Chapitre 7: Elle

31 6 5
                                    

Pourquoi restent-ils ici ?

Le garde derrière moi prend la parole en premier.

- Mec !

Je sens que les yeux de l'homme d'en face sont fixés sur moi.

- Elle se rebelle, et moi je fais seulement mon travail.

Je relève la tête et vois sur son visage une expression malsaine.

- Non ! Elle s'est excusée. Dois-je te rappeler que, si tu la touches, le Directeur te fera souffrir, à un tel point que tu le suppliera de te tuer. Souviens-toi de Pierre.
Il avance de quelques pas et se retrouve à mes côtés, face à son ami.

Qu'est-il arrivé à ce Pierre ?

- Je ne compte pas la toucher, je veux juste..., il se retourne et prend quelque chose qui était posé sur le lit avant de me le tendre. Tu dois te changer, et afin que tu ne fasse pas de bêtises, nous devons te garder à l'œil, une mort est si vite arrivée.

Il sourit toujours...
Il ne va pas bien ?
Je ne vais certainement pas me changer devant lui.

Il reprend la parole :

- D'accord, dans ce cas...
Il avance vers moi, alors que je recule.
Le jeune homme que j'ai frappé se place entre nous.

- Arrête maintenant, ça suffit !
Il est prêt à mettre son poing dans la figure de son collègue... pour moi ?
Il ne veux, sans doute, pas qu'il lui arrive quelque chose et moi non plus, pas par ma faute.

- Ok ! Lâche-t-il dans un sourire, t'emballes pas !

Il repose les vêtements sur le lit et s'en va sans se retourner.

- Désolé, me dit celui qui a pris ma défense, en se tournant dans ma direction. Il est assez impulsif quand il est énervé.
Il me fait un léger sourire, et, sans rien ajouter, il sort de la pièce en prenant soin de fermer la porte à clé.

Je me retrouve donc seule dans cette pièce totalement vide, excepté le lit dans le coin à droite. Ce n'est qu'un matelas usé sur un vieux sommier, il n'y a même pas de draps.

Pourquoi suis-je ici ? Pourquoi me garde-t-on enfermée ?
Ma famille est-elle au courant de tout cela ?
Ma famille...
Ces mots ont du sens, je les comprends, mais je ne saurait comment expliquer le fait que je ne puisse y apparenter aucun nom, aucun visage...
Je n'ai absolument aucun souvenir de ma vie avant mon réveil dans le noir.
Que m'ont-ils fait ? Est-ce une maladie qu'ils auraient tenté de guérir ?
Des larmes coulent sur mes jouent, je ne les retiens pas et me couche.
Pendant plusieurs minutes, j'essaie de revenir en arrière dans mes souvenirs, mais il y a comme un mur invisible, infranchissable. Ne pas me rappeler, connaître des mots qui ont un sens : père, mère, frère, sœur,... et ne pas pouvoir en donner une définition précise, familière, me rend dingue.
Comment ai-je pu oublier toute ma vie ?

Les jours suivants, c'est la même chose.
Je suis devenue spéléologue, je m'aventure dans mes souvenirs, remontant jusqu'aux plus anciens, mais rien y fait, le mur ne part pas.

*
* *
* * *

Voilà maintenant 15 jours que je suis enfermée, ne sortant que pour être lavée et lourdement escortée.
L'ennui s'installe au grès des heures qui passent.
Les journées deviennent monotones et se ressemblent toutes.
J'ai peur, peur de rester ici toute ma vie, peur de ce que l'on peut me faire, peur d'avoir oublié, peur d'avoir perdu...

Le matin, je suis réveillée par le bruit de la porte que l'on ouvre lorsqu'on m'apporte le petit déjeuner. Je ne me lève que de longues minutes après, le temps de sortir de ma léthargie.
Le midi, Marie vient avec le repas, et, avant que je ne commence à manger, elle regarde mes blessures. Les traces sur mon cou ont disparu tandis que la blessure à l'arrière de mon crâne, n'est plus qu'une simple petite croûte.

LIÉSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant