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« Parfois je me dis que la retraite est comme la femme de ma vie, je risque d'être mort avant de la toucher. »

On est en plein mois de mars, j'ai finis assez tard les cours et je suis restée réviser avec mes acolytes, ce qui fait que la nuit est déjà tombée quand je rentre chez moi.

Je me dépêche... J'arrive enfin à la cité et j'aperçois mon bloc.

A cette époque de l'année, les murs qui entourent notre tess sont désertés par ses soldats du bitume qui préfèrent squatter les caves aménagées.

Et, pourtant, quelque chose attire toute mon attention... Je n'aurais jamais dû assister à cette scène... Mes yeux sont rivés. Impossible de détourné le visage ! A contre-cœur, mon regard reste scotché... Mon cœur vient de se briser...

Je ressens... de l'amertume. Oui, de l'amertume dans ce fichu bitume qui a enfilé le costume de tueur de rêves telle est sa coutume !

Je frotte mes yeux, c'est surement la fatigue qui me trotte cette vision dans ma tête. Mais, non... J'aperçois toujours et encore cette « chose » qui me dépouille, qui me souille de l'intérieur, qui me déverrouille le cœur afin de le dévaster, qui me gribouille mon esprit, qui me mâchouille la rétine, qui me rouille la vision, qui m'écrabouille mes larmes,...

Ouais, voilà que je pleure... Mais, putain, je ne sais même pas pourquoi je répand mes larmes sur ce fichu parking au beau milieu de ces tours qui m'entourent comme pour m'étouffer. Vous voulez ma mort, c'est bien ça ? L'effondrement de ma famille ? Je ne baisserai pas les bras !

La seule question que je me pose, c'est « Que vais-je faire face à cela ? »... Prendre la fuite et vivre comme si je n'avais rien vu ?

Je m'avance petit à petit... Chaque pas se résume à plusieurs battements de cœur, tant de rancœur, un moteur de tumeur qui fait disparaître le peu de bonheur qu'il me reste, un scarificateur de gaieté, le seigneur de mes pleures,...

Cette scène me terrorise, me pulvérise, me martyrise, me miniaturise ma joie en la pulvérisant en cendres... Mais quel dégoût ! Une répugnance qui s'est faufilé afin d'étrangler ma sensibilité.

Je ne peux pas les regarder plus longtemps, je ne veux plus esquinter mes pupilles, cette vision ne cesse de me ravager...

Sans même réfléchir, je me met à courir... Oui, courir ! M'évader loin de ce milieu où le respect est mort, enterré par des scènes telles que celles-ci.

Je ne savais pas où mes jambes me menaient, ni même où j'étais... La seule chose que je voulais, c'était de fuir loin de ces personnes qui ont galvaudé ma soirée.

Je m'arrête enfin. Je souffle très fort, mon cœur bat très fort, il faut que je reste forte... Je regarde autour de moi, j'ai dû mal à deviner où je me trouve, mes larmes ont rendu ma vue floue... Floue comme cette scène ! Ce n'est pas possible !

La frayeur s'installe chaleureusement en moi, la crainte prend une place douillette dans mon cœur, le spectre de l'effroi me fait palpiter...

Je me met à courir de plus bel en espérant regagner mon hall saine et sauve.

Je suis encore loin de mon hall, j'ai traversé toute la cité en courant... Ma souffrance plane entre ces tours parsemées d'un chantier de cataclysme, d'un raz-de-marrée de cocaïnisme,...

Tout cela à cause de deux personnes ! Désormais, je les déteste à cause de leur geste, ils ont enfin enlevé leur veste, j'aperçois clairement la chose funeste que leur esprit possède entre ses doigts, cette chose les infeste en leur propageant la peste, cette peste qui les empeste.

Chronique de Nessma : Ma vie en kilodramesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant