HEAVEN [en pause]

Chapitre 14

Une brise légère caressa ma peau frissonnante lorsqu'une ronde d'oiseaux traversa le ciel. Les étoiles éclairaient la chaussée d'une douce clarté blanchâtre. Les lampadaires se suffisaient à eux seuls tant la nuit était étincelante. A intervalle régulier, quelques voitures passaient lentement dans la rue, telles des fantômes la hantant .

- Tu comptes dormir sur place ?

Ed, me sortit sans ménagement de mes pensées. Et, c'est avec un agacement non feint que je me détournai pour le suivre sur les dalles qui pavaient le trottoir.

- T'es garée où ?

- A l'entrée de Downtown, murmurai-je.

- Qu'est ce que t'as ?

Qu'est ce que j'ai ? Juste une montée sulfureuse d'hormones.

- Rien.

Il me lança une oeillade, sceptique.

J'étais énervée, non plutôt frustrée. Pourquoi ne m'avait-il pas embrassé ? Étais-je si repoussante ? Emma et son obsession pour le mythe vestimentaire me l'auraient dit si ce fut le cas. Bien qu'on ne s'était pas quittées en bons termes, elle n'omettrait jamais de me faire une critique étudiée sur mes crimes de mode qui selon elle étaient passibles d'une sentence à vie de travaux d'intérêts généraux.

Le mutisme s'installa entre nous. Cette soudaine froideur me déconcerta et m'agaça d'autant plus. Je ne me reconnaissais plus. Je n'avais jamais ressenti ça pour un quelconque garçon auparavant. Chacun de ses mouvements, chacune de ses paroles, et chacun de ses regards avaient la détestable habitude de m'électriser. Je ne pouvais réfléchir correctement sans une distance minimale latérale de sécurité convenable. Il avait un charme destructeur, j'en étais convaincue.

- Il va pleuvoir.

Je sursautai, au son grave de sa voix qui me sortit de mes pensées pathétiques. Un orage grondant au loin, se faisait de plus en plus bruyant et un vent plein de promesses rafraîchissantes balaya mon visage. J'accélérai l'allure afin d'arriver à ma voiture avant la pluie, délaissant un Ed peu affecté par la situation météorologique qui nous menaçait fortement. A l'instant où je me retournais m'assurant qu'il ne ne m'avait pas fait faux bond, une averse digne d'un déluge s'abattit.

- Putain ! M'exclamai-je en levant les bras, faible effort de protection contre les gouttes.

Ed, plié en deux, semblait trouver la situation à son goût. Je le regardais rageusement. Les gouttes de pluie ruisselaient le long ses cheveux rebelles, coulaient sur son visage et épousaient sensuellement ses lèvres charnues. Son tee-shirt qui lui collait désormais parfaitement à la peau, révélait son torse musclé. Dieu, il était délicieusement attirant.
Ses yeux trahissant une pointe de désir sauvage, n'étaient plus focalisés sur mon visage. En baissant à mon tour les miens, je remarquai à mon grand désarroi que mon t-shirt écru en résille était maintenant d'une transparence extrême. Ce qui sembla être un petit cri d'affolement sortit de mes lèvres alors que je tirai dessus et l'épongeai tout en me cachant pudiquement des testostérones mon binôme. Effort vain et pitoyable !

- Joli soutif, se contenta t-il de dire, sournoisement, sans détourner les yeux.

Je le fusillai du regard, affreusement gênée. Les détails rouges finement brodés longeant l'armature était tout à son spectacle.

- Est-ce que tu peux arrêter ça ? Maugréai-je d'une voix semi-chevrotante.

- Arrêter quoi, au juste ?

Il avait bien l'intention de me mettre mal à l'aise raison pour laquelle ses prunelles poursuivaient leur cheminement puis recommençaient de plus belle. Son petit manège, me déstabilisa.