83 | Une décision fatale

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Lundi 27 décembre

Noël n'a jamais été ma fête préférée. J'ai de vagues souvenirs des fêtes célébrées en présence de ma mère et mon père, dans une maison chaleureuse et sous une montagne de cadeau.

Puis, il y a eu leur séparation. Et Noël est devenu cette fête célébrée en deux fois. D'abord le 24 auprès de mon père dans sa maison à Denver. Puis avec ma mère, lors d'une pseudo-fête repoussée en début d'année.

Ce week-end chez les Bellingham a accentué un peu plus mon dégoût pour cette fête. Ce sentiment de ne jamais être complète à l'occasion de Noël n'a jamais été aussi présent.

Cette dispute avec Jude lors du réveillon a été la goutte de trop.

Ma mère est repartie à Dortmund ce lundi matin, après avoir passé un excellent week-end chez les Bellingham, selon ses mots.

Alors une fois seule chez la famille de Jude, j'ai pris la décision de quitter à mon tour la maison familiale.

Depuis hier soir, je rumine ce plan dans ma tête, mais j'étais incapable d'en parler à qui que ce soit, sauf à ma meilleure amie qui m'accueillera pour les prochains jours.

Le plan initial n'était pas celui-là. Ce qui était prévu, c'était qu'on devait rentrer à Madrid avec Jude, puisqu'il reprend l'entraînement mercredi. Mais je ne peux plus rester ici à supporter les longs silences entre nous.

Je n'ai rien pu avouer à ma mère de ce qui s'était passée avec Jude. Je le sais que tout le monde dans cette maison est au courant que quelque chose cloche entre nous, mais je ne peux rien leur dire. Ou du moins, je ne veux rien leur avouer, j'ai encore bien trop mal à l'idée de parler de notre désaccord.

Ma valise est grande ouverte sur le sol de la chambre. Je profite de l'absence des hommes de la maison pour y ranger les quelques vêtements ramenés. Alors que je glisse les cadeaux qui m'ont été offerts à Noël dans ma valise, j'entends un coup à la porte et celle-ci s'ouvre dans la foulée, ne me laissant pas le temps de réagir.

— Zoé ! Tiens, je te ramène de quoi grignoter un peu.

Denise franchit la porte, un léger sourire aux coins des lèvres, une assiette surmontée d'un sandwich dans la maison dans une main et un verre d'eau dans l'autre. Son visage se décompose quand elle repère la valise ouverte devant moi et elle fronce les sourcils.

— Zoé, qu'est-ce qui se passe ?

Alors que l'incompréhension masque le visage de Denise, une vague de culpabilité m'envahit. Je me sens mal d'agir de la sorte, dans le dos de Jude. Accroupie au sol, je prends une profonde inspiration avant de rassembler le courage nécessaire pour aborder le sujet délicat qui pèse sur mon cœur.

— Denise, est-ce que je peux te parler un instant ? demandé-je, essayant de masquer mon anxiété derrière un sourire tendu.

Denise tourne son regard vers moi, ses yeux empreints d'une bienveillance maternelle.

— Bien sûr, ma chérie, répond-elle doucement s'avançant vers moi.

Elle dépose l'assiette garnie d'un sandwich découpé en triangle et le verre d'eau sur la table de chevet. Puis, elle s'assoit sur le bord du lit en contournant ma valise.

— Le soir du réveillon de Noël... avec Jude... on a eu une dispute, me lancé-je en tentant d'articuler les mots qui semblent se coincer dans ma gorge.

Le regard de Denise s'assombrit légèrement, mais elle reste silencieuse, m'encourageant à poursuivre.

— Nous nous sommes disputés au sujet de l'université. Il a... Il a proposé que j'intègre celle de Madrid. Mais je... je ne sais pas comment faire pour prendre une décision aussi importante.

Mon meilleur ennemi | Jude BellinghamWhere stories live. Discover now