Pascal & Evelyne

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Pascal était au cimetière. Il venait voir sa mère environ deux fois par an. Les années avaient beau passer, il continuait à venir ici. Cette année, ça faisait 4 ans, et elle lui manquait plus que d'habitude. Ca venait par vagues. Il pouvait ne pas y penser pendant des semaines, voire des mois, et puis tout à coup ça arrivait sans prévenir.

Il était debout devant la tombe. Il ne parlait pas, il avait juste besoin de se recueillir, comme si ça lui permettait de sentir sa présence.

Il repensait à son décès, le choc quand il l'avait appris. La tristesse qui l'avait envahi. Le soutien qu'il avait reçu de ses collègues. L'idée saugrenue qu'il avait eu l'espace d'un instant d'avoir un enfant avec Nicky alors qu'il était amoureux ... d'elle. Florence. Les larmes de Florence le jour où ils l'avaient mise en terre. Elle avait pourtant tout fait pour se retenir, il l'avait vu. Mais il avait fallu que ça sorte à un moment. Il avait eu envie de la prendre dans ses bras, de la consoler, mais il en avait été incapable. Ils avaient fini par discuter un peu après, elle avait été présente pour lui, même s'il restait toujours une certaine pudeur entre eux. Il en revenait toujours à elle. Même des années après, rien n'avait changé. alors il était là, il regardait cette pierre tombale, il avait parfois du mal à se dire qu'elle y était. Avec son père d'ailleurs.

- Maman je ... Ca va faire 4 ans que t'es plus là. Putain je me sens comme un con à parler dans le vide. Tu peux pas me répondre. Il baissa la tête, et retint ses larmes.  Ca ne lui arrivait jamais. Il ne comprenait pas pourquoi ça lui faisait ça aujourd'hui. - J'aimerais que tu sois encore là. J'aimais quand on s'engueulait, quand tu cherchais la petite bête sur ma vie perso. Je m'en veux de t'avoir fait du mal quand j'étais plus jeune, j'ai été con. Je me souviens quand je suis revenu de mes 5 ans en Asie avec mes tatouages. Tu les détestais tellement ces tatouages, et j'ai tout fait pour te tenir à l'écart, et je suis désolé.. Et puis, elle .. Elle est arrivée. Tu l'as détestée autant que l'ai aimée je crois..., autant que je l'aime ... Je me sens toujours aussi con à parler tout seul.

Son téléphone sonna. Florence. Il sourit et décrocha.

"Allo"
"Bonjour Pascal, vous fabriquez quoi?"
"euh rien de spécial, pourquoi?"
"Vous avez pas oublié qu'on a rendez vous chez le proc dans une demi heure?"
" euh non non, je vous rejoins là bas, à toute à l'heure"

Il reprit la conversation avec sa mère. - J'aime pas aller au tribunal, retourner dans ce bureau, même si Chappaz est sympa. Mais il va falloir que je file. Florence va râler sinon. Je repasserais te voir plus tard.

Il quitta le cimetière. Cette année, c'était beaucoup plus dur que d'habitude, il ne savait pas pourquoi. Il monta en voiture et prit la direction du tribunal. Quand il arriva, Florence l'attendait sur le parvis. Elle avait les bras croisés.

- Félicitations capitaine, vous êtes arrivé à l'heure!

- Bah oui qu'est-ce que vous croyiez? Comme si c'était mon genre d'être en retard. Il aimait ces joutes verbales.

- Allez venez, on y va, Chappaz va râler sinon. Ils montèrent le grand escalier qui conduisait au bureau du proc. - Ca va Pascal? Vous avez l'air bizarre

- Non non, ça va. Il la suivit, il était étrange. Il se sentait pas bien aujourd'hui. Il arrêtait pas de penser à sa mère, il s'attendait presque à ce qu'elle soit dans le bureau quand la porte allait s'ouvrir. Mais c'est Chappaz qui les accueillit.

- Cassandre, Capitaine, comment allez vous?

- Ca va merci, répondit Cassandre. - Très bien M. le Procureur et vous? Demanda Pascal

- Bien bien, posez vous, on va faire le point sur deux trois dossiers particuliers que vous encore en court et qu'il me faudrait. La conversation avançait entre les 3, mais Pascal n'était pas dans son assiette. Il parlait à peine. Florence avait beau lui jeter des regards pour l'inciter à engager la conversation, rien n'y faisait. Il semblait ailleurs. Le procureur les remercia. Pascal sortit le premier. Chappaz retint Florence : - Ca va le capitaine Roche? - Bah je vous avoue que là ... Je sais pas. Lui répondit-elle.

OS - Et les autresWhere stories live. Discover now