Chapitre vingt

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« La compagnie des trains vous souhaitent un agréable séjour à Daegu. À bientôt. »

Je descends du wagon moderne, ma valise en main, mes blessures mentales loin, je les aie laissés à Séoul. Pour deux jours du moins.

Dans la gare, les gens se bousculent, cours, parlent, téléphonent et autres, mais ils font tous un chahut infernale. Étrangement, j'aime bien. Pour une fois, je ne suis pas au centre de l'attention, je suis redevenue Kim TaeHyung. J'étais chez moi, et personne ne pourrait m'enlever ça.

Je sors du bâtiment et attrape mon Samsung, cherchant le nom de mon père en contact. J'appuie sur le petit bouton vert et la liaison se fait. De l'autre côté, j'entends la voix grave et rassurante de mon père.

« Allô ? »

« Papa ? »

« Oui Tae ? »

« Je suis devant la gare à Daegu, tu viens me chercher ? »

« J'arrive dans dix minutes ! »

« Okais, à tout de suite ! »

Je raccroche et m'assois sur ma valise, à côté de la gare. Dire qu'il y a quelques mois, je me tenais là, un billet en main, mes amis et mes parents autour de moi, les laissant dans cette ville, tandis que je partais à la capitale recommencer ma vie en quelque sorte. Je préférais nettement celle d'avant à celle que j'avais en ce moment.

Je dévisage les passants, détaillants leurs vêtements, leurs situations familiales, écoutant par la même occasion leurs conversations. Je m'ennuyais tellement que je leur façonnais une vie, juste sur quelques secondes de vue.

Une femme par exemple, se trouve devant moi. Elle porte un jean noir, repassé à la perfection, un chemisier transparent - montrant sa poitrine et son soutien-gorge noir -, une paire de lunette cache ses yeux. Elle était belle, blonde, mince et jeune, la vingtaine, et ses escarpins noirs la grandissaient. Elle se savait belle et avait l'air d'aimer qu'on parle d'elle.

La femme était sur une tablette dernière cri, et en conversation que je devinais, Skype, au son de son démarrage. Elle s'impatientait et avait l'air d'attendre son chauffeur personnelle, elle puait le fric.

Oh ! Et puis, adossé à un arbre, un adolescent jouait sur son portable à Doodle Jump. Il avait un jean bleu clair, une paire de Lacoste blanche, une veste en jean boutonné et une grosse écharpe en laine de la même couleur que ses chaussures. Il était mignon avec ses cheveux noirs en pique, brossés n'importe comment étaient magnifique, il était grand, longiligne, et avait des yeux clairs. Une fille accourut vers lui, sautant dans ces bras en criant son prénom. Et la petite brunette était sa sœur. Il revenait d'un pensionnat, à en juger la taille de sa valise et le manque de sa famille.

Un bruit de klaxon me sort de mes rêves et je porte mon attention sur la voiture de cette personne si bruyante. Un Tiguan noir. Mon père.

Je prends ma valise et marche calmement jusqu'au moyen de transport, alors que j'avais juste envie de courir et de sauter dans les bras de mon père tant je suis heureux. J'ouvre le coffre et y glisse mon bagage avant de monter dans la voiture, à la gauche de mon père : la place du mort.

« Salut papa ! »

Je boucle ma ceinture et mon père démarre.

« Bonjour ! Ça va ? »

- Oh oui et toi ?

- Très bien. Et ton voyage s'est bien passé ?

- Oui ! Bon, me pose pas trop de question, je vais devoir tout répéter à maman dans genre dix minutes.

Cross my heart and hope to die.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant