Le coup du sombrero malgache

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L'air chaud provenant du Mojave avait commencé à remonter le Strip tandis que l'après-midi débutait. Ce moment de torpeur dans une ville qui ne dort jamais, était ce qui pouvait le plus ressembler à une accalmie. Car à Las Vegas, ce n'était pas la nuit qui apportait le calme, mais l'écrasante chaleur qui ne pouvait se supporter qu'à coup de climatiseur.

Alexander était habitué à ce climat, comme tous les gens du coin qui travaillaient et vivaient ici. Lorsqu'il était adolescent, le Strip et ses casinos étaient son terrain de jeu, et en grandissant, ils l'étaient restés... mais d'une autre manière.

Il coupa le moteur puis rehaussa le siège de la voiture pour y être plus à l'aise tandis que le vendeur lui sortait son baratin.

"Monsieur vous pouvez être sûr qu'une telle affaire ne se voit pas tous les j...
- La balade m'a convaincu : je la prends. Faite les papiers" dit-il avec calme.

En moins de 15 minutes, l'affaire était signée, et le vendeur lui donna les clés et les papiers de la GT Shelby qu'il venait de payer cash 40 000 dollars. Bien sûr c'était un caprice, mais après avoir passé plusieurs mois en cavale, Alexander Bluesummers était bien décidé à se la couler douce autant qu'il le pouvait.

Et puis pour ce qu'il comptait faire, il valait mieux qu'il ait une bonne voiture...

Le rendez-vous avec Eddy avait été fixé à 5 blocs de là, dans un café latino nommé "le Madrigal", le genre de petite enseigne soit disant typique mais où toute la nourriture était préparée d'avance par une petite entreprise de surgelé du sud de Palo Alto.

Assit sur un rebord de fenêtre, Eddy attendait un cigarillo éteint au bout des lèvres. Il avait essayé un nombre incalculable de fois d'arrêter de fumer, puis avait décidé que quitte à être accro, il le serait avec des produits haut de gamme. Depuis il ne fumait plus que des cigares d'importation cubain qu'il obtenait dieu sait comment et à quel prix, ou bien d'élégants cigarillos au puissant parfum de vanille. Lorsqu'il vit Alexander, il attrapa le briquet à essence qu'il gardait dans sa poche et dans un geste expert le fit claquer et s'enflammer pour finalement allumer l'objet de son addiction.

Les deux hommes s'avancèrent l'un vers l'autre, sans un mot, puis restèrent un bref moment à se fixer. Les yeux bleus profond couleur cobalt d'Alexander dégageait comme toujours ce sentiment de puissance et de maîtrise qui avait toujours impressionné Eddy. Il esquissa un sourire tout en tirant une petite bouffé de son cigarillo, puis se mit à rire de bon cœur et à donner d'amicales tapes sur l'épaule d'Alexander.

"Ha ha ! C'est bon de t'voir Alex" commença Eddy "je savais que ces connards pourraient pas de tenir éloigné du Strip bien longtemps
- Ils sont trop prévisible"
- Ecoutez-moi ça... Alexandre le Grand de retour sur ses terres prêt à en découdre !"

Eddy donna une dernière accolade à son ami puis reprit sur un ton plus sérieux.

"Avec tout ça j'ai pas pu te dire... je suis désolé pour Parker. Ce qui est arrivé c'est...
-Je te remercie Eddy. Je sais que tu as fait ce qu'il fallait en mon absence. Je payerai ma dette
-Hey : pas de ça entre vieux frère, Parker c'était aussi mon amie"

Le cigarillo était à peine entamé mais Eddy le laissa tomber à terre puis le foula du pied pour l'éteindre. Alexander le fixa de ce regard qu'il prenait quand il avait un reproche à faire.

"Quoi ? Tu vas pas m'emmerder pour un mégo ?
- Il y'a des cendriers à l'entrée du restaurant. C'est fait pour ça
- Ah bordel j'étais content d'te voir mais heureusement que tu me rappelles à quel point tu peux être chiant parfois !"

Cette fois ce fût Alexander qui lui adressa un petit sourire amusé.

***

"Alors Alex : C'est quoi la suite ?"

Le défi BradburyWhere stories live. Discover now