C'est rien, c'est rien...

Ils savent sans doute que je suis là, dans les rues. D'habitudes ils me craignent, mais ce soir c'est différents : la rage les rends fort, ils déraisonnent et ne craignent plus personne. Okey les gars : on va la jouer comme ça. Mais pour l'instant j'ai autre chose à faire, alors barrez-vous de ma route.

Je ne sais plus depuis combien de temps je cours. Je vois un groupe de gamins qui jouent les caïds en s'en prenant aux gens qui fuient. M'en prendre à eux ça serait lâche, mais s'ils ont la mauvaise idée de vouloir me stopper...

Mon allure de sprinter les inquiètes visiblement. Ils ne voient pas mes yeux, mais ils sentent surement que je ne suis pas là pour rigoler. L'un d'eux essaye vaguement de s'interposer et de me bousculer, mais je suis un boulet de démolition humain lancé à pleine vitesse, et lorsque je le percute il recule de 5 bons mètres sous le choc. J'entends quelqu'un qui hurle, il doit être salement amoché.

Désolé mais pour les secours il faudra patienter.

J'arrive à l'angle d'une immense avenue, éclairée de ci de là par des voitures qui flambent. Du verre brisé des traces de sang. L'émeute se répand comme un virus et pourrit les artères de la ville. En temps normal ça m'inquiéterait et j'essayerai de faire quelque chose, mais là pas la peine d'y compter, ce soir c'est toute seule que la ville devra se débrouiller.

Je continue de courir, je croise de moins en moins de gens. De temps en temps je vois une silhouette au sol qui baigne dans son sang.

C'est rien, c'est rien...

J'entends le bruit d'une voiture, qui dérape. Elle s'engage sur l'avenue et très vite me rattrape. Ils ont dû appeler des renforts, ils veulent vraiment me voir mort. Mais désolé les gars une voiture c'est pas assez : appelez l'armé si vous voulez une petite chance de m'arrêter !

J'augmente la cadence et ils ne réalisent pas que je les tiens à distance juste avec ma paire de Puma. L'un d'eux sort par la fenêtre avec une arme, tire, fusille, fait du vacarme. Dommage pour lui les balles me fuient, ils devraient en faire autant mais malheureusement je les sens persévérant.

Je me décale et ralentit la cadence brusquement, je leur arrive sur le côté et je charge en hurlant. Ils n'ont pas le temps de comprendre que la voiture se renverse. Elle glisse 10 mètre et percute un poteau qui s'affaisse. Je ne veux pas savoir s'ils sont vivants, je ne peux pas m'arrêter, non pas maintenant.

Je regarde le ciel, la Lune est pleine. Est-ce que c'est elle qui les rend fous ? Et c'est qu'elle sait ce qu'elle fait de nous ? Partout c'est le même décor : le feu, la mort.

J'essaye de me convaincre que tout va bien. Que j'ai le contrôle et la situation bien en main. Mais je pense à Elle et je panique. Je presse encore le pas de ma foulé mécanique.

Dans le ciel maintenant des hélicoptères survolent le champ de bataille. C'est la police, ou l'armé peut être. Ils lancent des messages de propagandes qui ciblent à foule, mais elle y est insensible et la violence redouble.

Sur mon chemin je croise beaucoup de gamin, des p'tits cons de 15 ou 16 ans : ils sont les méchants d'un James bond filmé en direct par les chaines de télé, mais ce coup-ci pas de 007 pour les arrêter.

Vous la vouliez votre crise sociale ? Vous vouliez qu'elle explose votre ville ? Et bien messieurs c'est fait : vous allez récolter en une soirée que ce que votre haine à fait germer. Fini les plans et les slogans, fini le temps ou vous vendiez du vent aux enfants maintenant ils sont grands et ils vont planter les dents dans le flanc ardent de votre ville de brigands.

Ce sont maintenant les Champions du Désordre, ils vont semer la panique et vous passer au bout d'une corde. Ils n'ont finalement plus rien à perdre, libéré de la logique basique que vous vouliez instaurer. Maintenant ils ont des flingues et envie de faire tout sauter ! Ils vont déraciner vos valeurs américaines et leurs foutres le feu sur la première chaîne.

Le défi BradburyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant