Chapitre 5

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Sonia

Dans la chambre, la lumière bleutée se dispersait un peu partout, éclaircissant le blanc immaculé des draps et révélant la légère poussière flottante dans l'air.
Je contemplais le plafond, des tâches d'humidité en recouvraient les coins et en son milieu, le ventilateur tournait lentement, créant une brise délicate. J'inspirais et expirais lourdement, méditant à mon avenir avec cet homme. Je vivrais bien ici si je me comporte bien. Il prend soin de moi, et les restrictions se feront de plus en plus rares tant que je ne tente pas de fuir. Il me laissera vivre normalement.

Je sentais le corps de Dylan qui commençait à se mouvoir près de moi. Je l'observais, ses muscles dorsaux bougeaient un à un tandis qu'il se tournait vers moi. Il ouvra ses yeux qui vinrent se poser droit dans les miens.

"-Maria, tu es splendide..."

Ses prunelles bleus s'illuminaient et brillaient comme deux saphirs, le soleil éclairait son visage pâle contrastant avec sa magnifique chevelure noire corbeau. De fines rides se traçaient aux coins de ses yeux lorsqu'il souriait.

"-Tu as faim ? Je pars te cuisiner quelque chose, ne bouge pas."

Puis il s'en alla dans la cuisine. J'en profitais pour mettre mon nez dans les tiroirs. Il n'y avait rien que des sous-vêtements et des habits usés pas le temps. Je balaye la pièce de mes yeux. Le lit, il y toujours quelque chose caché sous le lit, dans tous les films. Ma tête se glissa sous le sommier. Il y avait une petite boîte en fer. Mes petits bras l'attrapèrent sans difficulté. Puis je l'ouvris, découvrant un petit journal rempli de photos, un journal intime. Celui de Maria, elle racontait tout, je pourrais le lire et remplir mon rôle à merveille, mais il ne faut pas que je m'y perde. Je refermai la boîte et la remise en place, gardant le petit cahier sous le matelas.

Dylan revint avec un plateau en bois entre les mains. Une odeur d'œufs brûlés se répandait dans la chambre.

"-Désolé je ne sais pas vraiment cuisiner. On peut sortir manger si ça te dit."

"-Je veux bien. Dis moi, d'où prends-tu ton argent ? Tu ne travailles pas il me semble."

"-Je t'expliquerais lorsque nous prendrons notre petit-déjeuner. Habilles toi, on pars dans trente minutes."

Il sortit de la commode une petite robe en satin couleur crème. Je ne l'avais pas remarqué tout à l'heure, elle était vraiment belle. Elle avait un léger décolleté et de fines bretelles, la coupe était fluide et s'arrêtait au dessus des genoux.

"-Oh, merci il ne fallait pas ! Elle est superbe, un peu légère pour sortir... Mais très belle."

"-Ahah oui ne t'inquiète pas, je t'ai également pris ceci, il ne faudrait pas que tu attrape froid."

Puis il me tendit un long manteau vert kaki, les deux styles ne s'accordaient pas, mais c'était l'intention qui comptait.

Nous marchions en direction d'un petit café qui se trouvait à proximité de ma vraie maison, il aimait jouer avec le feu à ce que je vois. "Bloomer Hills Coffee"quelle originalité. C'était plutôt mignon, la façade était en bois peint en blanc cassé, l'encadrement des fenêtres et les portes étaient en bleu pastel. La vitrine était remplie de gâteaux. En entrant, une forte odeur de café chatouilla mes narines, autour de moi, les gens parlaient, il y avait du mouvement. Quelques visages m'étaient familier, mais personne ne se souciait de moi.

Nous nous sommes assis sur une petit table dans le fond. Une serveuse était venue prendre notre commande. Elle était toute petite, ses cheveux se dressaient sur sa tête et étaient plus imposants qu'elle.

La tête baissée vers son calepin, elle s'exprima : "Bonjour, je peux prendre votre commande ?", puis elle jeta un coup d'œil vers ma direction.

"-Oh mon dieu..." Elle semblait horrifiée, elle me fixa pendant quelques secondes, évitant tout contact visuel avec Dylan.

"-Qu'y a-t-il ?"

"-Ah.. Euh rien de grave monsieur, je... Je me suis juste rappeler quelque chose d'urgent."
Elle se précipita vers le comptoir.

"-Maria, on doit y aller maintenant."

"-Pourquoi ? Il n'y a rien de pressant, et puis j'ai faim."

"-Non, on pars, je t'emmène ailleurs, la petite t'as reconnu j'en suis sûr. Elle a dû voir des affiches."

"-Mais non, c'est que de la paranoïa ! De toutes les façons, je n'aura qu'à nier."

"-Imagine que ton ami en ai parlé, que les gens sont à ta recherche secrètement."

"-Non c'est fou, ne t'inquiète pas, je gère."

Je ne contrôlais pas du tout la situation, je ne savais pas si je voulais qu'on me "sauve" de Dylan. Je ne savais pas où j'en étais.

Je voyais la serveuse derrière le comptoir, elle était nerveuse, elle nous observait, elle me fixait. Attendait-elle un signe de ma part ?
Un officier de police fit son entré dans le café, il regarda toute la salle jusqu'à ce que je vis son regard s'arrêter sur moi. Il s'approcha de notre table.

"-Bonjour monsieur. Mademoiselle."lança-t-il dans un hochement de tête.

"-Bonjour monsieur l'agent."

"-Tout va bien mademoiselle ? Vous semblez, sur les nerfs."

"-Elle va bien."

"-Ce n'est pas à vous que je m'adressais."

"-Tout va bien monsieur, tout va bien...", qui tentais-je  de convaincre en disant cela ?

Il repartit poser des questions à la serveuse.
Dylan me dévisageait, j'aurais pu tout dire et reprendre ma vie d'avant. Cependant, mon ancienne vie était quelque peu ennuyante. C'était tous les jours la même routine, je cherchais l'affection et l'attention de ma mère, jouant à la petite fille modèle. Je me résumait à ça. Dylan était pour moi l'occasion de me révéler, de découvrir ma personnalité, d'entrer dans le monde adulte, dans le vrai monde. Dans une réalité totalement imprévisible. Je pourrais tout recommencer, me reconstruire.

"-Dylan, je veux rester avec toi, je veux que tu me fasses grandir, mûrir."

"-Non."

StockholmWhere stories live. Discover now