Chapitre 21

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Gate

Lorsque j'entends la porte se refermer derrière moi, on me bande les yeux et on m'attache les mains directement, avant que je ne me rende compte de quoi que ce soit. Je tente de me débattre mais finis par abandonner, à quoi bon de toute façon... Tout ça est voué à l'échec. Je m'en veux tellement par rapport à Madison. À cause de moi, elle ne va peut-être pas pouvoir vieillir, je ne vais pas pouvoir lui faire des enfants, avoir son bac, avoir un travail... Avoir une vie normale tout simplement, à cause de moi. Je sais à quelle point elle en rêve a l'heure d'aujourd'hui. Je l'ai privé tout ça...

Il me font marcher je ne sais où et lorsque l'on s'arrête, j'entends une porte s'ouvrir et des bruits de pas. Puis on recommence à avancer, jusqu'à ce que l'on m'assoit lourdement sur une chaise. On détache mes mains pour les rattacher à la chaise, merci la confiance, c'est pas comme si on avait travailler pendant un bon bout de temps ensemble. Bande de blaireaux.

– Putain ! Qu'est ce que vous voulez ! Hurlais-je, encore les yeux bandés.
– Du calme, je vais te dire ce que je veux. Dit une voix grave je reconnaîtrais entre mille, juste au creux de mon oreille.

Cette voix n'a pas changé, toujours aussi froide, rauque et glaciale. Je grogne, pris par la colère. On m'enlève le bandeau et le temps que je me réhabitue à la lumière, il s'est assit en face de moi, derrière son bureau.

– Tu n'es pas content de revoir ton père ? Demande-t-il sarcastiquement.

Maddison

Je suis assise contre le mur de la cellule à me ronger les ongles. Je me sens affreusement seule et j'ai la trouille. Le silence ne me rassure pas, et j'essaye d'écouter un maximum pour voir si j'entends la voix de Gate ou un bruit qui pourrait m'aider à savoir où nous sommes. Mon ventre est tordu par la faim et mon cœur est broyé par la peur et la douleur. Je suis inquiète pour Gate et par ce silence morbide. Je reste la pendant de longues, très longues minutes. Lorsqu'enfin la porte s'ouvre enfin, ce n'est pas Gate que je trouve mais les deux hommes qui l'ont emporté plus tôt. Ils me tirent par les poignets pour le lever et me bandent les yeux. J'avance silencieusement à leur rythme sans manquer de trébucher, maladroite comme je suis et on entre dans une pièce. Lorsque j'entends ses gémissements de douleur, je commence à me débattre en vain.

– Gate, laissez-moi le voir, je vous en supplie ! Gate ?

Lorsque l'on me détache enfin, j'enlève le bandeau et découvre Gate, au sol, ensanglanté. Je me mets à pleurer et m'accroupis à ses côtés. Il se tourne vers moi et ouvre a peine ses yeux. Son visage est immaculé de sang, son t-shirt aussi, il est dans un piteux état.

– C'est...mon père. Fais attention Maddison, je t'en pris. Gémit-il d'une faible voix.
– Ton père ?

Je relève les yeux et vois un homme, tranquillement assis sur un fauteuil noir. Il porte une chemise marron et fume une cigarette. La situation ne semble pas le déranger, on dirait plutôt que toute cette mascarade l'amuse. J'aide Gate à se relever et il s'appuie sur moi en boitant et en se tenant les côtes.

– Oui, le père de Gate, pourquoi tant d'étonnement ? Râle-t-il avec une pointe de sarcasme.
– Peut-être parce que vous l'avez abandonné tel un lâche. Répondis-je d'un ton ironique.

Je ne connais pas cet homme mais je le hais. Pour tout le mal qu'il a fait à Gate... Il est tranquillement assis avec un sourire moqueur sur les lèvres en regardant son propre fils, agonisant. Lorsque je serre Gate un peu plus contre moi, il gémit de douleur. Mes mains sont alors pleine de sang. On toque contre la porte.

– Tiens. Entre, on t'attendait. Dit le père de Gate en me fixant cette fois.

La porte s'ouvre et lorsque je me retourne, je tombe littéralement sur le cul. Je n'arrive plus à respirer, ni a bouger. Elle avance sans même me regarder. Les larmes refont leurs apparitions. C'est la journée des retrouvailles ?

– Maman ?
– Maddison ?

Sa voix... Ce doux son arrive à mes oreilles et pleins de souvenirs remontent jusqu'à mon cerveau. Elle a l'air aussi surprise que moi. Le père de Gate se met à rire alors que mes jambes tremblent. Elle s'approche de son bureau et s'assoit à côté de lui, sur le bord sur fauteuil, en baissant les yeux, lorsque ce salopard pose sa main sur sa hanche.

Je ne comprend plus rien... Ma mère est censée être morte dans un accident de voiture ! Non, elle est morte dans un accident. J'ai vu son cercueil, je l'ai vu sous-terre. Je lui est parlé, j'ai prié pour elle, je lui est lancé des fleurs. Elle est partie et je commençais à peine à accepter cela, à vivre sans elle. C'est impossible... J'ai affreusement envie de la prendre dans mes bras et de sentir son odeur familière. Mais j'ai aussi envie de la gifler et de lui hurler de me donner des explications.

– Mark, j'aimerais te parler. Intervient ma mère.

Mark, le père se Gate lui lance un regard noir et d'un signe de main, ordonne à ses chiens de nous ramener en cellule.
Je tiens Gate contre moi alors qu'à chaque pas, il gémit de douleur. Lorsque l'on entre, on est plus au même endroit.
C'est plus grand et il y a une deuxième pièce. Une salle de bain, plus que minable, avec simplement un robinet et des serviettes. Comme si tout cela était prévu. À quoi bon essayer de nous garder vivant. Je suis sûr que c'est fait exprès mais je ne cherche pas à savoir pourquoi plus longtemps et imbibe d'eau froide les serviettes. Lorsque je rejoins Gate, il est assit contre le mur,la tete en arrière, en train de serrer les dents. Je m'accroupis face à lui et appuie doucement les serviettes sur ses blessures à son visage. Il fronce les sourcils en gémissant et attrape mon poignet pour m'arrêter.

– Pardon, je suis désolée.

Je continue à le soigner du mieux que je peux et pleure silencieusement. C'est beaucoup trop de rebondissements pour moi... Gate me regarde et plisse les lèvres. Il est pâle, au bord de l'évanouissement, je crois même qu'il a de la fièvre tant il est chaud.

– Je pense que tu as une côte cassée. Lui dis-je d'une voix faible.
– C'était ta mère...? Me demande-t-il pour être certain.

Je hoche la tête en baissant les yeux et me mords fortement la lèvre pour éviter de pleurer encore, je sens ce goût métallique au fond de ma gorge.

– J'ai envie de te serrer contre moi mais j'ai tellement mal. Pardonne-moi.
– Tu es désolé de t'être fait tabasser, vraiment ? Dis-je en riant nerveusement.
– Désolé de te faire tant souffrir.

Je lève les yeux vers lui. Non non, il n'est pas dans son état normal là. Je suis à la fois en colère et triste.

– Tu vas bien m'écouter, tu ne me fais pas souffrir ! C'est bien clair. Je t'aime, bon sang. Quoi que tu dises, rien ne changera pour moi, ni mes choix, ni le fait que je t'aime à en crever.  Ça peut paraître pitoyable mais avec toi je me sens libre et de nouveau vivante, ce qui, j'avoue, est contradictoire avec le lieu et la situation, mais je revis depuis le jour où je t'ai rencontré. Tu es celui qu'il me faut peut importe ce par quoi nous devons passer.

Il soupire en secouant la tête.

– Si on en sors pas vivant, je...
– On en sortira vivant. Le coupais-je.

Lui qui est pourtant si fort, optimiste... Le voilà au plus bas, démuni de tout des moyens. J'essaye de restée forte aussi pour nous deux mais je suis effrayée et mon cœur est grillé.

Je vous en supplie... Faites que l'on survive.

(en pleine réécriture pour une future publication.)
partie 30: fait.

homme dangereux  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant