Unstiteuf #2

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Plus long et dans un Univers Alternatif. Nord-Pas-de-Calais des années 30.

Un jeune homme brun marchait dans les rues de Lens. Ses vêtements étaient sales, noirs. Il rentra chez lui. Sur la table de bois grossier l'attendait un repas préparé par sa sœur. Il était froid mais le brun en avait l'habitude. Il soupa tranquillement en écoutant le clapotis régulier de la pluie contre les pavés irréguliers des rues et les plaques d'ardoises des toits. Il monta ensuite se changer et se coucha auprès de sa sœur, Ophélie. Le lendemain, le garçon fut réveiller par la jeune fille qui souhaitait changer les draps du lit. Il se leva en proférant des injures à son égard et se prépara à aller travailler. Avant de partir, sa grande sœur l'arrêta :

« Tu seras là pour dîner ? Ou souper ?

-Probablement pas.

-Pff... t'es jamais là !

-Oui mais c'est pour manger notre pain et notre soupe !

-On dirait le discours d'un bourge...

-Moi ? Bourge ? Laisse moi rire ! »

Sur ces mots, le brun partit travailler. Alors qu'il arrivait sur les toits de Lens, le soleil se levait à l'horizon, perçant les nuages gris. Ses collègues le rappelèrent à l'ordre :

« Arrête de rêvasser Sébastien et travaille ! Mérite la paye qu'on te donne ! »

Le sus nommé soupira et se remit au travail. À la pause du midi, il dîna avec ses collègues et amis pour certains puis travailla encore jusqu'à la tombée de la nuit. En descendant des toits, il remarqua qu'il allait pleuvoir, et bien plus fort qu'hier. Il hâta le pas. Dans sa précipitation, il rentra dans quelqu'un et tomba dessus. Rouge de honte, il se releva et proposa son aide à celui qu'il avait fait tomber.

« Je suis désolé !

-Ce n'est pas grave... »

Sébastien observa l'homme de haut en bas. Il portait un béret et un polo anthracite, une chemise blanche, un long et épais manteau de la même couleur que son jean, noir, et des chaussures en cuir. Son visage était assez fin. Sa mâchoire était parsemée de poils châtains-roux de couleur semblable à celle de ses cheveux qui, eux, tiraient plus vers le brun. Ses yeux chocolats reflétaient de la joie et de la gaieté insouciante que l'on retrouve également dans ses traits.

« Tout va bien ? S'enquit le plus jeune

-Oui, oui, et vous ?

-Oui. Je m'en veux de vous avoir bousculé et renversé, je ne regardai pas où j'allai.

-Je l'avais bien remarqué. »

Alors que les deux hommes discutaient, l'averse tomba. La rue se vida alors en quelques secondes, les laissant seuls au milieu de la route. Ils allèrent se réfugier au moulin non loin. Ils entrèrent, trempés, et le plus grand se mit à parler :

« Je crois qu'on devra passer la nuit ici, remarqua-t-il.

-Ouais, ça va être inondé... »

Sébastien s'assit sur un petit tabouret et prit sa tête dans ses mains. Le châtain se mit devant lui.

« Je m'appelle Julien, et vous ? »

Surpris, le jeune homme releva la tête vers la main de Julien. Il la serra.

« Sébastien. »

Le plus vieux s'assit à côté du brun, sur le sol.

« Puisque nous sommes amenés à rester la nuit ici, autant faire connaissance ! Continua-t-il. J'ai 20 ans, et toi ?

-19. Tu habites à Lens ou Doüay ?

-Lens, mais je travaille à Doüay. Et toi ? »

Sébastien rit.

« Moi c'est tout le contraire, tu vois ?

-Et tu vis seul, avec tes parents ?

-Je n'ai plus de parents depuis une paire d'années déjà. Je vis avec ma grande sœur.

-Oh, je suis désolé...

-Ce n'est rien, je ne les ai quasiment pas connus. Et toi ?

-Je vis seul.

-Mmh, d'accord. Tu travailles dans quoi à Doüay ?

-Je suis dans le textile. »

Le cadet fronça les sourcils.

« Ce sont les femmes, normalement, qui y travaille.

-Je suis contremaître d'une petite usine. Rien de bien incroyable. Tu travailles dans quoi, toi, à Lens ?

-Je suis ramoneur, comme tu peux le constater. »

En effet, le brun avait la figure noire de suie et ses vêtements étaient teints de la même couleur. La discussion suivit une bonne partie de la nuit. Julien et Sébastien s'entendait merveilleusement bien. Ils s'endormirent sur le sol du petit moulin. Le lendemain, le chant du coq les réveilla tout les deux. Le cadet sortit mais fut vite rejoint par son ami.

« Hé ! Tu t'en vas déjà ? Il n'est même pas six heures, il fait encore nuit noire !

-Je dois rentrer me changer et prévenir ma sœur que je vais bien.

-Mmh... d'accord... Mais promets moi qu'on se revoit.

-Évidemment !

-Tiens. »

Julien lui tendit un bout de papier où était inscrit une adresse, la sienne. Sébastien le prit et s'en alla en saluant son ami. Lorsqu'il rentra, Ophélie l'attendait.

« Où étais-tu bon sang ! Je me suis inquiétée !! S'exclama-t-elle.

-J'ai passé la nuit au moulin avec un autre homme.

-Mmh... Tu n'es pas blessé au moins ?

-Non Ophé, ne t'en fais pas. »

Rassurée, Ophélie retourna à son ménage. Le brun se changea bien vite et alla travailler. Il ne travaillait pas le lendemain et souhaitait donc passer chez son ami. Ce jour là arriva bien vite. Le jeune homme s'excusa en embrassant sa sœur puis parti. Il marchait jusqu'à Lens, puis la rue indiquée. Il chercha le numéro inscrit sur le papier. Une exclamation ravi se fit entendre lorsqu'il trouva enfin. Il frappa doucement à la porte et attendit. Pas bien longtemps car la porte s'ouvrit.

« Bonjoru Sébastien !

-Bonjour Julien ! »

Le plus jeune entra et son compagnon lui fit signe de s'asseoir. Ils discutèrent longuement, toute l'après midi, puis sonna 19 heures. Le brun se leva.

« Je dois y aller ! Je suis désolé !

-On se revoit la semaine prochaine, sourit l'aîné.

-Bien sûr ! Renchérit Sébastien. »

Plusieurs mois étaient passés depuis que Julien et Sébastien s'étaient rencontrés. Ils se voyaient toutes les semaines, mais depuis peu, tout les deux avaient besoin de plus de l'autre. Il ne comprenait pas ces sentiments envers une personne semblable, la société arrivait à les répugner d'eux-mêmes lorsqu'ils y pensaient. Pourtant, quand ils étaient ensembles, ils oubliaient tous les dictâtes et tous les interdits. Un jour, le plus jeune frappe chez son ami d'une mai tremblante, résolu à lui dire. Une insouciance et une force nouvelle l'animait. Le châtain lui ouvrit en souriant et le laissa rentrer. Une fois à l'intérieur, le brun se tourna vers son aîné et le regarda dans les yeux.

« Ju, je dois te dire que... »

Il se coupa. Il n'avait pas besoin de finir, le sus nommé avait très bien compris. Il avança lentement et passa une main dans le bas du dos du plus petit et une autre sur sa joue. Leurs visages se rapprochèrent et leurs lèvres se frôlèrent, leur provoquant milles frissons. Ne tenant plus, Julien plaqua sa bouche à celle de son ami et l'embrassa avec passion. Ils s'écartèrent pour se fixer l'un l'autre.

« Je t'aime, finit le brun.

-Moi aussi, Seb, répondit avec tendresse l'aîné. »

Et ils s'embrassèrent de nouveau, libre et amoureux.

Recueil de textes gaysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant