Broken Rules

~ TWENTY ~

Chase

Mon esprit tourne en rond dans mon crâne, emprisonné dans mes pensées néfastes. Je ne peux m'empêcher de me dire que j'aurais dû simplement porter mes couilles et admettre que je suis raide de mon petit renard. Parce que c'est maintenant une évidence : chacune de ses respirations dicte mes battements de cœur, et quand elle n'est pas dans la pièce, j'ai juste l'impression d'être vide.

Je me suis attaché à elle alors même que je me répétais chaque jour de ne surtout pas le faire. Pourtant, je sais bien comme le cerveau humain est buté : plus tu lui demandes de ne pas faire une chose, et plus il se fera une joie de le faire à fond. Je m'étais imposé la règle de ne surtout pas la voir comme autre chose que la petite sœur chiante de mon pote, ou encore mon élève. Maintenant, je la vois comme une femme que j'ai envie d'aider à voir la vie autrement qu'en noir et blanc. Je veux lui montrer les couleurs du monde, lui apprendre que son sourire est le plus beau des cadeaux à mes yeux.

Et je n'en ai aucun droit.

C'est la raison pour laquelle je me suis lâchement contenté de mentir à Noah. Je ne sais pas comment il réagirait si je lui disais que j'éprouve quelque chose pour Vix. Il s'en prendrait à elle ? Il la battrait plus fort chaque jour ? Ou bien peut-être qu'il s'en prendrait à moi ? Qu'il foutrait ma carrière en l'air ?

Putain, je ne peux pas me le permettre.

Hope ne mérite pas de subir les conséquences de mes écarts. Alors je dois m'en tenir à ce que j'ai dit à Noah : j'ai eu pitié, j'ai commis une erreur. Mon cœur se resserre sur lui-même et me fait un mal de chien à cette simple pensée, qui sonne encore plus faux qu'un piano désaccordé. Car jamais je n'ai eu pitié de Vix, je l'ai toujours trouvée d'une force incroyable, pour tout ce qu'elle subit, pour le courage dont elle fait preuve en continuant à croire en l'amour inexistant de son frère. Et bordel, l'avoir embrassée n'a rien d'une erreur, ça ne le sera jamais, à mes yeux. C'était une sensation addictive, à laquelle je me maudis d'avoir osé goûter. Parce que je n'y ai plus le droit.

Mais si c'était à refaire, je n'hésiterais pas une seule seconde pour la serrer contre moi afin de l'embrasser comme si je partais en guerre, comme si je n'étais pas sûr de la revoir. Si je le pouvais, je permettrais à mon âme de dire au revoir à la sienne. Parce que l'intervention de Noah a créé une putain de déchirure en moi, qui n'a cessé de saigner depuis que j'ai croisé le regard larmoyant et blessé de mon petit renard, après avoir déballé tout un arsenal de mensonges à son frère.

Le léger brouhaha qui s'infiltre dans ma salle me tire de mes pensées moroses et me force à relever la tête du carnet de notes que je fixe depuis vingt bonnes minutes sans vraiment lire ce qui s'y trouve. Mon estomac se tortille au creux de mon ventre quand je vois passer une tignasse aux reflets de feu, qui trace son chemin jusqu'à la place tout au fond, comme à son habitude. Mais contrairement à l'accoutumée, Vix garde les yeux baissés, elle me refuse l'accès à ses pupilles. Et ce fait m'enrage plus qu'il ne m'attriste.

Je ne suis pas énervé contre elle, jamais. Mais contre moi, parce que comme un con, je n'ai pas attendu d'être sûr qu'elle ne m'entendrait pas avant de débiter toutes ces conneries à son frère. Dans tous les cas, j'aurais dû prendre mes distances, c'est un fait que je ne peux nier. Mais j'aurais voulu le faire avec plus de douceur. Qu'elle sache que je suis désolé. Or, le mal est déjà fait. Et j'ai bien peur que si j'essayais de lui expliquer, de lui dire que j'étais obligé de mentir – pour sa sécurité tant que pour celle de Hope –, elle me crache au visage en me traitant de menteur.

Pourtant, je ne lui ai jamais menti, et jamais je ne le ferai. Pas à elle. Jamais. La seule personne à qui j'ai menti, c'est à Noah, pour la protéger, elle.