81 | Une délicieuse distraction

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[Mardi 19 décembre 2023]


Mes doigts s'enfoncent dans le beurre, qui se ramollit sous l'effet de ma chaleur corporelle. La farine, que j'ai préalablement versée par-dessus, évite que la matière ne colle trop à mes doigts. Je prends un plaisir à la tâche, libérant mon esprit de toute autre pensée.

Juste à confectionner des biscuits de Noël.

C'est ma tâche du jour. Et celle-là seulement.

Quitte à penser, autant que ce soit pour appliquer à la lettre cette recette de biscuit que ma mère réalise chaque année et que j'adore déguster.

Juste penser à des biscuits.

Et puis Dortmund en cette période festive m'offre un cadre différent. Fini les palmiers et le soleil doux de Madrid. Place aux châtaigniers et à la neige épaisse.

Malaxer la pâte à biscuit, ça remplit bien la tête. Ça empêche de penser à ce que j'ai fait.

Ou plutôt à ce que je n'ai pas fait depuis que je suis arrivée à Dortmund : parler à Jude.

Rendre visite à ma mère est venue à point nommé dans ce climat de plus en plus tendu entre Jude et moi. Même si ce séjour de quelques jours en Allemagne était planifié depuis bien longtemps.

Je n'ai qu'à me focaliser sur ces quelques jours passés avec ma maman que je n'ai pas vue depuis plusieurs mois. 

Je n'ai pas à penser au match que Jude joue ce soir, le dernier avant la pause pour les fêtes de Noël.

Je n'ai pas à penser à notre dispute avant mon départ de Madrid.

Eh mince !

Je déteste quand mon esprit me ramène au moment de notre séparation.

Jude qui se prépare à rejoindre son équipe pour leur départ en direction d'Alava pour leur dernier match de l'année. Moi qui finalise mon sac pour passer 1 semaine à Dortmund. Et ce silence pesant qui plane entre nous depuis notre dispute de la veille au soir.

Je maudis mon esprit de se torturer les méninges et de me refaire le film de nos derniers instants à deux.

En disant au revoir à Jude, j'avais la sensation de nager à contre-courant, que l'amour et la raison ont pris chacun un camp en moi et j'étais incapable d'être en paix avec cela.

La voix familière de ma mère résonne dans la cuisine, me tirant de mes pensées tourmentées. Je relève la tête pour la voir entrer, un sourire chaleureux illuminant son visage. Elle ne s'est pas défait de son sempiternel chignon malgré les quelques jours de vacances qui lui sont accordés.

—Zoé, ma chérie !, s'exclame-t-elle en m'entourant de ses bras dans une étreinte chaleureuse.

Chaque occasion est bonne pour elle pour me prendre dans ses bras, une façon de rattraper le temps perdu m'a-t-elle avoué ce matin.

Je lui rends son étreinte, laissant son affection maternelle m'apaiser quelque peu.

— Alors, vous l'avez retrouvé ? dis-je, tentant de dissimuler l'agitation qui règne en moi.

— Oh oui, les McNamara ont retrouvé leur chat. Les enfants étaient au bord des larmes quand on leur a ramené leur petite boule de poils rousse, précise ma mère suite à la recherche matinale du chat des voisins qui n'est pas rentré de la nuit.

Elle observe la cuisine avec curiosité, remarquant les ingrédients étalés sur le plan de travail.

— Qu'est-ce que tu prépares ? demande-t-elle, levant un sourcil interrogateur.

Mon meilleur ennemi | Jude BellinghamWhere stories live. Discover now