Chapitre 1: Elle

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Je me réveille, me lève et tout ce que je vois, c'est qu'il fait noir...Vraiment noir. À tel point que lorsque je ferme les yeux je ne remarque pas la différence. Je cherche la Lune, mais elle n'est pas visible.

Il fait froid...Trop froid. À tel point que si je pouvais voir mes doigts ils seraient surement violets.

Mais où suis-je ?

Mes pieds sont nus et le sol est gelé, je peux sentir le bois craquer sous le poids de mon corps lorsque je me balance d'une jambe sur l'autre pour essayer de me réchauffer. Mais je ne suis pas dans une maison ! J'entends très nettement le bruit du vent dans les feuilles des arbres tout près de moi. Je sens une brise fine sur ma peau et l'eau d'un lac fouetter le rivage.

Soudain, plus rien ! Plus aucun son. Plus de vent. Uniquement mon cœur qui bat plus fort et mon souffle qui s'accélère.

Tout va bien, tout va bien, tout va bien ! J'essaie de me rassurer comme je le peux.

J'ai peur...

J'avance de quelques pas, très lentement pour faire le moins de bruit possible.

Et tout d'un coup, le bruit reprend comme si rien ne s'était passé. La seule différence notable est l'odeur... Il n'y en avait pas avant. Le vent qui souffle apporte avec lui une odeur printanière. Des fleurs ? Alors que le sol est gelé ? Mais bordel, j'suis où là ?

Au loin, je peux entendre la forêt prendre vie, les hiboux hululent, les criquets, cachés dans l'herbe, entament leur douce berceuse, le croassement des grenouilles et des crapauds vient embellir l'endroit, le rendant plus calme, même si je ne peux pas le voir. J'entends aussi les poissons qui remuent l'eau lorsqu'ils viennent nager à la surface. Tout parait si...si calme. J'en oublie presque la peur que j'ai ressentie quelques instants auparavant.

Était-ce le stress ? Avais-je halluciné ?

Mais que se passe-t-il ?

J'essaie d'avancer lentement en levant à peine mes pieds pour ne pas buter ou écraser ce qui se trouve devant moi.
Je ne vois rien et ça m'énerve, j'ai beau cligner des yeux, ouverts ou fermés c'est la même chose : je vois du noir.

Et comme, les imprévus sont, en ce moment, assez récurrents, une énorme rafale de vent me fait basculer en arrière.

Je tombe lourdement et me cogne violemment la tête contre le sol. Putain, ça fait trop mal ! Je lâche un cri de douleur et place mes mains à l'arrière de mon crâne, mais elles retombent presque immédiatement et je m'évanouie sous la violence du choc.

Je me réveille... encore une fois en... Combien de temps s'est écoulé entre mon premier réveil et celui-ci ? Peut être des secondes, des minutes, des heures ou encore des jours ?
Une douleur vive me sors de ma réflexion. Je plaque mes mains sur la blessure à l'arrière de ma tête et touche un liquide visqueux qui, je suppose, est mon sang.

Après la rafale j'avais sentis une odeur bizarre, comme si il y avait des corps en décomposition non loin de moi, je ne l'avais pas remarqué tout de suite, mais elle est toujours présente, je me bouche rapidement le nez pour ne pas vomir.

Je suis éblouie par une lumière très forte qui vient de s'allumer en face de moi. Je ferme immédiatement les yeux. Je n'arrive plus à les rouvrir, je m'étais habitué à l'obscurité, ne rien voir ne me dérangeait plus, et maintenant, j'ai l'impression que mes globes oculaires sont en train de brûler à travers mes paupières, alors je m'empresse de mettre mes mains sur celles-ci.

J'en ai marre, il se passe quoi la ?

Je sens les larmes me monter aux yeux. Je ne peux pas les retenir, je ne comprends pas où je suis. J'ai peur, j'ai froid, j'ai mal, alors je les laisse couler sur mes joues, le contacte chaud me fait du bien, ça m'aide à me calmer un peu, je tremble moins.

Peu de temps après, j'entend une voix, mais je ne sais pas d'où elle vient. Au début je ne comprend pas ce qu'elle dit à cause du vacarme qui a démarré en même temps. Ça ressemble à...une alarme ?

- Alerte, plusieurs sujets du secteur B sont hors de leur cellule, veillez vous diriger, dans le calme, vers l'issue de secours la plus proche, la sécurité a été prévenue.

C'est une voix de femme. Je commence à paniquer. Qu'est-ce que je dois faire ? Je ne vois rien à cause de la lumière ! Bon d'accord j'ai les yeux fermés et même si mes larmes m'ont permis de retirer mes mains, je ne peux toujours pas ouvrir les yeux. Je reste paralysée, je n'ose pas bouger.

Au bout de quelques minutes pendant lesquelles le message ne fait que se répéter, le bruit cesse.

J'entend une porte s'ouvrir dans mon dos, vu le boucan qu'elle fait, je dirais qu'elle est en fer et surtout qu'elle est rouillée. Il y a des bruits de pas qui se rapprochent de moi. Et sans que je ne m'y attende, je sens un souffle chaud dans mon cou, accompagné d'une voix d'homme :

- Et bien ma jolie, pourquoi tu ne sors pas ? Tu m'attendais c'est ça ?

Des frissons parcourent mon corps. Il commence à me toucher les cheveux, puis il descend plus bas, sur mes épaules.

Et pendant ce temps, moi je fais quoi ? Rien, parce que j'ai peur, je n'arrive pas à bouger.

C'est alors qu'il me retourne rapidement face à lui et empoigne mon cou... Je ne peux plus respirer...

LIÉSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant