Broken Rules

~ TWENTY-THREE ~

Chase

Je pousse un lourd soupir en retirant mon sweat pour le poser sur le dossier du canapé, avant de détacher mon chignon qui s'est fait la malle pour le refaire. De son côté, Vix m'adresse à peine un regard, elle dépose son sac à dos dans un coin avant de se diriger vers la cuisine. Je la regarde, incapable de faire autre chose que d'admirer comme elle semble toujours rendre les lieux plus beaux, rien que par sa présence. Tout est plus lumineux quand elle est là, même si elle-même ne brille pas toujours avec la même intensité.

Je me laisse tomber sur le canapé, bien décidé à la laisser faire sa vie dans son coin.

Si je ne l'approche pas, la tentation sera moins forte, n'est-ce pas ?

Je sais que cette idée est aussi stupide qu'elle en a l'air, puisqu'une douce odeur de lavande flotte dans l'air et enivre mon cerveau. C'est à peine si j'arrive à aligner deux pensées qui ne concernent pas mon petit renard. Tout me ramène à elle, sans arrêt. La chaleur de ses doigts est imprimée sur les miens, le son de sa voix résonne dans ma tête, comme une douce mélodie qui me rend nostalgique. Son parfum semble collé à ma peau, comme pour me rappeler qu'elle n'est jamais loin, que ce soit de mon corps ou de mon cœur.

J'allume la télé, dans le vain espoir d'occuper mon esprit pour le pousser à faire autre chose que se délecter de la présence de Vix dans la pièce d'à côté. Peine perdue, puisque cette dernière vient s'affaler dans le canapé à mes côtés, au moment même où je commençais à trouver le reportage sur le réchauffement climatique un tant soit peu intéressant.

— Tu vas rester là encore longtemps ? demande-t-elle, la bouche pleine de céréales.

Ses yeux sont rivés à l'écran plat, pourtant je sais que toute son attention m'est destinée.

— T'es consciente que ce n'est pas franchement l'heure de manger des céréales ?

Elle hausse les épaules, avant d'insister :

— Réponds à ma question, Chase. Tu comptes jouer au baby sitter ?

— Étant donné que tu as la fâcheuse manie de te promener dehors toute seule la nuit, oui, soupiré-je. Je vais rester jusqu'à ce que Noah rentre.

— Et s'il ne rentre pas ?

— Alors je resterai toute la nuit.

Elle s'arrête de mâcher, sa cuillère en suspens au-dessus de son bol qui déborde presque. J'incline la tête sur le côté, le sourcil arqué.

— Ça te dérange ?

Elle déglutit, avant de poser sur moi un regard qui creuse mes reins d'une sensation dévorante. Elle me scrute, comme pour décider si elle veut que je reste ou si elle préfère que je la laisse seule. Mais de là où je suis, je sais quel camp a choisi son coeur, au détriment de son cerveau.

Nous sommes dans le même bateau, petit renard.

— Oui, souffle-t-elle. Je n'ai pas besoin que l'on veille sur moi.

— Manifestement, si. Si je m'écoutais, je ne partirais même pas au retour de Noah.

Sa jambe commence à s'agiter de haut en bas, dans un geste nerveux. Instinctivement, je pose ma main sur sa cuisse, avant d'y dessiner des cercles réguliers avec mon pouce.

— Tu ne m'as pas dit pourquoi il est parti, murmure-t-elle en arrimant son attention aux céréales qui flottent dans son bol.

— Tu ne m'as pas demandé.