Le Gentleman cambrioleur

Depuis le début
                                    

L'homme retira alors deux bandes de poignet qu'il portait avant de les donner à Camille

"Mettez ça : vous aurez moins mal
- Merci... " Répondit timidement la jeune femme.

Elle enfila les bandes souples et serra une des menottes sur son poignet gauche. Elle s'apprêtait à faire de même sur son poignet droit lorsque l'homme à la cagoule l'interrompit :

"Non attendez, je suis désolé je me suis trompé : asseyez-vous plutôt par terre et attachez l'autre menotte à la canalisation là
- Vous êtes sérieux ?
- Euh... oui
- Alors pourquoi m'avoir dit de m'asseoir ici ?
- Et bien en fait je pensais vous attacher à la chaise mais elle n'offre pas vraiment d'accroche. Du coup dans les parages il n'y a l'air d'avoir que cette canalisation qui ferait l'affaire.
- Ça ne passera jamais" répondit Camille avec assurance
- Mais si voyons
- Regardez ! Vous voyez bien que je ne peux pas refermer ?"

Camille mis un genou à terre et passa la menotte comme lui avait demandé l'homme à la cagoule, et effectivement il n'était pas possible de refermer l'articulation de la menotte car celle-ci coinçait contre le tube de PVC.

"Hum... c'est fâcheux" dit l'homme à la cagoule "et si vous essayez sur ce truc-là ?
- Quel truc ?
- Là : celui là
- Le pied de la commode ?
- Ça pèse son poids un truc pareil : je doute que vous soyez capable de la soulever pour vous libérer"

Camille obtempéra, s'installa par terre jambes tendues, puis fixa la seconde menotte au pied de la commode. Effectivement, il n'y avait aucune chance qu'elle puisse lever le lourd meuble de chêne, d'autant plus qu'il était rempli de dossier constituant une lourde masse de papier.

"Satisfait ?" demanda la jeune femme
- Nickel ! Et vous, vous êtes bien installée ?
- C'est une blague ?
- Non non je suis sérieux. Moi vous savez je fais un job bizarre, mais ça n'empêche pas un peu de savoir vivre !"

Camille leva les yeux au ciel et laissa échapper un soupir.

L'homme à la cagoule s'installa sur la chaise de bureau plein cuir du directeur et savoura l'instant, se rêvant sans doute le temps d'un instant dans les chaussures d'un grand patron, puis retourna à sa mission. Il tira de son sac un petit boitier qu'il brancha sur l'ordinateur puis fit quelques manipulations. Le boitier s'alluma, et un petit voyant rouge se mit à clignoter dessus. L'homme à la cagoule s'adressa alors à Camille tout en continuant ses réglages :

"N'ayez pas peur" dit-il d'une voix se voulant rassurante "je ne vous ferais pas de mal. J'ai fait semblant de vous menacer tout à l'heure. Regardez mon arme sur la table : le bout rouge sur le canon ça veut dire que c'est une arme factice"

Camille resta silencieuse.

"Je sais que vous avez dût avoir très peur, mais je ne voulais pas risquer qu'on me dérange dans mon travail
- C'est quoi votre travail ?" demanda la jeune femme en regardant l'homme du coin de l'œil
- Oh... c'est tout bête : je suis censé récupérer ce qu'il y'a la dedans
- Vous êtes une sorte de pirate informatique ?
- Pas vraiment : je sais à peine allumer ce truc-là. Nan moi je suis de l'ancienne école, je rentre, je fouille, je trouve ce qu'on me demande et je disparais. Personne ne me voit, personne ne sait que je suis venu... enfin en principe !"

L'homme à la cagoule laissa échapper un petit gloussement, mais la réaction froide de Camille lui coupa l'envie de continuer. Il retourna à ses réglages, prit le clavier de l'ordinateur et tapa quelques commandes qu'il avait noté sur un petit carnet dont il lisait méticuleusement chaque ligne en s'aidant du doigt.

"Qu'est-ce que vous allez faire de moi ?" demanda soudainement Camille avec candeur.
- Hein ? Oh ! Pour tout vous dire je n'y ai pas réfléchit... mais je ne vous ferai pas de mal soyez en sûr !
- Vous mentez..." dit la jeune femme avec un début de sanglot dans la voix "vous dites ça pour que je me tienne tranquille et après vous me tuerez ! Peut-être même qu'avant vous abuserez de moi !
- Mais non voyons ! Jamais... je suis un voleur : pas un assassin ou un violeur ! Croyez-moi !"

Le défi BradburyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant