∆ CHAPITRE XXIII ∆

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Incompréhension

Jeudi 17 Avril 2014, 7h46

Alors c'est encore une fois main dans le main que l'on passe la porte de sa chambre. On se dirige vers notre premier cours, biologie je crois, mais après tout, peu m'importe. Tout ce que je sais c'est que, dieu merci, on a ce cours en commun. On traverse couloirs après couloirs, et, petits à petits, de plus en plus de regards se tournent vers nous. Et de plus en plus de chuchotements nous parviennent.

Des tas de : « C'est lui? » ; « Le bouclé avec la fille là! » ; « Mais si! J'te jure! » ; « Nooooon, pas possible! »....

Des tas de mots, de phrases, que j'ai envie de leur faire ravaler, et pas en douceur. Mais la pression, plus forte à chaque rire, de la main d'Harry sur ma paume m'en empêche.

Alors j'avance, on avance. On fait abstraction de tout ça, enfin du moins on essaie.

On se rapproche de la classe et je crois que c'est en pensant que chaque pas qu'il fait le rapproche de la salle qu'Harry accélère. Parce que, même si ce n'est pas forcement vrai, il voit la sécurité là-bas. Là, on est en plein milieu du couloir, exposés aux yeux de tous. De leur regards. De leurs moqueries. De leurs rires. De leur jugements.

Alors que là-bas, il y a des chances pour que les gens suivent le cours. Peut être pas assidûment, et, oui, sûrement, qu'on aura le droit à quelques sourires moqueurs et réflexions, mais toujours moins qu'ici.

Parce qu'ici, ça peut paraître débile, mais on est comme dans.. La jungle. C'est comme si la plupart des gens autour de nous étaient des hyènes, et qu'Harry était un simple lionceau. A la moindre erreur, au moindre faux pas, paf. Ils attaquent.

Sauf que j'ai décidé que j'étais une putain de lionne et qu'on touchait pas à mon bébé.

Ouai, je me suis crue dans Le Roi Lion.

On atteint finalement cette fameuse classe et on s'y place, comme d'habitude. Même si on sait tous que ce n'est pas comme d'habitude, aucune importance, on fait comme si.

Le professeur rentre, le cours démarre et, petit à petit, la pression redescend. La main d'Harry, toujours entre les miennes, desserre sa prise, jusqu'à tenir mollement la mienne, captivé par le cours.

Alors on passe deux heures de biologie comme ça.

En attendant que la bombe explose. Parce qu'on sait bien qu'à un moment ou un autre, un connard aura les couilles de faire quelque chose. Que ce soit un croche-pied, une bousculade, une insulte, n'importe quoi. Et, à partir de ce moment là, tout va s'enchaîner très vite. On le sait, on en est conscient. On est pas bêtes non plus. On sait que les gens sont des moutons, que dès que l'un aura osé se rebeller, les autres suivront, parce que c'est comme ça. Depuis toujours. Et c'est visiblement pas prêt de changer.

« Tu me broies la main. »

Sortant de mes pensées, je tourne la tête vers Harry, qui lui, regarde nos mains entrelacés avec de grands yeux.

Et, ouai, okay, c'est vrai que je sers un peu fort. Ouai, je lui broie carrément la main.

M'en rendant compte, je retire vivement ma main. Et Harry frotte la sienne de son autre main, souriant avec amusement.

Et woaw.

Juste woaw.

Parce que depuis ce matin, depuis hier soir en fait, mon Harry avait disparu. L'étincelle de joie, de malice, et de toutes les autres putains d'émotions qui définissaient Harry, celles qui se trouvaient dans ses yeux, s'étaient éteinte. Et, merde, ça me révulsait de voir ses yeux si.. Ternes. Et son visage sans sourire. Mais là, grâce à ma connerie, il sourit. Oh ce n'est peut être pas un sourire magnifique qui empiète sur la moitié de son visage, mais c'est un sourire tout de même. Il est là. Et un sourire deux fois plus grand apparaît sur mes lèvres quand je me rends compte que, ouai, c'est grâce à moi.

Banana 🍌Where stories live. Discover now