Chapitre 18 : Let me down.

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"Les personnes qui commettent un suicide espèrent inconsciemment qu'on les sauvera in extremis et ne se rendent généralement compte qu'au tout dernier moment de la gravité de leur tentative. L'animal humain aime, certes, fuir ses responsabilités, mais ce genre d'évasion définitive lui est odieux."- Alice Parizeau

Il tourna à la première rue adjacente et se mit à courir. Courir si vite qu'il ne savait même pas où il allait, il courait pour se calmer, il courait pour oublier sa peine, il courait le plus rapidement possible pour s'aliéner totalement du monde qui l'entourait. Il courait pour effacer le regard destructeur de Tyler, cette joie de l'achever qui brillait dans ses yeux. Il s'arrêtait sur un trottoir, loin, dans une rue presque déserte, essoufflé, hors d'atteinte et il s'appuya sur ses genoux. Il tentait de calmer sa colère, l'ouragan qui se déchaînait en lui avec violence. Il le détestait ce foutu blond, merde, qu'est-ce qu'il foutait à Londres ? Thomas se maudissait, Thomas se détestait d'être aussi faible face à lui, de laisser sa rancœur et sa haine envers Tyler le contrôler autant. Il n'était que le fruit d'une haine sauvage et déterminée à détruire tout autour de lui, sans Liam, il aurait écraser son poing dans la face de ce maudit Tyler. Thomas releva les yeux, il venait d'arriver au bord de la Tamise, elle était basse à cette heure-là (oui, la Tamise subit les marées), le soir tombait et Thomas sentait son ventre se déchaîner entre des sentiments contradictoires. Il ferma les yeux, s'appuyant contre la rambarde qui bordait le fleuve londonien et inspira. Il se répétait inlassablement "Je n'ai pas peur de lui." De toute manière, Thomas s'était juré de ne plus avoir peur, mais les autres, ses proches, son père, Newt, Liam le rendaient faibles, il se contrôlait pour les protéger eux, lui s'en fichait de finir sa vie avec la gueule de travers, explosée sur le goudron. La mort ne l'effrayait pas, mais la perte des gens qu'il aimait, si. C'était sa plus grande hantise, il ne pouvait pas les perdre, ses proches. Il inspirait fortement, sentant la nuit qui commençait à tomber et se dit qu'il fallait rentrer maintenant, il ne pouvait pas le fuir. en plus, il avait promis à Newt de revenir. Déjà qu'il ne s'attendait pas du tout à le voir là, mais qu'en plus le jeune blond avait été témoin de son altercation cinglante avec Tyler, il ne pouvait pas le laisser sans explication. D'abord, il mourait littéralement de son absence, alors bien sûr qu'il allait bouger son cul pour passer quelques minutes avec Newt. Son Newt. Et en plus, sachant que les deux blonds se connaissent, ça serait une belle revanche pour Tom d'afficher un sourire sous le regard méprisant de Tyler, juste en compagnie du fils Spencer. Il traversa le pont piéton et remontait les rues d'une allure assurée. 

Thomas revenait une vingtaine de minutes plus tard. La tension était retombée sur le restaurant. Il s'avança vers la table du blond alors que Newt se tenait les coudes contre la table, le visage caché dans ses mains. Il semblait inconsolable, il l'avait vu là, au bord de la rage, encaissant les insultes de Tyler Lewis, sans défense, prêt à capituler, à lui faire manger le parpaing et Newt n'était même pas intervenu, il était lâche. Son petit-ami avait des ennuis, il venait de vivre une des pires confrontations de sa vie sans doute, ravivant son passé tumultueux et plein de cauchemars. Newt était assis là, à les regarder s'entre-tuer du regard, regarder Tyler lui en foutre plein la gueule, lui rappelant un peu plus qu'il avait perdu une personne qui lui était proche, l'écrasant de son pouvoir de gosse de riche, le provoquant pour qu'il craque. Il se sentait con, faible et incapable. Il l'était. Thomas ne reviendrait pas. Newt avait envie de pleurer, de s'insulter, de se foutre des baffes d'être aussi faible, de penser à son père avant son petit ami, il aurait du allonger son poing dans la gueule de Tyler, lui faire bouffer sa chemise blanche et son sourire de connard. Mais il savait que Lewis et Spencer étaient comme deux doigts de la main et que si leurs fils s'entre-dévoraient pour un gamin du petit peuple, Tate aurait donné la pire correction à Newt et Arthur en aurait profité pour envoyer Thomas dans le pire endroit du monde, où il ne reverrait jamais la lumière du soleil. 
 Minho et Teresa à court de mots face au désespoir de Newt.

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