— T'as laissé ton vélo au même endroit que la dernière fois ?

Elle hoche la tête, sans m'accorder le plaisir de croiser ses pupilles. Je tire un sac que je garde toujours dans ma voiture pour le poser sur mes genoux, à la recherche d'un t-shirt de rechange. Quand je l'ai enfin trouvé, je retire mon sweat pour le balancer à l'arrière, avant d'enfiler le vêtement sec. Une fois que ma tête a passé le col, je constate que mon petit renard a les joues aussi rouges que des pivoines, et qu'elle tente de les cacher en tirant sur sa capuche détrempée. J'esquisse un léger sourire avant de lui caresser la main du bout des doigts.

— Pour me mater y'a du monde, mais dès qu'il faut parler sérieusement, il n'y a plus personne, hein, raillé-je avant de fouiller à nouveau dans mon sac.

— La ferme, grommelle-t-elle en tournant son visage vers la vitre de la portière. Je ne t'ai pas maté, t'as juste mis le chauffage trop fort.

J'arque un sourcil en observant ses cuisses, qui tremblent encore. Je pose alors ma paume sur l'une d'elles, pour la frotter doucement dans l'espoir de la réchauffer plus vite que ne le fait la ventilation de la Jeep. Puis je me penche pour murmurer à son oreille :

— Si tu tiens tant à me mentir, petit renard... Apprends au moins à être convaincante. Parce que ton corps ne se cache pas pour me crier la vérité, quoi que tu essaies de cacher. Je le devine toujours sans aucun mal.

Quand je retire ma main de sa jambe pour me redresser sur mon siège, Vix enlace ses doigts aux miens pour les reposer sur sa cuisse, toujours sans me regarder. Face à mon silence interrogateur, elle se justifie :

— T'as les mains chaudes, ça fait du bien.

Mes ongles s'enfoncent un peu dans sa chair à l'idée qu'elle apprécie mon contact. Pire, elle le réclame. Et le soupir d'aise qu'elle pousse quand mes doigts glissent le long de son collant... il menace tout simplement de briser mon self-control. Je caresse l'intérieur de sa cuisse, dans un geste lent, presque tremblant. Tandis que mon souffle s'égare quelque part entre mes poumons et ma bouche, incapable de retrouver son chemin.

Inconsciemment, la main de mon petit renard guide la mienne, jusqu'à ce qu'elles se trouvent à la lisière de sa jupe. Mon cœur semble avoir oublié sa fonction première, il fait n'importe quoi et pulse mon sang dans une zone qui ne devrait surtout pas être irriguée en présence de Vix.

Merde.

Je suis alors heureux d'être dans un jogging suffisamment ample pour ne pas souffrir de cette situation. La chaleur qui se dégage du corps de Vix glisse sur ma peau, m'appelle à un péché que je ne suis pas encore prêt à assumer. Pourtant, je n'arrive pas à éloigner ma paume. Et c'est encore pire lorsque je fais l'erreur de lever la tête pour croiser le regard enflammé de mon petit renard. Ses pupilles sont dilatées par un désir mal dissimulé – si tant elle qu'elle essaie de le dissimuler – et m'implorent de céder à la tentation qui nous consume tous les deux dans un brasier irrésistible. Elle mordille à nouveau sa lèvre inférieure quand ses prunelles descendent jusqu'à ma bouche, où danse nerveusement la bille de mon piercing.

Il faut vraiment que je fasse un truc pour ce foutu tic.

Après d'interminables secondes à câliner sa peau au travers de son fin collant trempé, je finis par me détourner d'elle à contrecœur avant de lui tendre ma veste, qui se trouvait dans mon sac.

— Enfile ça, ce sera mieux que ton sweat détrempé.

Je m'attendais au petit « merci » presque inaudible qui a passé la barrière de ses lèvres. Je m'attendais aussi au silence mortel qui s'est abattu sur nous au moment où j'ai relâché sa cuisse. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'elle enlève son sweat et se retrouve en soutien-gorge sous mon nez, sans prévenir.

Broken RulesWhere stories live. Discover now