Chapitre 7-2

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Par reflexe je tentais de résister et de me dégager, mais un coup d'œil affolé d'Elana me fit aussitôt arrêter mon geste. Si ma nouvelle force surhumaine (ou quoi que ce soit d'ailleurs) se manifestait à nouveau devant tous ces témoins, ce serait une véritable catastrophe. Je me laissais donc entrainer docilement sur quelques pas, avant que la voix du directeur ne nous stop net.

— Lâchez-la Quint, nous ne voudrions pas trop attirer l'attention. Je pense que ces demoiselles ont parfaitement compris qu'il était dans leur intérêt de ne pas faire de vagues, n'est-ce pas... ?

Un frisson glacé me traversa le corps à l'entente de cette menace à peine voilée. Sans compter que son ton réfrigérant et son sourire froid n'était pas fait pour nous rassurer quant à la suite des évènements. D'un signe de tête il renvoya les gardes et après deux bonnes minutes d'attente, prit le même chemin. Quint, d'une secousse dans le dos, me fit subtilement comprendre qu'il fallait que je le suive. Après quelques minutes d'une déambulation pénible dans des couloirs étrangement déserts, nous arrivâmes devant le bureau du directeur. Il en ouvrit la porte et s'effaça pour nous laisser entrer, mais avant que Quint n'ait pu nous suivre à l'intérieur, il lui ferma la porte au nez puis la verrouilla. Lorsque j'entendis le bruit du loquet qui s'enclenche, un frisson glacé me traversa le corps et je me sentis plus mal que jamais.

Nous nous trouvions dans une pièce carrée en béton brut, que seul un immense tapis à motif compliqués noir et marron venait égailler. Deux immenses fenêtres occupaient presque tous le mur de gauche et laissaient entrer à flot la lumière. Ce qui aurait été chaleureux si cette dernière n'avait pas été découpée par les énormes barreaux disposés devant les carreaux, donnant ainsi à la pièce le caractère sinistre d'une cellule de prison. Un grand bureau fonctionnel en métal gris était disposé devant les fenêtres et le mur du fond était recouvert de bibliothèques, également en métal et remplies de livres. L'ensemble était triste et austère et faisait froid dans le dos. Le directeur était à présent assis derrière son bureau et nous toisait sans prononcer un seul mot.

Ne sachant pas comment nous comporter, nous restions bêtement debout à attendre un mot ou un signe de sa part. Plus les minutes passaient et plus je me sentais mal à l'aise, ce qui bien évidemment était le but recherché. J'étais au bord de la nausée et avais la sensation que mes membres pouvaient me lâcher d'un instant à l'autre...je devais faire peine à voir. Pour une fois Elana ne semblait pas plus à l'aise que moi, ce qui me rassura un petit peu.

— Vous savez pourquoi vous êtes là n'est-ce pas, demanda-t-il soudain nous faisant toutes deux sursauter.

— Non justement nous n'en avons pas la moindre idée monsieur, lui répondit poliment Elana.

— Ce n'était pas à vous que je parlais, lui assena-t-il froidement sans même la regarder.

— Alors Hayden vous n'avez rien à me dire, demanda-t-il à nouveau en me fixant impitoyablement de son regard froid.

Je soutins son regard durant ce qui me parût une éternité, mais fus quand même contrainte de baisser les yeux, ce qui me fit me sentir faible et lâche. Je sentis les larmes poindre sous mes paupières mais je luttais de toutes mes forces pour les empêcher de dévaler mes joues. Pas question que je lui fasse ce plaisir à ce salaud. Il fallait que je ravale ma fierté et que je continue à me taire jusqu'à ce que...quoi ? Un miracle se produise ! Je gardais le silence et la tête baissée tout en essayant de croiser le regard d'Elana. Celle-ci me fit un petit sourire d'encouragement, releva la tête et remonta au créneau.

— Vous voyez bien que nous ne comprenons rien à ce qu'il se passe ici. Vous devez faire erreur...

— Je ne fais jamais d'erreur et vous feriez mieux de vous taire une bonne fois pour toute...ma patience à des limites, lui dit-il d'une voix grondante en la regardant enfin.

Je la vis perdre sa contenance quelques secondes, avant qu'elle ne se redresse et ne soutienne son regard d'un air bravache. Qu'est-ce que j'aurais aimé avoir un dixième de son courage...à moins que ce ne sois de la bêtise, me dis-je en voyant la colère envahir le visage du directeur. Il se leva d'un bond, mettant ainsi fin à leur duel sans perdre la face, et contournant son bureau vint se placer en face de nous histoire de nous dominer de toute sa hauteur.

— Dernière chance jeune fille, me dit-il à quelques centimètres de mon visage. Qu'avez-vous entendu cette nuit, me demanda-t-il en murmurant pour être sûr que je sois la seule à l'entendre.

Je sentis tout mon sang déserter mon visage à l'entente de ces paroles. Il savait. Le professeur avait raison, j'aurais mieux fait de l'écouter et de lui faire confiance. Maintenant il était trop tard pour moi, mais je pouvais encore faire quelque chose pour Elana.

— Je vous le dirais à condition que vous laissiez Elana tranquille, elle n'a rien à voir là-dedans, lui répondis-je sur le même ton de conspirateur.

— Vous n'êtes absolument pas en position de négocier, rugit-il en se redressant brusquement. De toute façon cela n'a plus d'importance, dit-il en retournant à grands pas vers son bureau et en décrochant le téléphone.

Je lançais des regards désespérés en direction d'Elana, espérant qu'elle aurait une idée de génie pour nous sortir de là. Mais le coup d'œil paniqué qu'elle me renvoya, me fit rapidement comprendre qu'elle était aussi dépassée que moi.

— Quint, aboya-t-il. Venez les chercher immédiatement !

Puis après avoir raccroché brutalement, il s'approcha de la porte qu'il déverrouilla. Quint était déjà là, planté devant la porte, droit comme un I.

— Elles ne veulent pas parler. Je n'ai donc pas de temps à perdre, emmenez-les.

Quint nous lança un regard mauvais, puis s'écarta pour laisser passer deux gardes qui se placèrent derrière nous et nous firent signe d'avancer. Nous quittâmes donc le bureau d'un pas lourd, ne sachant toujours pas ce qu'ils comptaient faire de nous et ce qui allait bien pouvoir nous arriver.

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