« Le Savoir est une arme, mais je n'ai pas fait d'étude, alors j'ai un Gros brolik tout prés de mes tunes. »
Les jours suivants, Redouane fut très distant. Je voyais qu'il s'en voulait d'avoir agit ainsi, sous l'emprise de l'alcool...
On s'évitait du regard... Je ne supportais plus de me retrouver dans la même pièce que lui. Non pas que je lui en voulais mais c'était le fait de l'avoir vu dans un état aussi lamentable qui me rendait malade. A chaque fois que je posais mon regard sur lui, je revivais la scène avec la même intensité. J'avais mal au cœur... Comment Redouane a-t-il pu en arriver à commettre un geste aussi désespéré ?
Je pensais que des deux, Redouane était celui qui était le plus droit. J'étais consciente qu'il avait changé depuis le décès de Yemma mais je ne pensais pas qu'il était aussi mal. Redouane est quelqu'un de discret, il ne dévoile pas grand-chose de lui, de ce qu'il peut ressentir, il fait souvent les choses en soum-soum; c'est peut-être pour ça que je suis aussi déconcertée. C'est triste à avouer mais Yassine m'aurait moins choqué si cela avait été lui que j'avais trouvé une bouteille de bière à la main.
J'ai gardé ce que j'ai vu pour moi. De toute manière, à qui aurait-je pu en parler ? Khadija et Yassine sont devenus des fantômes dans cette famille, des courants d'air qui traversent l'appartement quand bon leur semble. Khadija est toujours dehors à traîner avec ses soi-disant amies qui la tirent vers le fond plus qu'autre chose. Quant à Yassine, il est devenu inséparable à Jalil. Toujours fourrés à deux, ils font tout ensemble, l'un ne va jamais sans l'autre. Jalil est souvent à la maison et je ne supporte pas que Yassine le fasse entrer dans la demeure de mes parents. Lorsqu'il est chez nous, je m'enferme dans ma chambre, je le déteste et, ces temps-ci, plus que jamais. Après l'incident avec Redouane, je suis arrivée à la limite de ce que je pouvais supporter. J'ai fait de Jalil, le coupable de tous mes malheurs ! Je sais que c'est trop facile mais j'ai besoin d'un bouc-émissaire et c'est tombé sur lui.
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Les semaines passent et mes examens approchent à grands pas. Je passe donc, le plus clair de mon temps, le nez dans mes bouquins. Matin et soir, je révise, j'ingurgite les termes médicaux, j'avale les théories, les concepts. Ce n'est pas toujours évident parce qu'en plus de mes révisions, je dois aussi m'occuper des jumelles. Je profite des moments où elles jouent dans leur chambre ou lorsqu'elles mangent pour revoir les cours sur mes fiches.
C'est difficile mais je ne peux pas tout abandonner maintenant, anéantir tous mes efforts à quelques semaines du jour J. Les examens du premier semestre se sont bien passés mais, cette fois-ci, on passe aux choses sérieuses ! Je dois travailler encore plus qu'auparavant. Qu'importe les problèmes, les soucis, je dois mettre tout ça de côté parce que, ce jour-là, seules nos connaissances seront évaluées. L'enseignement se fiche royalement de notre vécu, de ce qui pourrait nous ralentir et nous faire perdre pied. Quoi qu'il arrive, tes examens, tu les réussis ou tu les rates... Il n y a aucune autre possibilité ni seconde chance.
Heureusement que j'ai mes deux acolytes pour me donner de la force lorsque je suis démotivée par la montagne de travail que je dois abattre. On se voit souvent à la bibliothèque avec Soumaya et Omran pour réviser et revoir tous nos cours. J'avoue que c'est plus sympa de faire cela avec eux qu'enfermée seule dans ma chambre. Surtout que Omran fait toujours l'imbécile pour détendre un peu l'atmosphère quand elle devient trop tendue ou sérieuse. C'est tout lui ça, il ne peut pas s'en empêcher !
En parlant d'atmosphère, celle qui règne entre Sou et Omran est bizarre... J'ai beau en parler à Soumaya, elle me dit que c'est moi qui me fait des idées... C'est peut-être vrai après tout, je ne les connais pas encore suffisamment pour pouvoir juger avec certitude ce qui peut se passer entre eux.
