- Tu sais très de quoi je parle, Ed.

Il s'approcha de moi, tandis que la pluie redoublait d'intensité. Mes cheveux frisottèrent davantage, me donnant l'impression d'avoir une multitude de petits ressors sur la tête. J'avais envie de me cacher, honteuse de l'apparence que je dégageais. Emma les jalousait démesurément, passant des heures à tenter de boucler les siens, sans se rendre compte de combien sa vie capillaire était d'une facilité déconcertante. Ce dont on ne doutait pas après l'avoir rencontré, c'était que la femme était réellement une éternelle insatisfaite.

Ed n'était maintenant qu'à quelques centimètres de mon visage. La chaleur de son corps irradiait de toute part. Je ne souhaitais qu'une chose, réduire la distance qui nous séparait. Alors que je levais les yeux vers sa mâchoire carrée, quelques gouttes de ses mèches s'écrasèrent sur mes joues et dévalèrent la pente de mon visage. Si j'interprétais correctement la raideur de sa mâchoire, il était en plein combat contre lui même. Et, quand ses yeux pénétrants rencontrèrent les miens, c'était comme si l'étau qui enserrait ma poitrine tombait. Et là, je sentis cette force-cette électricité- qui m'attirait indéniablement vers lui, tandis qu'il entrouvrait ses lèvres :

- Non, mon ange, je ne vois absolument pas à quoi tu fais allusion.

Il avait prononcé ces quelques mots de la façon la plus indécente qu'il fut donné à Ed Larkin de prononcer les mots les plus banals. Sa voix vibrait encore dans le creux de mon oreille, écho ténébreux retentissant dans mes tympans. Aura t-il donc toujours cet effet sur moi ?

Il recommença à me détailler sans vigueur, me poussant dans mes retranchements.

- Laisse tomber, murmurai-je avant de me détourner et avancer dans la pénombre.

Cet échange était débile, tout autant qu'il était crétin et je ne souhaitais lui en donner satisfaction.

- Kayla, attends !

Il m'attrapa le bras et me retourna brusquement. Sans même une quelconque explication à la raison de son euphorie naissante il me pressa de le suivre.

- Qu'est ce que tu fais ? Bougonnai-je.

- Casser la vitre de Mr Davids, c'est la pire chose que t'as jamais faîte ? Et, bien laisse moi te faire découvrir la meilleure chose que tu ne feras jamais, (il marqua une courte pause) sans moi bien sûr.

Il ponctua ses paroles d'un sourire narquois et orgueilleux qui m'exacerba tant et si bien que le frapper m'aurait anesthésié. Ce types de pensées violentes étaient aux antipodes de ma personnalité -habituellement-. Or, "habituellement" faisait officiellement partie d'un de ces nombreux mots qui avaient été supprimés de mon dictionnaire, hélas !

J'analysai son regard éclatant synonyme d'ennuis, de quoi me laisser présager une soirée rebondissante, un peu trop même.

- Ed, je dois rentrer.

Il m'observait, les sourcils froncés visiblement fatigués de mon manque d'entrain :

- Fais moi confiance.

***

Quelques mètre plus loin, après avoir évité une centaine de fois de me vautrer dans des flaques d'eau et ignorer une centaine d'autres les railleries perpétuels de mon binôme, nous arrivâmes devant un parc d'attraction qui était à l'évidence fermé.

- Non, non, non. Il est hors de question que je fasse ça.

- Tu n'arrêtes donc jamais d'être parfaitement coincée ? Ricana t-il, mesquinement.

HEAVEN [en pause]Место, где живут истории. Откройте их для себя