~ TWENTY-EIGHT ~

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Naïve.

Je sursaute et ma tasse me glisse presque des mains quand Noah émet un gargouillement douteux. Sa respiration siffle avant de se couper et de laisser place à un bruit des plus répugnants.

— Oh non, pas ça...

Je dépose ma boisson au sol avant d'envoyer valser mon plaid pour me précipiter sur mon frère, qui commence à régurgiter tout ce qu'il a dû enquiller ces dernières vingt-quatre heures. Je le place sur le côté, tandis qu'il vomit tripes et boyaux sur mes pieds.

— Par tous les dieux, je crois que je vais vomir aussi, marmonné-je avant de plaquer ma langue contre mon palais pour retenir un haut-le-cœur.

Je maintiens Noah en position latérale, tout en relevant la tête et en prenant de profondes inspirations par la bouche pour ne pas être assaillie par les relents pré-digérés qui remontent du sol. Le son de ses régurgitations provoque des spasmes dans mon estomac, qui semble bien tenté d'imiter celui de mon frère.

Quand enfin son système digestif est nettoyé, je baisse les yeux sur lui – grossière erreur. Il est bon pour une douche, et moi de même. En plein apnée, je me penche pour passer le bras de Noah sur mes épaules afin de le guider jusqu'à la salle de bains. À mon grand étonnement, il est à peu près capable de marcher, moyennant appui.

— J'ai... vomi... couine-t-il, la tête pendue vers le sol alors qu'un filet de bave s'échappe de sa bouche.

— Ouais, j'ai remarqué, grimacé-je en percevant son haleine putride. Par pitié, ne parle pas tant que tu ne t'es pas lavé les dents au White Spirit.

— Carotte...

— Chut, vraiment. Tu parleras quand tu seras sobre.

Arrivés à destination, je le fais asseoir sur la machine à laver pour le débarrasser de ses vêtements imbibés de vomi, avant de le pousser dans la douche.

— Tu crois pouvoir te débrouiller ? demandé-je tout en lui tenant la main pour m'assurer qu'il tient debout.

Il ne répond pas et se contente de se laisser glisser le long du mur, avant de finir les fesses sur la bonde.

— Pas envie...

Super.

Dans le top dix des choses que je n'avais vraiment pas envie d'expérimenter dans ma vie, « laver mon frère bourré » arrive facilement dans les trois premières.

Je pousse un profond soupir en ouvrant le robinet d'eau pour commencer à nettoyer Noah, tandis que ce dernier garde la tête baissée, assis comme un enfant puni. Je prends le temps de bien rincer les restes de ses excès d'alcool, avant de le savonner comme on le fait avec nos poupons inertes quand on a cinq ans.

— T'es chiant, Noah.

Son corps est putain de lourd, et il ne fait absolument aucun effort pour m'aider. Je suis obligée de lever moi-même ses bras, d'écarter moi-même ses jambes – par pitié faites que j'oublie très vite cette vision – et de lui redresser le visage pour que le shampooing ne lui rentre pas dans les yeux.

— Tu mériterais que je te laisse te brûler les yeux, soufflé-je en le rinçant avec le plus de douceur possible.

Il marmonne un truc incompréhensible, en esquissant un geste qui ressemble à un vague haussement d'épaules.

— Mais tu sais très bien que je ne le ferais pas, ajouté-je, plus pour moi-même qu'autre chose. Je ne sais pas ce que je t'ai fait, Noah... Mais il semblerait que tu m'en veuilles énormément. Pourtant, malgré tout ce que tu me fais subir, moi je t'aime. Parce que mon sang en a décidé ainsi. Parce que t'es mon putain de frère, et que je ne pourrai jamais changer ça.

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