Dans la tête d'une Pute🇨🇲 ( En pause)

Chapitre 40

              Point de vue de Cassidy

J'étais couchée sur l'énorme lit d'Evan, le regard rivé sur le plafond et les yeux embués de larmes. Moi qui croyais pourtant qu'elles avaient fini de couler, voilà qu'elles recommençaient à nouveau.
En même temps c'était compréhensible. Comment m'arrêter une seule seconde de pleurer avec cette terrible révélation? Comment m'arrêter de pleurer avec les mots de ma mère qui ne cessaient de tourner en boucle dans ma tête? Comment m'arrêter de pleurer alors qu'elle m'avait caché pendant tout ce temps que mon père était encore en vie? Comment m'arrêter de pleurer quand je réalisais que j'avais embrassé mon propre père, qu'il m'avait caressé, que j'avais eu à coucher avec lui....

Je me sentais tellement souillée, je me trouvais tellement dégoûtante. Si seulement ma mère m'avait dit que mon père était encore en vie, je ne me serais jamais hasardée à sortir avec un homme bien plus âgé que moi, de peur que ce ne soit lui. Je comprenais mieux, pourquoi elle était devenue si protectrice lorsque les mauvaises langues du quartier, lui disaient me voir descendre des voitures en compagnie des vieux pères!

Depuis deux jours maintenant que j'étais au courant de la vérité, je n'avais plus osé fermer mes yeux car à chaque fois que je le faisais, je revivais cette scène horrible encore et encore...
Comment pouvais-je continuer à vivre en sachant que j'avais couché avec mon irresponsable de père? Il avait abandonné ma mère avec une grossesse, dont il était le géniteur. Il avait eu d'autres enfants dont il s'en était occupé, il leur avait offert le confort nécessaire. Confort, dont j'étais censée bénéficier. Au lieu de ça, j'avais passé ma vie à envier les autres, à vivre des miettes de ma mère, à sortir avec les hommes pour me faire un peu d'argent, hommes qui m'avaient pour la plupart, traité comme une pute.

Quelqu'un se mit à toquer à la porte, me faisant sortir de ma torpeur. « C'est Evan, je t'ai fait à manger ». Je ne répondis pas. Même si mes intestins se tordaient à cause de la famine, je ne voulais rien avaler... j'espérais secrètement mourir, car je n'avais plus la force de vivre après ce que j'avais fait...

-Ouvre la porte Cassidy! Me dit-il sur un ton très autoritaire. Toutefois, j'étais tellement submergée par la tristesse, que je n'eus pas pris peur. Tu es terrible hein! Tu m'empêches d'entrer dans ma propre chambre depuis deux jours. Continua t-il en riant légèrement à travers la porte. Sérieux Cassidy, qu'est-ce qui ne va pas? Si tu es venu me voir, c'est parce que tu sentais que je pouvais t'aider. Livre-toi à moi s'il te plaît...finit-il par me dire sur un ton doux.

C'était terrible la manière dont Evan changeait l'intonation de sa voix, on dirait que cette situation le rendait tout autant fou que moi je l'étais. Même si je mourrais d'envie de lui partager ce qui me chagrinait, je ne pouvais tout simplement pas! Comment allait-il me regarder, s'il apprenait que j'avais couché avec un homme bien plus âgé que moi, qui de surcroît était mon père?

Après plusieurs minutes derrière la porte avec l'espoir que je ne puisse lui dire quelque chose, je sentis les pas d'Evan s'éloigner. Alors que je pensais qu'il s'était enfin résigné, il revint une nouvelle fois toquer à la porte.

-Evan s'il te plaît, je ne veux pas manger..lui dis-je faiblement.

-Ce n'est pas Evan... me répondit une voix que je maîtrisais par cœur. Je suis venue te parler.

-Dégage! Je ne veux pas te parler! Il est trop tard pour que toi et moi fassions amie-amie.

-Cassidy, écoute! Tu as été là quand j'ai eu besoin de toi, à mon tour d'être là pour toi...

-N'est-ce pas tu m'as accusé d'avoir fait semblant de t'aider? Tu m'as accusé d'être une mauvaise amie, tu m'as accusé d'avoir divulgué un secret que j'ai gardé durant deux semaines.