Emeutes

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(ce texte est inspiré par la chanson "émeutes" du rappeur Passi)

Ouais, okey...

C'est rien, c'est rien...

Je dois pas perdre de temps. Il faut que je presse le pas. Courir ? Ça serait p'tetre mieux comme ça.

Dans la rue l'humeur est sale : du bruit des bris des flammes. La ville est en proie à la folie.

La nuit est dégagé, et par la lune éclairé. Les dieux veulent voir le monde s'effondrer, ils ont placé le décor et maintenant ils regardent. Les gens courent, hurlent, les tarés frappent, cassent et sèment le chaos.

C'est rien, c'est rien...

Premier obstacle devant moi, une bande à monter une barricade. Ils ont placé des voitures en travers de la route, ils ont entassé ce qu'ils pouvaient pour faire barrage.

Désolé les gars mais ce soir, ce genre de connerie je les dégage !

Ils sont surpris de me voir, parce que je vais vers le chaos plutôt que de fuir, parce que contrairement aux autres je ne dois pas avoir l'air de craindre le pire. Non, moi je fonce et j'accélère le pas, comme un bélier humain supersonique, comme une balle de fusil, un truc de chasse à l'éléphant. Je crois qu'ils ne se rendent pas compte de qui je suis parce qu'ils avancent droit sur moi. Y'en a un qui a une petite lame, un autre qui se fait craquer les doigts.

Désolé les gars mais ce soir y'a pas de pitié.

J'accélère encore plus le pas. Mon souffle est court, mes muscles chauds. Je sens le Yang prendre le dessus en moi. L'air froid de la nuit affute mes sens. Lorsque je porte le premier coup je suis comme au ralentit. Je sens en détail l'os de la mâchoire de ce type qui se brise lorsque mon poing le frappe. Je sens toute l'énergie qui transite du sol à mes genoux, de mes genoux à mes hanches, de mes hanches à mes épaules, de mes épaules à mon poing, de mon poing à sa tête.

Le coup est si fort que sa nuque a du mal à supporter l'effort et manque de se briser. J'y suis peut être allé un fort...

C'est rien, c'est rien...

Je continue dans mon élan, je n'ai pas marqué l'arrêt un seul instant. J'attrape le second par le col et me jette en avant sur lui. Il perd l'équilibre sous mon poids et il chute lourdement sur le dos. Je cale mes genoux sur ses omoplates : lorsqu'on touche le sol ils se brisent comme des brindilles.

Je profite de ma position pour rouler en avant et me remettre debout. Je n'ai pratiquement pas perdu de vitesse. Le troisième est inquiet. Il veut s'enfuir mais je ne lui en laisse pas le temps. Je donne une impulsion et le cueille au menton d'un coup de genoux.

J'ai juste le temps de le voir basculer tandis qu'une giclé de sang s'envole à côté de moi. Je ne tourne pas la tête, je ne regarde pas. Je n'ai pas un instant pour ça.

La barricade me barre le passage, je n'ai pas le temps de la contourner : c'est la prochaine sur ma liste. Mon corps devient très chaud, je continue d'accélérer. Je me penche en avant, les bras en bouclier, je sens à peine l'impact que le métal éclate. Les vitres des voitures claquent comme lors d'un accident, l'acier se plie et les pneus éclatent dans un bruit terrifiant.

Je ne me retourne pas pour voir la scène. Je n'ai pas un instant pour ça, il faut que je me dépêche. Derrière moi j'entends un lourd fracas : ça doit être l'une des voitures qui vient enfin de toucher le sol.

Je m'avance de plus en plus dans cet enfer. Les rues et les voitures enflammées, des gens devenus fous qui pillent. En temps normal ça m'aurait interpellé, je serais allé les voir, j'aurais fait quelques choses. Mais ce soir je n'ai pas un instant pour ça. Dans ma tête il y'a plus urgent, je mets tout le reste en second plan.

Le défi BradburyWhere stories live. Discover now