douleur irradiait de mes muscles trop sollicités commençant à atteindre la limite du supportable et c'est avec un immense soulagement que nous atteignîmes enfin l'atrium.

L'atrium consistait en un grand jardin intérieur carré entièrement entouré de baies vitrées, servant de centre et de poumons au cube de béton d'un étage où nous vivions. Ce petit coin de verdure, qui comportait même quelques arbres, donnait sur une grande pièce qui en faisait tout le tour et servait à la fois de lieu de détente, de rassemblement et aussi de couloir de circulation. Celui-ci desservait les différentes parties du bâtiment qui était divisé en quatre ailes fonctionnelles distinctes. L'aile sud de laquelle nous venions, regroupait les cinq grands dortoirs, les différentes salles de bains et les espaces de détentes. Les ailes est et ouest desservaient respectivement, les différentes salles de classe pour l'un, les réfectoires, cuisines et autres buanderies pour l'autre. Mais celle qui m'intéressait à l'instant présent était l'aile nord, où étaient regroupés les bureaux administratifs, ceux des professeurs et dans laquelle nous avions normalement l'interdiction formelle de nous rendre. Mais à l'instant présent c'était bien le cadet de mes soucis ! Si je voulais trouver de l'aide, il n'y avait vraisemblablement que là que j'aurais une chance d'y parvenir.

Après une petite pause, pour soulager mes muscles douloureux et une énième tentative infructueuse pour essayer de réveiller Elana, je repris ma progression de plus en plus laborieuse en direction de l'entrée de l'aile nord qui se trouvait évidemment de l'autre côté de la pièce. En passant pour la troisième fois devant l'un des nombreux bancs disposés là, je fus tentée d'y installer Elana le temps d'aller chercher de l'aide. Après tout, seule, je n'en aurais que pour cinq minutes tout au plus, alors qu'en la traînant derrière moi il m'en faudrait au moins plus du double.

Je m'arrêtai, indécise, ne sachant qu'elle décision prendre. Si je la laissais là, je courrais le risque que les hommes qui en avaient après nous ne la découvrent, mais en l'emmenant avec moi, je doublais les chances qu'ils nous rattrapent toutes les deux. J'étais d'ailleurs surprise qu'ils ne l'aient pas déjà fait. Je continuai néanmoins sur quelques mètres avant de stopper, à bout de force, les muscles tétanisés et le souffle court. Il fallait bien que je me rende à l'évidence, je n'avais plus le choix. J'installai donc Elana sous un des bancs les plus éloignés de l'entrée sud, espérant que les ombres et le meuble lui-même, la camouflerait assez pour qu'ils passent devant sans la remarquer.

Puis je courus, aussi vite que me le permettait ma poitrine douloureuse, en direction de la double porte qui menait à l'aile nord et qui, à ma grande surprise, était ouverte ! Je ralentis en m'engageant dans le couloir, car soudain...j'étais perdue. J'avais beau n'avoir jamais mis les pieds dans cette partie du bâtiment, j'aurais normalement dû pouvoir m'y déplacer les yeux fermés. Car à l'instar de toutes mes camarades, j'avais dû apprendre les plans du bâtiment par cœur par mesure de sécurité mais là je ne reconnaissais plus rien.  Je continuai malgré tout à avancer d'un pas prudent, ne sachant plus vraiment où aller.

Je n'eus pas à me poser longtemps la question, car je me retrouvais très rapidement devant une nouvelle double porte en métal gris et à l'aspect hermétique, qui bloqua ma progression de manière efficace. J'essayai de l'ouvrir en la poussant, vu qu'elle n'avait pas de poignées c'était la seule option qu'il me restait, mais sans résultats. N'ayant d'autres choix à ma disposition, je me résolus à emprunter l'unique couloir qui partait sur la gauche et qui s'avéra, au bout de quelques mètres, être également une impasse.

C'est alors que j'aperçus une porte surmontée d'un petit écriteau qui indiquait « permanence ». Soulagée et emportée par l'urgence de la situation, je m'apprêtais à entrer, quand je remarquai le grand panneau blanc apposé sur la porte. Le message, rédigé en grandes majuscules noires agressives, avait le mérite d'être claire et direct ! 


*POSTE DE SÉCURITÉ - ENTRÉE STRICTEMENT INTERDITE*

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