Le grondement du tonnerre lui arrache un sursaut et je l'attire contre mon torse, instinctivement. Son cœur éclate le mien de ses battements, qui résonnent dans tout mon corps. Et l'espace d'un instant, j'espère que ce soit ma présence qui le rende aussi affolé. Que ce soit mon odeur qui mette son organisme sens dessus dessous, exactement de la même manière que son parfum de lavande fout mon cerveau en branle. C'est simple, je suis incapable de rationalité dès que mon âme sent la présence de la sienne. Tel un chien enfermé, elle gratte à la porte pour retrouver mon petit renard, la cajoler et la chérir.

— Chase...

— Mh ?

— Lâche-moi, je dois rentrer.

Ses mots me repoussent, mais ses bras sont pourtant fermement serrés autour de moi, comme si elle avait peur que je m'envole.

Mais je n'irai nulle part sans m'assurer que tu y sois déjà, petit renard.

— C'est hors de question que je te laisse rentrer sous la flotte, je vais te ramener.

Quand je la laisse s'éloigner d'un pas, mon corps pleure déjà l'absence de sa chaleur, mais je me retiens de la serrer à nouveau contre mon cœur, là où ce dernier a décidé que serait sa place. Les lèvres pincées, elle regarde le sol, les mains cachées dans les manches détrempées de son sweat.

— Je ne veux pas laisser mon vélo ici, marmonne-t-elle sans pour autant relever la tête.

— On va le récupérer en passant, ce n'est pas un problème. Monte dans la voiture.

Elle ne bouge pas d'un pouce, ses Dr. Martens usées fermement enfoncées dans l'herbe qui plie sous les torrents qui s'abattent sur nous. D'une main sous son menton, je la force à plonger son regard dans le mien. Elle s'y perd aussitôt. Malgré son expression fermée, ses pupilles sont une porte grande ouverte sur la tempête qui régit l'ordre de son esprit. Mon pouce caresse sa joue, puis sa lèvre, tandis que je m'approche d'un pas. Mes mouvements sont le résultat de l'égarement dans lequel elle me pousse à la moindre de ses respirations. Sa simple existence suffit à me donner envie de l'avoir rien que pour moi.

Je me penche vers elle, jusqu'à ce que mon nez caresse le sien, avec une délicatesse inouïe, pour ne pas lui faire mal. Et j'ai beau avoir mes yeux accrochés aux siens, je ne manque pas le mouvement de sa lèvre inférieure, qui se voit transpercée par ses incisives. Je prends alors le temps d'y passer à nouveau mon pouce pour la libérer de l'emprise de ses dents.

— Tu vas finir par te faire mal à force de maltraiter cette lèvre.

— Je m'en tape, murmure-t-elle.

La sensation de son souffle contre ma peau menace de me faire céder à cette envie dévorante qui ronge mes résolutions une à une depuis maintenant quelques semaines. Je ferme mes paupières, l'espace d'une seconde, avant de les rouvrir sur mon petit renard, qui semble bien plus intéressé par la bille de mon piercing, que j'ai machinalement glissée entre mes lèvres. Je retiens mon sourire satisfait et me contente d'ordonner, d'une voix basse :

— Monte. Dans. La. Voiture. Je ne le répéterai pas, Vix. Pose ton cul sur le siège passager si tu ne veux pas que je t'embarque de force.

Elle déglutit, une seconde passe, puis deux. Puis elle s'éloigne au pas de course, avant de se jeter à l'intérieur de ma Jeep. Seul son parfum addictif reste accroché à mon épiderme, comme un rappel constant de la tentation qu'elle représente. Avec un léger grognement, je rejoins à mon tour le véhicule, avant de mettre le contact. J'allume le chauffage quand je constate les tremblements de Vix, qui frotte ses bras dans une vaine tentative pour dissiper le froid mordant de la pluie qui a imbibé ses vêtements.

Broken RulesWhere stories live. Discover now