Chapitre 2 S'attirer des problèmes / Sous chapitre : Travailler sa souplesse

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Ce soir, nous avons décidé de faire travailler nos chevaux avec un fond sonore. Depuis la rentrée, les palefreniers et même le père de Naya ont vu que les chevaux, qu'il s'agisse des nôtres mais aussi de ceux des écuries, apprécient un peu de musique lorsqu'ils sont dans les près ou les carrières. Ils ont investi dans des enceintes intérieures et extérieures indépendantes. Ainsi, au niveau des stalles, une musique douce et apaisante est diffusée quelques heures par jour. Dans les cinq carrières, on peut choisir l'ambiance en connectant nos téléphones en Bluetooth. La plupart du temps, ce sont des musiques populaires rythmées. De plus en plus d'élèves, pas forcément cavaliers, viennent profiter de ce simili radio pour se détendre avant d'aller manger. J'ai bien essayé de faire payer l'entrée mais je me suis fait traiter d'escroc par mon double.

Nous avons établi des règles pour la sécurité de tous. Personne dans les carrières, pas de bruit fort ou de gestes brusques. Ils peuvent nous regarder sans nous déranger. Les basketteurs viennent assez souvent après leurs entrainements. Ils s'occupent de faire le service d'ordre si besoin. Les lutteurs ont bien tenté de foutre le bordel en faisant sonner une corne de brume alors que je travaillais avec Grognon en liberté. La réaction de mon étalon n'a pas été celle qu'ils attendaient. Non seulement il n'a pas eu peut mais cette andouille leur a foncé dessus et les as poursuivi pour leur mordre les fesses jusqu'à l'entrée des dortoirs. Depuis, ils sont terrorisés et le prof d'équitation et les palefreniers leur ont interdit de revenir.

Pour attirer encore plus de curieux, Naya fait parfois répéter les pom-pom girls sur une carrière adjacente. Je pensais qu'elle surveillait que je ne torture pas son étalon. En réalité, elle admire les talents en voltige de ma frangine et toutes les deux travaillent parfois ensemble sur les chorégraphies des pom-pom girls le soir. Mélia et elle s'entendent à merveille. La reine des abeilles a aussi clairement placé les Kawai sous sa protection, en particulier Sarah qu'elle défend farouchement. Elle se comporte en grande sœur avec les trois timides et en amie avec Mélia. L'affection envers elles est sincère, et je réalise qu'elle n'aime guère la petite cour de crétins et d'idiotes qui la vénèrent. Elle profite de son statut social sans accorder vraiment d'importance à l'admiration futile qu'elle génère.

Entre elle et moi, c'est un mélange de guerre froide, de piques acides, de respect et de complicité. Par instant, on tire à vue. A d'autres moments, on s'apprécie presque, surtout quand on travaille avec les chevaux d'ailleurs. Ce soir, je challenge Prince pour le saut. Grognon n'a pas besoin de cavalière pour le guider. Alors, je monte l'étalon de Naya et le mien saute en même temps. Pour que les deux mâles soient parfaitement synchros, j'utilise la musique des pom-pom-girls comme base de déplacement. C'est de la pop mais je survivrais. En plus, j'aime bien regarder les filles en jupette répéter leurs chorégraphies. C'est un très joli spectacle et Naya est une excellente cheerleader.

Voilà qu'un rythme de percussions fait remuer du popotin Grognon. Je passe illico une barre super haut sur les poteaux et tire la longe du poteau à la rambarde adjacente. Mon étalon et moi-même commençons à nous défier au limbo version crétins. Prince trouve ce jeu amusant et tente de passer lui aussi sous la barre. Blaise qui me regarde à ce moment-là, éclate de rire e attire l'attention de tout le monde. Mon chouchou vient m'imiter et essaye de se plier en arrière, aussitôt imité par Thibaut et Maltez. Tous les basketteurs à proximité se chamaillent et se défient pour rire. Thibaut étant l'un des plus petit, et un chouia plus souple, il triomphe pour la partie des gars. Il ne peut me battre. Les pom-pom girls rappliquent pour faire changer un peu leur routine.

Mélia gère les deux étalons et sa jument qui s'amusent tranquillement à côté. Les hennissements joyeux et les tentatives lamentables des étalons me font rire. Étoile se roule par terre et se dandine pour se glisser sous une barre au niveau des hanches de ma sœur alors que les deux patapoufs n'ont réussi à se glisser que sous une barre de ma hauteur. Je me moque sans aucune pitié des deux mâles et aussi des basketteurs. Très vite, les filles s'éliminent les unes après les autres. Il ne reste plus que Naya et moi avec une corde de plus en plus basse. Maltez soutient sa copine. Blaise est de mon côté. Il a piqué les pompons de sa sœur et imite la chorée des filles pour rajouter à l'ambiance pleine de rires. Je m'étonne que Mélia ne vienne pas. C'est le genre de choses qu'elle adore. Elle répond à mes regards inquiets par un bisou et se blottit contre la petite souris. Elle doit être fatiguée.

A quoi tient la survie?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant