Chapitre 2

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En arrivant à la bibliothèque, je rasai rapidement le lieu du regard à la recherche de de mon binôme. Je ne pris pas longtemps à le dénicher, nonchalamment assis sur sa chaise, tenant le livre sujet à notre dispute. Je me dirigeai vers lui en traînant des pieds.

- Tu es en retard, dit-il sans daigner lever un regard de son livre.

- Moi aussi, je suis ravie de te revoir, dis-je sur un ton sarcastique histoire de lui montrer que j'avais des manières.

Il posa son livre sur la table tout en m'observant de ce regard malicieux qui avait le don de m'insupporter. Ses yeux dévièrent un instant sur les filles derrière moi.

- Tu as déjà rameuté ton fan club à ce que vois !

- Es tu jalouse Kayla ?

La manière dont il prononça mon prénom firent se dresser les poils sur ma nuque. Sa voix n'aurait pas du m'être aussi réceptive, comme si chaque partie en moi réagissait en sa présence.

- Écoute Ed, je ne suis ni jalouse ou ni intéressée d'une quelconque manière s'entend. Je ne dis pas que tu n'es pas mon style de mec...à bien y réfléchir, je n'en ai pas. Tout compte fait, je n'y ai jamais réfléchi. Non pas que tu ne sois pas attirant, mais je ne suis pas une de ces filles qui t'admirent comme...

Il rigola aux éclats-d'un rire franc et sincère-me coupant dans mon élan. La bibliothécaire lui lança un regard remplit de reproches.

- Est-ce-que tu fais souvent ça ? Me demanda t-il, une fois son sérieux repris.

- Quoi?...Répondre à des questions?

- Non, parler pour ne rien dire.

Préférant ignorer l'humiliation que je subissais, je cherchai un moyen de changer de sujet.

- Je pense qu'on devrait commencer à réfléchir à notre disserte, alors sois gentil et concentre toi.

Ed s'enfonça dans sa chaise et croisa les bras, visiblement peu enclin à capituler.

- Gentil, tu dis ? Je suis un garçon gentil...quand on sait me récompenser. 

- Ça n'est pas drôle, rétorquai-je en soutenant son regard. 

- Peut-être, mais tu es tellement mal à l'aise que tu n'arrêtes pas de gigoter.  

Je pris alors conscience qu'il avait injustement raison. Et, exacerbée par son attitude machiste, j'arrêtai une seconde de respirer espérant ainsi baisser le taux de pensées meurtrières qui fusaient dans mon imaginaire  Il haussa un sourcil, prêt à contester toutes objections de ma part. Mais, une dispute demandait du temps et de l'énergie,et actuellement je n'avais ni l'un ni l'autre. 

- Devrais-je te rappeler la raison de notre présence ici ? Poursuivis-je, faussement calme. 

- Je t'agace?

- En effet ! Avouai-je.

- C'est plutôt positif. On dit que l'amour commence toujours par la haine...Voilà un bon début pour notre disserte.

- Je ne vais sûrement pas écrire ce genre de bêtises dans mon devoir, décrétai-je en élevant outrancièrement la voix.

- Typique. 

- Je te demande pardon?

- Tu es typiquement de celles qui se croient intellectuellement supérieures et glorifient l'«excellence». Et, quand tu n'est pas trop occupée à être une étudiante parfaite, tu passes l'aspirateur sur la moindre miette tombée par terre, tries et ranges afin que tout soit toujours symétrique et carré. 

- Tout faux.

Partagée entre la colère et l'incrédulité, je fixai quelques instants la rangée de livres derrière moi. A ce train-là, j'étais sûre de ramasser une mauvaise note.

- Tu contrôles et planifies ta vie à la lettre car tu as une peur bleue de l'échec et de l'inconnue. Je parie même que tu aimerais pouvoir lire dans l'avenir histoire de le contrôler lui aussi, poursuivit-il.

- Alors pourquoi tu tenais temps à faire cette disserte ? M'égosillai-je, en me levant d'un bond. 

- Je n'avais rien prévu d'intéressant aujourd'hui, dit-il trop sereinement. Désolé, je ne savais pas que tu étais aussi chiante. 

- J'en ai assez entendu !

Je me levai d'un bond, pris mon sac et me dirigeai vers la sortie. En me retournant je croisai son regard satisfait. Du coin de l'œil, je l'entrevis prendre son bouquin, comme s'il ne s'était rien passé durant ce dernier quart d'heure.

Quel crétin! Il ne pouvait pas être encore plus insupportable!

Je me pressai de rejoindre ma chambre, que je partageais avec Emma, ruminant des injures à l'égard de mon binôme (qui ne le serait plus pour bientôt si mes pensées meurtrières venaient à se réaliser).

En arrivant sur le campus, toutes deux avions étés effarées devant la grandeur et la simplicité de notre chambre. Elle se composait uniquement de deux lits séparés par une fenêtre donnant sur un immense jardin, une des plus grandes fiertés de FIU. A cela s'ajoutait deux bureaux, deux étagères et une armoire qui ne nécessitait que le «strict minimum». Nous avions tenté d'égayer ce petit lieu stérile en y accrochant des photos -souvenirs de nos années passées à Adrian- En ce qui me concernait, ce n'était pas une priorité mais selon Emma, l'environnement dans lequel on vivait pouvait avoir des effets «secondaires» sur notre humeur. Je m'étais bien sûre retenue d'y opposer mon point de vue. Les seuls luxes que pouvait nous offrir cette «boîte» était la salle de bains individuelle dont nous avions hérité et l'air conditionné.

En entrant dans la chambre, je refermai la porte violemment et plongeai directement sur le lit sans adresser un coup d'œil à mon amie.

- Mon petit doigt me dit que ta disserte n'est pas finit, me dit Emma en posant son ordinateur.

- Ravie de constater que ton petit doigt est devin, marmonnai-je.

- Si ça peut te rassurer, Lucas a dormi pendant une heure avant de s'excuser et de prendre la fuite sûrement pour partir à la recherche de sa copine ou continuer sa sieste dans un lieu plus confortable (marquant une pause)...avec sa copine.

Je lui lançai un regard compatissant.

- Eh bien, étant donné notre humeur désastreuse, je propose qu'on aille...

- Je ne crois pas que ça soit une très bonne idée de sortir ce soir, la coupai-je consciente de ce qu'elle me proposerait. Je dois travailler ma disserte de toute manière.

- Je crois au contraire que c'est une idée géniale, poursuivit-elle en ignorant mes propos. On va juste dans un des bars du coin rejoindre Sam et quelques uns de ses amis.

Je soupirai, sachant pertinemment qu'Emma aurait le dernier mot.

- Couvre feu à minuit, imposai-je. 

- O.K, mais tu te bases sur quel fuseau horaire au juste ? 

Je la gratifiai d'une oeillade glaciale, la dissuadant de poursuivre ce petit jeu.

Elle soupira à son tour mais finit tout de même par accepter.

HEAVEN [en pause]Where stories live. Discover now