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« Le bonheur c'est l'équation entre le temps et les tiens, partagé entre les souvenirs et les rêves, les regrets et les projets, on ne fait jamais de trêve. Pendant ce temps le bonheur passe, comme un train de campagne, qui roule doucement, qu'on peut prendre, mais on regarde les montagnes. Peu importe ce qu'il y a dans le plat, un bon repas de famille, contente toi déjà de ça, point à la ligne. Le bonheur est une luciole, qui brille dans nos nuits, on aimerait le garder, on peut juste le regarder. Le confort est une babiole, je le fuis comme l'ennui, vous pouvez vous le garder, j'ai autre chose à regarder. J'ai jamais su comment se conjuguer l'amour et puis un jour j'ai pris le temps j'ai appris. Parfois le bonheur se trouve juste là devant toi, okais c'est rare mais il se peut qu'il arrive. Et quand il est là faut le saisir, nan ça n'a pas de prix. »

Ce mois fut long et périlleux, la première fois que j'ai posé mon regard sur ce bout de terre qui représentait à présent tout pour moi, les larmes ont jaillis, la tristesse m'a envahi... Mon deuil n'était pas fait, je n'avais pas encore eu cette vision-là, celle de te voir sans te voir, de te sentir sans réellement te sentir. J'avais peine à toucher cette terre de peur d'emporter ton souvenir avec moi. Mon cœur ne battait plus, il avait retrouvé le tien, je n'arrivais plus à penser convenablement. La mort, une chose plus sûre que tout, qui m'a prise mon pilier mais la vie est faite d'épreuve et Dieu éprouve ceux qu'il aime, Il éprouve les endurants...

"On prépare plus son mariage que sa mort pourtant la mort est plus sur d'arrivée que le mariage"

Ce mois fut long, humide en perles salées et surtout riche en remise en question... Je n'avais pas cessé de pleurer, chaque soir où la solitude me rejoignait dans ma chambre je sanglotais en essayant de me souvenir de ton visage. Ta place reste Yemma mais pardonne-moi si ton visage s'estompe à mesure que le temps passe, que tes souvenirs remplacent les nôtres...

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Un jour nouveau prend forme, une page sombre semble se tourner pour laisser place à une nouvelle. Aujourd'hui, un nouveau chapitre vient s'inscrire dans le court de nos vies. Il semble vouloir effacer notre passé tourmenté et nous guider vers un avenir radieux.

Pourtant l'angoisse persiste, tellement accoutumés à être sur la mauvaise pente, ce côté glissant et obscure, que j'ai du mal à m'y faire. Accepter de laisser entrer le bonheur dans ma vie est une crainte. J'ai peur de prendre goût à cette accalmie, de m'y habituer pour finalement tomber de haut lorsqu'une tempête de tourment fera de nouveau une entrée fracassante sur nos chemins. La hantise qu'elle nous laisse sur le carreau et nous annonce la fin définitive de la partie, et qu'elle nous pousse ainsi à l'abandon. J'ai vu trop de gens détruits, à force de lutter sans relâche pour finalement perdre espoir face au poids des épreuves...

En clash contre soi-même, nos esprits sont souvent en contradiction. On désire plus que tout vivre cette vie paisible, mais les terres inconnues font peur. Le bonheur semble être trop rare pour y croire, mais une vie sans croyance ne mène à rien. Alors on encaisse sans rien dire, on accumule les sacrifices pour le bien être des siens. Des bleus dans l'âme, le cœur lacéré, une vie tourmentée, on éprouve chaque douleur, mais on continue de se battre avec acharnement pour ne jamais abdiquer. J'ai cette impression constante qu'une arme est pointée sur ma tempe, elle me rappelle que tout peut basculer et prendre fin d'une minute à l'autre. La quête du bonheur, nous forge au combat alors on s'arme seconde après seconde pour atteindre les sommets de sérénité et effacer cette grisaille de notre panorama. Nul ne connaît sa destination finale, alors on vit...

Le destin nous surprend souvent au moment où on s'y attend le moins. Un nouveau souffle vient guider mes pas, il allège mon cœur et fait taire mes peurs... Un doux murmure vient chatouiller mes oreilles, il me fait de nouveau croire au bonheur. Je ressens l'évasion dans mes songes, mon être abimé semble apaiser...

Chronique de Nessma : Ma vie en kilodramesWhere stories live. Discover now